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La philosophie interdite première partie
Posté par echouekorps le 20/08/2004 07:52:43
Les écrits anonymes à transmettre à travers les ages ! Nietzschéisme, liberté de pensée, nihilisme, la mort de Dieu, le néant, Gnose, Nagual etc... A lire !

Table des matières

- Introduction
- Bréviaire de la structure du monde

Dans le deuxième partie qui ne saurait tarder à paraitre (quelques semaines)
- La polarisation du Nagual, ou la lueur au fond du nihilisme
- Le bonheur de l'horreur
- Rien n'est vrai, tout est permis


Remerciements par avance

Ce texte a été envoyé par Internet, entre le 03 et le 17 juin 2002, à plusieurs dizaines de milliers de destinataires, pris au hasard. Statistiquement, il figure nécessairement, parmi cet échantillon, un noyau de libres penseurs qui forment cette chaîne ininterrompue de veilleurs depuis la nuit des temps. Un seul suffira. C'est sur eux, sur lui, que je compte pour conserver et perpétuer ce texte qui sera sans aucun doute vivement attaqué. On cherchera à en détruire, ou tout au moins à en discréditer, tous les exemplaires, bien que je me sois abstenu d'y indiquer les pires révélations qu'on n'ait jamais entendu, que le lecteur lent, attentif, analysant les références, saura facilement reconstituer. Ce travail est mien, le bénéfice en sera pour les terres fertiles ; je rends à l'Esprit les facultés qu'il m'a accordé.


Mot de l'auteur

Ce texte a été rédigé d'une traite en quelques semaines. Jamais une aussi belle fenêtre, tant au niveau du temps disponible, des moyens de travail, qu'au niveau des possibilités de diffusion, ne s'est aussi favorablement présentée. Probablement ne se représentera-t-elle plus jamais à moi. Aussi me suis-je engouffré dans cette faille dynamique que le sort a mis temporairement à ma disposition, sans avoir le temps de structurer et d'étoffer ma pensée comme je l'aurais souhaité, ce qui aurait pris plusieurs années au moins, avec l'énorme risque de ne plus pouvoir, d'une part, diffuser le texte, et d'autre part, de ne pouvoir concilier diffusion et anonymat (il faut développer de larges précautions pour échapper à la chasse aux IPs), anonymat dont le lecteur comprendra vite la légitimité. Inutile, donc, d'essayer de me joindre, je resterai à jamais aux abonnés absents. Mes excuses aux lecteurs pour l'éventuelle imperfection de mon expression, même si relative à un sujet très délicat, et pour leurs éventuels efforts à la redresser. Pour avoir voulu faire un texte court, j'ai supposé connues certaines notions sur lesquelles il aurait été trop long de revenir. Le lecteur étranger à ces notions est donc renvoyé à ses études. Inutile, corollairement, pour le lecteur pressé, de lire en diagonale, ou de sauter à la fin. Le dernier chapitre est inintelligible si les précédents ne sont pas compris, et les précédents sont inintelligibles sans la connaissance des susdites notions.


INTRODUCTION

Il m'aura fallu tout désapprendre en moins de 20 ans pour reconstituer cette philosophie interdite qui, bien que très inconfortable, possède la science divine apte à expliquer le monde dans son intégralité, sans avoir besoin de faire l'autruche pour ce que notre conditionnement ne veut pas entendre. Citons Jacques Lacarrière : "A l'inverse de l'histoire du christianisme qui est toujours l'histoire de la victoire du dogme contre les hérésies, celle du gnosticisme doit tenir compte de tous ces courants et se garder d'en privilégier un au détriment des autres. Il n'y a pas d'hérésie pensable au gnosticisme puisque, par essence, la gnose englobe au lieu de diviser".

