Nestor Burma, "l'homme qui met le mystère K.O." dans une nouvelle enquête en bande dessinée.
Adaptation : Jacques Tardi, d'après le roman de Léo Malet
Dessins : Jacques Tardi
Éditeur : Casterman
Certains d'entre vous connaissent peut-être Nestor Burma, la série télé avec Guy Marchand et Pierre Tornade (vous savez, le gros qui double Obélix dans les dessins animés - mais non, pas Depardieu -), qui raconte les enquêtes d'un privé parisien. Bon, c'est une série pas trop mal mais qui ne casse pas trois pattes à un canard. En revanche, il faut savoir que Nestor Burma c'est avant tout une (double) série de bouquins, écrits par Léo Malet. Et ces bouquins, ce sont de petits bijoux.
Rien à voir avec la version télé : Nestor Burma, version roman, enquête dans les années 50-60. Chaque épisode des Nouveaux Mystères de Paris (c'est le sous-titre de 15 Burma parmi les 28) décrit un arrondissement parisien, auquel l'enquête est limitée. Et, plus que la solution de l'énigme (toujours inattendue, et parfois un peu tirée par les cheveux), c'est l'atmosphère du quartier qui importe. Le tout est raconté à la première personne, dans un argot pas toujours facile à comprendre (avec un peu de pratique, on s'y fait) mais plutôt marrant.
Depuis 1982, avec Brouillard au pont de Tolbiac, Jacques Tardi (auteur culte des Extraordinaires Aventures d'Adèle Blanc-Sec) s'est attelé à la tâche casse-gueule d'adapter Burma en bande dessinée. Pari réussi : l'aspect physique des personnages (Burma le premier) est particulièrement satisfaisant, l'atmosphère est fidèlement récréée et l'adaptation elle-même (réécriture des textes, découpage) est tout à fait efficace.
Après Brouillard, 120, rue de la Gare (adaptation du premier bouquin, qui se passe sous l'occupation), Casse-pipe à la Nation plus récemment, et aussi Une gueule de bois en plomb, petit album (vraiment génial) sur un scénar original de Tardi, voici "l'homme qui met le mystère K.O." de retour dans M'as-tu vu en cadavre ? Ce Nouveau Mystère de Paris correspond au dixième arrondissement (le quartier de Gare du Nord et Gare de l'Est). Hélène, la jolie secrétaire de Burma, est contactée par un vieil acteur ami de son père qui veut lui tirer du pognon. Mais subitement il disparaît sans laisser d'adresse. Une semaine plus tard, Burma est engagé par l'imprésario du chanteur Gil Andréa (une sorte de Ricky Martin à moustaches - moins épaisses que Cabrel, les moustaches -) qui pense que son poulain a des ennuis. Rapidement l'enquête du détective de choc tourne autour du fan-club de Gil, qui semble couvrir des activités pas bien glorieuses. Mais la solution est bien plus compliquée qu'il n'y paraît (le dénouement est particulièrement tordu cette fois-ci).
Encore une fois c'est une réussite pour Tardi. La bande dessinée n'a rien perdu du charme de l'original, les dialogues sont toujours aussi jubilatoires. Égal à lui-même, le style graphique de Tardi, à la fois sombre et mi-comique, semble fait pour dessiner Burma.
Donc, sans sortir du lot, ce nouvel album de Burma satisfera les fans. Et les autres ? Bah, les autres, il n'en ont rien à cirer et ils ont bien tort.
Pour ceux qui apprécient les Burma de Tardi (des gens bien, quoi) et veulent découvrir les bouquins : c'est chez Fleuve Noir ou Presses de la Cité, sous couvertures de Tardi (toujours lui), et bon courage parce que pour en trouver c'est galère... |
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