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Je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où l'on peut aller
Posté par rita44 le 07/06/2007 00:10:08
Elle est devenue folle. Cette fois-ci c'est sérieux. Ce n'est pas que le sexe et la débauche ne l'intéressent plus. Non, ce n'est pas ça. Elle rêve toujours de leçons perverses à la marquis de sade qui la font mouiller comme le Niagara et des scénarios où il n'y a que les femmes qui rigolent. Mais elle est prête à sublimer ces pulsions délicieuses par amour. Elle est retombée amoureuse, encore et encore, du même homme, toujours le même, l'homme de sa vie. Lorsqu'elle le vut pour la première fois, dès le premier mot échangé, elle sut que c'était Lui, le grand blond aux cheveux longs. Il était intelligent ce faux blond, il la comprenait et ils avaient un seul point en commun : pour lui, comme pour elle, il y a trois choses importantes dans la vie : l'art, l'amour, et l'humour, mais pas forcément dans cet ordre, ça dépend des jours. Pourtant ils se ressemblent beaucoup, ces deux-là : tous les deux sont pessimistes par réflexion et optimistes par tempérament, ce qui donne, après un long et patient mélange, une personnalité plus au moins comique. Rien d'étonnant donc que du choc de ces deux personnalités jaillisse du feu. Le feu d'une passion amoureuse purement spirituelle, non pas par manque de désir sexuel et érotique mais parce qu'ils n'avaient pas le choix. Ils étaient condamnés à vivre l'un dans l'autre, emboîtés comme deux verres de chair, sans se toucher jamais, parce qu'elle l'avait connu il y a trois ans, à la maison d'arrêt de nantes où elle allait une fois tous les quinze jours pour discuter bénévolement avec les prisonniers. Mais il n'était pas un prisonnier comme les autres. Non. Lui, il avait été incarcéré par excès d'imagination. En général l'imagination n'est pas nuisible, même quand on a en trop, mais chez lui elle se mélangeait à la passion de l'informatique, et de l'informatique à l'espionnage international il n'y a qu'un pas, qu'il franchit très vite. Il se mit à fouiller les secrets des états les plus puissants de notre planète et il fallait le voir sauter sur sa chaise rotative le jour où il trouva le code lui permettant de faire sauter le monde entier en appuyant sur une touche toute petite. Il était content ce jour-là, comme un enfant. Pourtant il n'avait jamais eu l'intention de faire éclater notre belle terre en mille petits morceaux. Non, ce qu'il aimait en s'adonnant à ce genre d'activités c'était la sensation de pouvoir, sensation qui ne dura pas longtemps car les services secrets des nations espionnées se rendirent vite compte de ce qu'il faisait. Il fut incarcéré sans aucun espoir de sortir un jour. Il fut incarcéré à vie. Mais il ne se laissait abattre pour autant, loin de là. Dès qu'il réussit à avoir le calme d'une chambre individuelle, avec deux mètres carrés rien que pour lui, il se mit à inventer un monde de mots pour remplacer le réel où il ne retournerait plus jamais. Et voilà qu'un jour, le plus merveilleux jour de sa vie sans aucun doute, comme un cadeau du ciel une jeune femme faisait irruption dans ce monde. Première question logique qu'il se posa : qu'est-ce qu'elle vient foutre là ? Dehors, elle a tout ce qu'il faut pour vivre assez bien. Qu'est-ce qu'elle veut en venant ici ? Qu'est-ce qu'elle cherche ? Apparemment, il ne lui manque rien... Mais dès premières conversations il comprit qu'une femme comme celle-là a besoin d'autre chose qu'un mari, des enfants, un aspirateur et un lave-vaisselle.


Après cette première rencontre magique, tout naturellement, comme on se lève le matin pour aller bosser, il ouvrit pour elle la porte de son monde, et elle s'y installa avec une telle désinvolture que tout le monde crut qu'elle était née là, ce qui n'était pas complètement faux, sinon, pourquoi lui était-il si facile, à elle, de tout quitter pour aller ailleurs, pas une fois ni dix, mais tout le temps ? Comment se faisait-il qu'elle pût recommencer sa vie à l'infini, sans aucun regret pour les coins et les êtres qu'elle avait aimée et qu'elle ne verrait plus ou qu'elle reverrait trop tard quand ils auraient changé ? Il comprit un jour qu'un tel détachement était possible parce que sa patrie à elle était la littérature. Certes, une patrie où l'on ne côtoie que l'esprit des morts, mais ce sont des morts extraordinaires, bien plus intéressants que la plupart des vivants qu'elle connaissait, parce qu'ils ne se contentaient pas d'être une personne, ils leur fallait construire un univers entier à leur image, un univers qui serait toujours là lorsqu'ils reviendraient à la poussière d'où ils étaient sortis, un univers plus grand et plus beau que le vrai. C'était pour ça aussi qu'elle se sentait si à l'aise dans son monde à lui, qui devenait, petit à petit, à force de rêves et de temps, leur monde à eux, leur maison, au point qu'il était malaisé parfois de déterminer l'origine d'une brique. Mais tout le monde ne peut pas être archéologue.


Oui, elle était amoureuse, pour la première et dernière fois, et le fait que l'objet de son amour était physiquement inaccessible ne la dérangeait pas. Elle savait qu'une rose se fane, un corps s'enlaidi, une passion érotique s'éteint, mais elle avait là, à cet instant même, sous les yeux, un bouquin dont les mots avaient été assemblés il y a deux mille ans, des mots qui la troublaient profondément. Et de toutes façons tous les quinze jours, sous la pluie ou avec la jambe dans le plâtre, elle irait lui apporter une orange. Car même si un artiste n'a besoin de personne, un écrivain, ça a besoin de vitamine C.


P. S j'ai mis la photo d'un oeuf parce que je n'ai pas trouvé d'orange.

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Re: je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où l'on peut aller
Posté par ghostbuster le 07/06/2007 09:22:10
"P. S j'ai mis la photo d'un oeuf parce que je n'ai pas trouvé d'orange."

c'est une blague?
http://images.google.fr/images?svnum=10&um=1&hl=fr&q=orange+fruit

sinon, des choses intéressantes, mais il y a des moments, je ne te suis pas du tout...

Modifié le 07/06/2007 09:23:08

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Re: Je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où l'on peut aller
Posté par soldail le 07/06/2007 12:09:34
C'est dommage que l'histoire soit truffée d'éléments complètement abherrants (à mon avis en tous cas) parce que le style, lui, est très bon.

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Re: Je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où l'on peut aller
Posté par ptit sucre le 07/06/2007 20:49:32
Je suis d'accord avec soldail.

Tu as un bon style, c'est bien écrit, mais trop de choses improbables.

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Re: Je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où l'on peut aller
Posté par 'titemanoune le 07/06/2007 23:55:23
j'aime bien... ça sort un peu du texte "traditionnel". C'est à moitié complètement iréel (l'histoire du bouton pour détruire le monde par exemple^^) mais c'est très bien écrit.

Certaines choses sont "improbables", c'est sûr, mais c'est ce qui donne la 'tite touche personnelle

Bravo^^

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Re: Je ne vois qu'un moyen de savoir jusqu'où l'on peut aller
Posté par ushiwa.sasuke le 11/06/2007 15:30:43
C'est vrai que le style est bon, par contre parfois comme l'a dit ghostbuster je suis pas tout

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