Ce livre est destiné à l'élite. Non seulement la masse servile ne saura le comprendre, mais le peu qu'elle en retiendra, dans le très peu qu'elle entendra, la scandalisera tellement qu'il m'aura fallu conserver l'anonymat. On ne rompt pas facilement avec la berceuse des habitudes. Nous sommes encore au moyen-âge ; la publication de nouveaux modèles de pensée prend toujours le risque de la dérision, du tribunal ou de l'anathème. La "philosophie interdite" est une révélation qui jamais, jusqu'à ce jour, ne fut portée au grand public. Les seuls auteurs qui se sont essayés à en exposer de courts fragments furent vivement persécutés, ou eurent la raison vivement affectée. Je ne serais pas loin de la vérité en affirmant que les véritables grandes ouvres, quand elles ne furent pas cryptées, ne virent jamais le jour, tuées dans l'ouf, ou furent détruites, pour le peu qui naquirent. Un peu à la façon des tortues de mer. Ce début de troisième millénaire, aux moyens de diffusion près, ne fait pas exception, le semblant de liberté d'expression qui fait la fierté du monde occidental, le premier amendement américain en particulier, n'est qu'un paravent érigé par des lobbies de penseurs spécialistes de la dérision et de la norme, et soucieux de leurs fonds de commerce.

Ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains. Les connaissances qu'il véhicule sont si dangereuses qu'elles mèneraient à la perdition le premier esprit moyen venu, apte à les comprendre, sans compter qu'elles sont si éloignées de la bienséance usuelle qu'elles vont expulser les bien-pensants de leur torpeur. Le liquide caustique qui en découle pourra faire office de médecine universelle, mais un mauvais dosage en fera le venin le plus mortel. Nietzsche lui même pâlirait devant cet exposé ; sa lecture nécessite pour le moins des tripes en acier trempé. Non qu'il s'agisse d'une quelconque provocation ; Il s'agit plutôt d'une synthèse, qui se réclame érudite, de l'ensemble de nos connaissances, d'une mise à nue de la réalité, et les extrapolations qui en découlent sont tout simplement terrifiantes. Ce pourquoi le petit nombre qui, dans l'histoire, en parla, se cacha derrière l'aphorisme ou l'hermétisme.

Ce livre participera à l'origine de la religion unique des millénaires à venir, d'ici quelques siècles, à la fin du cycle ; Le terreau est prêt, bien des auteurs ont déjà planté les racines nécessaires. Non qu'il soit une nouveauté. Le tissu constitutif de cette philosophie existe depuis toujours. Le seul intérêt de cette étude est d'exposer dans sa plus pure cruauté la vérité telle qu'on n'aime pas l'entendre, par l'inconfort qu'elle apporte. Des hommes, dans la grande ombre de la foule, ont déjà suivi cette philosophie, certains par pur instinct, sans jamais en avoir eu vent. D'autres la suivront aussi par instinct. L'homme possède au fond de lui tout ce qui est nécessaire. Bien qu'elle ne soit pas connue, encore moins admise, par la très grande majorité du monde, cette philosophie n'en demeure pas moins praticable par n'importe qui, n'importe quand, dès lors qu'il a décidé de son plein gré d'en assumer l'énorme investissement et les conséquences terrifiantes qui peuvent en découler. Elle constitue même l'unique moyen de se sortir de l'impasse, pour qui veut échapper à l'éternel retour du même.

Il n'entre pas dans mes prétentions de tout expliquer. Quand bien même je connaîtrais une partie de la vérité, des encyclopédies seraient nécessaires à son expression, et ces encyclopédies existent déjà, chapitres épars retirés dans nos cathédrales livresques, ce qui démontre, par leur non-usage, leur inutilité. De même, il faudrait plusieurs dizaines de vies avant de connaître l'ensemble des traditions, et plus encore avant de les rapprocher conjointement. Aussi, pour effectuer une synthèse crédible en moins d'une vie, puis pour la mettre en application, faut-il faire éclater le noyau nourricier du fruit corrompu par une impétuosité d'esprit. Toute timidité, toute recherche à tâtons, toute démarche scientiste nécessitant la preuve de la preuve restera inexorablement sanctionnée par le chronomètre. La mort est en ce sens le plus grand cadeau de la vie ; c'est un mémento permanent, un professeur exigeant qui nous interroge chaque jour sur nos progrès. La démission est en conséquence le plus terrible non-sens de la vie, et c'est dans ce cadre que ce livre a été écrit.


BREVIAIRE DE LA STRUCTURE DU MONDE

"N'errons-nous pas à travers un néant infini ?". Nietzsche

"Dieu est mort". Nietzsche. "Nietzsche est mort". Dieu. Cette dérision mise sur le compte du corps étudiant montre à quel point les contradictions des théologies se prêtent au jeu des ambivalences, et à quel point il est facile de tomber dans le piège de la caricature. Dieu était déjà mort avant Nietzsche, la rumeur courait avant même que la toute puissante chrétienté commence à perdre de son emprise. "Dieu est mort". Cette sentence impitoyable d'un monde sans directeur plongea les hommes dans l'effroi. Certains la rejetèrent sans l'examiner : les conséquences éventuelles étaient bien trop dérangeantes. D'autres en développèrent une nouvelle doctrine, certainement la plus mal comprise de toutes : le nihilisme.

Il faut dire que le syncrétisme avait la vie dure. Si Vérité unique il y a, comment expliquer la pluralité, voire la contradiction de ses présentations, par exemple, en premier lieu, une religion sans Dieu, le Bouddhisme, que Roger Pol-Droit appelait le culte du néant; en second lieu, une religion monothéiste, l'Islamisme ; en troisième lieu, un système polythéiste, comme par exemple la mythologie grecque, qui recensait d'après Varron plus de 30000 divinités, un système si cohérent qu'il séduisit Goethe. Comment la vérité, à supposer qu'elle fût absolue, peut-elle avoir un Dieu ou plusieurs, tout en n'en ayant pas ? De même pour ses enseignements ; par exemple la règle irréductible de la riposte à l'agression, connue sous le nom de'loi du talion'au sein de l'ancien testament, et la règle du pardon dans le nouveau testament, sont pour le chrétien une insoutenable et insoluble énigme. Un Dieu mort n'est finalement, dans ce marché aux croyances contradictoires, qu'un choix supplémentaire qui n'arrange pas les affaires du syncrétisme. Faut-il simplement bannir ce dernier, cette tentative de conciliation, cet idéalisme qu'est l'ocuménisme, comme équation insoluble, voire même simplement comme représentation qui ne corrobore pas la réalité ? Le nihilisme n'est-il finalement que la reconnaissance de l'incapacité du syncrétisme en général, et de la religion en particulier, à décrire le monde au sein d'un strict cadre empirique ?

C'est bien cette absence de relation entre la théologie et la réalité, et par là même la théologie vue comme prison, qui devient générateur d'athéisme pour un tempérament modéré, ou de nihilisme pour un tempérament plus incisif. Toute la philosophie de Nietzsche installe sa structure à cet endroit précis, comme il le précise dans Ecce Homo : "Dieu, l'immortalité de l'âme, le salut, l'au-delà, ce sont là des conceptions auxquelles je n'ai pas accordé d'attention, au sujet desquelles je n'ai pas perdu mon temps. Dieu est une question grosse comme le poing, un manque de délicatesse à l'égard de nous autres penseurs -, je dirais même qu'il n'est qu'une interdiction grosse comme le poing : il est défendu de penser. La doctrine de Zarathoustra, et elle seule, présente la véracité comme vertu supérieure - c'est-à-dire qu'elle s'oppose à la lâcheté de l'idéalisme, lequel prend la fuite devant la réalité".

La divinité, en tant que garrot constricteur de la pensée, ou pire, en tant qu'épouvantail éternel qu'on trouve déjà dans la nokyia homérique, ne fut pas dénoncée seulement au XIXème siècle. De grands penseurs lui firent son procès depuis la plus haute antiquité. Citons par exemple Plutarque qui oppose la déisidaimonia, la crainte permanente des ouvres divines, à la philosophie épicurienne. Festugière en fera le commentaire suivant : "C'est qu'en vérité la crainte excessive de Dieu est une maladie éternelle, l'une aussi, comme le note Plutarque, des plus difficiles à guérir. Elle est congénitale au sentiment religieux, et elle grandit avec ce sentiment lui-même". On voit ainsi que Nietzsche, relativement à la pensée d'un Dieu vu comme un boulet, n'a rien inventé, et que ce sentiment est très ancien.

Qu'on ne se contente pas de penser qu'en ayant statué en faveur de la mort de Dieu, on devient un penseur libre. Un prédateur bien plus pernicieux encore, pire que le prédateur religieux, vient alors dans l'ombre perpétuer son ouvre astringente : c'est la modalité d'époque. On la glorifie sous diverses formes adaptées aux circonstances qu'on élève pour l'occasion au rang de valeur ; ce sont la culture, l'éthique, la modernité, la philosophie, le progrès, quand ce ne sont pas des formes encore plus fallacieuses, comme la démocratie. Toutes ces couches, ces strates glorifiant le superficiel et érigées en références signent la décadence des repères. La philosophie, ou, pire encore, la sagesse ou la spiritualité, viennent sceller cet océan de dérision tourné en sérieux. C'est Cioran qui a le mieux appréhendé ce phénomène : "Personne n'atteint d'emblée à la frivolité. C'est un privilège et un art ; c'est la recherche du superficiel chez ceux qui, s'étant avisé de l'impossibilité de toutes certitudes, en ont conçu le dégoût ; c'est la fuite loin des abîmes qui, étant naturellement sans fonds, ne peuvent mener nulle part. Restent cependant les apparences ; pourquoi ne pas les rehausser au niveau d'un style ? C'est là définir toute époque intelligente. Ainsi la frivolité est l'antidote le plus efficace au mal d'être ce qu'on est ; par elle nous abusons le monde et dissimulons l'inconvenance de nos profondeurs. La sagesse est le dernier mot d'une civilisation qui expire, le nimbe des crépuscules historiques, la fatigue transfigurée en vision du monde, l'ultime tolérance avant l'avènement d'autres dieux plus frais - et de la barbarie. Ni Leibniz, ni Kant, ni Hegel ne nous sont plus d'aucun secours. Nous sommes venus avec notre propre mort devant les portes de la philosophie. En regard de la musique, de la mystique et de la poésie, l'activité philosophique relève d'une sève diminuée et d'une profondeur suspecte, qui n'ont de prestige que pour les timides et les tièdes. D'ailleurs la philosophie est le recours de tous ceux qui esquivent l'exubérance corruptrice de la vie".

Il convient de dire ici un mot tout particulier de ceux qui ont cru pouvoir fuir les mirages de la modalité d'époque en se réfugiant dans quelque méditation, spiritualité, ascétisme, yoga ou autre style de new-age, quand ce n'est pas la secte, qui ne propose que le troc d'un conditionnement contre un autre conditionnement. Je laisserais à ce niveau la parole à quelqu'un qui a bien analysé le phénomène et qui en a parlé mieux que quiconque, Julius Evola ; "La'deuxième religiosité'est un des phénomènes qui accompagnent toujours les phases terminales d'une civilisation. En marge des structures d'une grandeur barbare, en marge du rationalisme, de l'athéisme pratique et du rationalisme, se manifestent des formes de spiritualité et de mysticisme, voire des irruptions de supra-sensibles, qui ne sont pas des signes d'une remontée, mais des symptômes d'une désagrégation. Il ne s'agit plus de la religion des origines, des formes sévères qui, héritages d'élites dominatrices, étaient au centre d'une société organique et qualitative. Alors que les anciennes sciences sacrées étaient la prérogative d'une humanité supérieure, des castes royales et sacerdotales, aujourd'hui ce sont en majorité des médiums, des mages de quartiers, des radiesthésistes, des spirites, des astrologues et voyants, annonces publicitaires, des vulgarisateurs d'un yoga américanisé, qui proclament le nouveau verbe antimatérialiste. La mystification et la superstition se mêlent presque constamment dans le néo-spiritualisme, dont un autre trait significatif est la proportion importante de femmes qui s'y adonnent. En fait, c'est ici ou jamais le cas de parler d'une spiritualisation féminine. Sur un autre plan, nous voyons Jung valoriser en terme de psychanalyse toutes sortes d'enseignements et de symboles des Mystères, en les adaptant au traitement d'individus névropathes et dissociés. C'est ainsi qu'on se demande dans quelle mesure l'effet pratique du néo-spiritualisme n'est pas négatif en raison de l'inévitable discrédit où tombent les enseignements appartenant aux doctrines internes du monde de la tradition, par suite de la façon déformée et illégitime dont ces courants les font connaître et les propagent".

Cette idée traversa aussi l'esprit de Cioran, quoique sous une expression différente, mais toujours relativement à la fuite loin des grands fonds : "La psychologie est le tombeau du héros. Les idéologies ne furent inventées que pour donner un lustre au fond de barbarie qui se maintient à travers les siècles, pour couvrir les penchants meurtriers communs à tous les hommes. Les idées réfractaires à l'essentiel sont seules à avoir une prise sur les hommes. Et si certains esprits se situent hors des interrogations convenues, c'est qu'un instinct enraciné dans les profondeurs de la matière, ou un vice surgissant d'une maladie cosmique, a pris possession d'eux et les a conduits à un ordre de réflexion si exigeant et si vaste que la mort elle même leur paraît sans importance".

"Les âmes flairent les grands-fonds". Cette sentence présocratique, attribuée à Héraclite, résume à elle seule les raisons de la perversité du monde. Le gouffre abyssal, que le courage nihiliste a mis au grand jour, est intuitivement ressenti par chaque individu. L'esprit de chaque individu, terrorisé par cette glace lugubre, va donc chercher à s'arrimer à la première roche venue, comme une huître dans la crainte du ressac. La philosophie de complaisance, que dénonçait par exemple un Heidegger dépité, est une de ces roches promues aujourd'hui par les maîtres de la décadence, qui pullulent sur nos écrans, entre les niaiseries divertissantes où le sourire et l'émotion ont perdu leur spontanéité au profit d'une profession ; l'ombre du prédateur envenime jusqu'au foyer familial, utilisant tous les supports servant au clonage des esprits. Mais d'autres roches, plus nombreuses les unes que les autres, foisonnent sur cette île aux milles et un mirages. La rationalité exclusive, l'ambition sociale, le socle familial, le bien de l'humanité et la fraternité universelle, et bien d'autres, notamment quand elles sont renforcées par la modalité d'époque, sont des exemples fréquents.

Ici se résument toutes les trahisons, toutes les fourberies, tous les coups-bas qui ont généré l'histoire et qui ont inspiré à certains la philosophie de l'éternel retour. Viviane Forrester, citant Artaud, disait : "Le monde ne peut vivre comme cela, il n'a jamais voulu connaître ni supputer les affres, il a toujours fait tous les crimes, je dis les crimes, pour n'avoir pas à entrer dans l'Affre". Pour rester accroché à son rocher, et la civilisation lui en offre tout un éventail, l'individu ne compte plus les sordides calculs qui lui permettent d'éviter l'insoutenable face à face. Les drames humains, les tribunaux, les drogues et autres saouleries ne sont que les figures de cette ténacité à s'accrocher au rocher pour oublier les grands-fonds.

C'est précisément cette incapacité à faire face au fondement de base de l'univers, cette foisonnante imagination à fuir l'image diabolique du gouffre sans fond, parce qu'elle ne correspond pas à l'image d'un architecte bienveillant, cette fuite à tout prix et au prix de valeurs sur mesure établies pour la cause et décrétées comme étant vérité, qui scelle les barreaux de prison de l'esprit libre, de l'esprit qui cherche à regarder la chose en face au travers de l'image qu'on cherche à interposer devant ses yeux. Ce sont eux, les faiseurs de cinéma, qui sont les maîtres nihilistes, et non ceux qui contemplent le gouffre et qui en tirent les conséquences. En perpétuant le préfabriqué dans lequel ils ont chuté à leur naissance, en s'appliquant à parfaire leur rôle dans ce théâtre planétaire, ils renforcent l'illusion qui les conforte mais qui empêche la vérité d'apparaître dans toutes les dimensions de son horreur.

La perpétuation d'un système établi, dénoncée par exemple par Bourdieu, qu'il qualifiait d'habitus, sans d'ailleurs qu'il la condamne franchement, est la base même du nihilisme, qu'il faut entendre en tant que racine et non en tant qu'effet, en tant que cause de ce virus vérolé qu'est l'humain. Discernons bien l'erreur généralisée, et que l'ignorance grandissante a entretenu, de la confusion entre le nihilisme entendu comme cause et le nihilisme entendu comme conséquence. Un même mot pour désigner deux stades différents d'une même opération ; cette régression avait déjà été soulignée par Jünger : "L'agression contre le langage né des siècles et la grammaire, contre l'écriture et le signe fait partie de la simplification entrée dans l'histoire sous le nom de révolution culturelle. Le premier état planétaire projetait son ombre devant lui. Le langage ne s'est pas seulement effiloché, il s'est moralisé". Cette confusion entre nihilisme et nihilisme fut d'ailleurs dénoncée par Heidegger dans ses "chemins qui ne mènent nulle part" : "Parce qu'on arrive pas à expérimenter le nihilisme comme un mouvement historial qui dure depuis longtemps déjà, et dont le fond essentiel repose dans la métaphysique elle-même, on succombe à la pernicieuse tentation de prendre les phénomènes qui ne sont rien d'autre que les conséquences du nihilisme pour le nihilisme lui-même".

L'impulsion civilisatrice fondée sur des valeurs factices est la base du nihilisme. Les premiers nihilistes sont les ouvriers enterrés dans le rythme de leur industrie, les parents qui envoient leurs enfants à l'école dans l'optique d'une réussite sociale et non pour la constitution d'une arme de guerre, les électeurs qui par leur participation renforcent la gigantesque mise en scène, ou plus généralement les constructeurs du dictat de la norme. Chacun s'accroche à sa profession, à sa structure sociale, à ses guenilles, non comme un moyen, mais comme une finalité. Tous ceux-là sont les artisans de l'éternel retour, ce non-sens absolu de la vie qu'ils perpétuent précisément en refusant de le regarder en face et en se réfugiant dans ce qui ressemble à un confort immédiat.

C'est ce qu'a voulu dire Heidegger, en expliquant le nihilisme : "quant à ceux qui s'en croient exempts, ils risquent fort d'être ceux qui le développe le plus intensément". Ou encore Jünger : "Si on a l'occasion d'observer de près un petit noyau nihiliste - qu'on aille pas seulement songer à un groupe de dynamiteros, ou à un régiment qui se bat sous la tête de mort, mais par exemple à une réunion de médecins, de techniciens ou d'inspecteurs des finances, qui discutent les questions de leur spécialité -, on sera, certes, frappé par bien des traits, mais non, sans doute, par des allures particulièrement morbides. Les adversaires finissent par se ressembler au point qu'il n'est plus difficile de deviner en eux des déguisement d'une seule et même puissance".

Cette masse inerte et morbide sera pour l'homme libre le Léviathan, l'ennemi aux mille visages, l'Hydre de Lerne à qui couper une seule tête signifie signer son arrêt de mort. Autant dire crûment l'effroyable vérité : l'ennemi n'est autre que la plus grande partie de l'humanité. Là aussi, comme toujours, Jünger est infaillible : "Le rat de bonne famille est fort intelligent, aimable, travailleur, souple et doué de compréhension subtile. C'est ce qui fait son charme et le prédestine à devenir l'élève favori. Malheureusement - ainsi le veut sa nature - il est incapable de résister à la séduction de la bande. Qu'il entende siffler - même si ces sifflements s'adressent à son maître - et le voilà qui rejoint la masse acharnée contre l'isolé. Ce qui le rend particulièrement dangereux, c'est son savoir, et les détails intimes qu'il a appris dans la fréquentation du maître. Il devient donc capitaine des rats". Les conclusions de Casamayor sont voisines : "Tous les citoyens sont des agents ; ils sont utilisés par d'autres citoyens qu'ils ne connaissent pas, et chacun doit se faire à cette idée. Les complots ne sont plus des complots, mais des états de fait".

Ne pas avoir confiance, même pas en son frère, même pas en sa femme, comme le soulignait Jünger : "je découvrais que c'était presque toujours la femme qui leur devenait fatale". L'individu est une entité à géométrie variable, et cette géométrie peut varier dans des formes inattendues, dès que les fondements de l'individu sont en jeu. Cette très ancienne philosophie de la prudence n'a jamais autant fait ses preuves qu'aujourd'hui. Citons sa référence arabe, le "Sayd al-khâtir", ou "la pensée vigile", rédigée au XIIème siècle par Ibn al-Jawzî : "Parfois l'homme voit en son ami un dévouement si sincère qu'il lui révèle son secret, et pourtant l'on a dit : de ton ennemi, méfie-toi une fois, mais de ton ami, méfie-toi mille fois. Souvent un mot que la langue prononce conduit l'homme à sa ruine. Tenez donc secrète toute l'estime que vous avez pour l'aimé ou l'ami. Le poète a dit : Ne déclare pas ton amour à l'être aimé, tu découvrirais en lui un étrange comportement".

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Re: La philosophie interdite première partie
Posté par echouekorps le 20/08/2004 07:52:43
ben babaloo tu prends ton temps et ca passe tout seul... Un peu comme quand tu lis n'importe quoi...

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Re: La philosophie interdite première partie
Posté par nebetbastet le 20/08/2004 07:52:43
J'ai essayé de lire ton article en entier, mais je n'ai pas pu. Je pense qu'il serait interressant pour des gens qui connaissent un peu le nihilisme, mais pour les "profanes", c'est quasiment incompréhensible. Il faudrait que ce soit un peu plus simplifié.

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Re: La philosophie interdite première partie
Posté par echouekorps le 20/08/2004 07:52:43
ben qu'il aile,nt voir mon article qui en parle.. sur le nihilisme et le pyrrhonisme.. ca fera déjà un bon début aet au lieu de regarder pop star ou star academy de bouquiner un peu nietzsche, cioran schopenhauer etc... !!

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Re: La philosophie interdite première partie
Posté par echouekorps le 20/08/2004 07:52:43
voilà le lien ppur mon article sur le nihnilisme pour ceux qui veulent s'initier: http://www.france-jeunes.net/article.php?artid=6174 , sinon tappez nihilisme sur google ou allez lire le quid ou lire "l'étranger" d'albert camus ou regadez daria

Sinon pour oinfoo là il n'y a que la première partie de la philo interdite la secone arrive dans un mois à peu près

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Re: La philosophie interdite première partie
Posté par bathoria le 20/08/2004 07:52:43
Un peu compliqué mais très interessant , c'est vrai qu'il faut avoir les connaissances avant mais c'est très bien, j'attend la suite avec impatience.

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