Extrait du site https://www.france-jeunes.net |
La Passion du Christ |
Critique d'un film qui aurait pu être bien... |
Dire que "La Passion du Christ" est LE phénomène ciné de ce début d'année est un euphémisme : une polémique de taré aux USA bien avant la sortie du film, un budget limité pour un succès exceptionnel (Harry Potter 1 & 2 sont battus, et Némo vient de se faire crucifier (mouarf...)), bref, il est de bon ton d'avoir son avis sur le sujet : antisémite ou pas ? Trop violent ou pas ? Mel Gibson est-il vraiment intégriste ou pas ? Monica Bellucci est-elle vraiment bête ou joue-t-elle à la cruche durant les interviews ? L'histoire ? Les 12 dernières heures de la vie du Christ, donc pas forcément la période la plus fun de sa vie... Pour replacer mon opinion dans un certain contexte, il faut savoir que si j'ai été imprégné de culture catho durant mon enfance, j'ai bien pris mes distances avec cette religion désormais... En gros, je n'ai rien contre la foi en une entité supérieure, mais les institutions religieuses (en général, pas seulement catho) ont tendance à me donner la nausée par leur intolérance, leur conservatisme, leur dogmatisme (je continue ou c'est bon ?). Tout ça pour dire que "La passion" n'est pas un film pop-corn que l'on regarde innocemment : chaque spectateur, selon ses convictions notamment, pourra avoir un regard très différent sur ce qui lui est montré à l'écran... Tout d'abord, à propos de l'antisémitisme dont est accusé Mel Gibson, il est évident que le fait d'avoir rendu certains pasteurs Juifs aussi haineux vis-à-vis du Jésus n'est pas innocent... C'est cependant seulement ce point qui peut être sujet à débat, tout en notant que tous les juifs ne sont pas décrits comme ça dans le film (certains refusent de participer à ce simulacre de procès), que les romains semblent particulièrement violents également... Mais surtout on imagine bien que si les cathos avaient été à la place des juifs, ils n'auraient pas agi différemment. Et avec un peu de recul, on voit que le sujet du film n'est pas qui a condamné le "fils de Dieu" (Romains ou Juifs, on s'en tape, Jésus est mort pour l'Homme). Bref, la polémique que le film a suscité est moins la faute de Mel Gibson que du fanatisme de certains responsables religieux américains, preuve si on en avait besoin, que les institutions religieuses sont toujours prêtes à s'enflammer au moindre truc... (en France, le retentissement à a été bien moindre, l'Eglise catho prenant largement ses distances avec Gibson). La Bible, de plus, est pleine de paraboles très intéressantes, et l'histoire de le Passion de Jésus est un sujet propice à de nombreuses réflexions. Que l'on y croit ou pas, on ne peut nier la sagesse de la Bible quand elle conseille les hommes à aimer son prochain – même son ennemi -, lorsqu'elle décrit Jésus se tournant vers Marie-Madeleine la "pécheresse" alors que son peuple la rejette, lorsque Jésus – le fils de Dieu – montre à ses disciples qu'il est prêt à laver leurs pieds... illuminé ou sage, gourou ou prophète, Jésus, il dit pas que des conneries (et comme dit M. Fred plein de sagesse "Jésus, c'est un pro du marketing : 2. 000 ans après, on parle encore de lui"). Dommage que l'Eglise Catho adapte ces textes à sa sauce, en s'éloignant largement de certains messages... Paix, amour, et non-violence, que du bonheur... Le début de "la Passion" s'annonce ainsi plutôt bien. On plonge direct dans le sujet, avec la trahison de Judas, la capture de Jésus, et son procès. On parvient à se détacher de tout ce que l'on a entendu autour du film et à plonger dans l'histoire. Mel Gibson se focalise largement sur le personnage du Christ, et le phénomène d'identification jouant à fond, la souffrance commence, autant pour Jésus, que pour nous. Jim Caviezel, à fond dans un trip mystique, impressionne dans ce rôle tout en retenue et sobriété. Jusqu'à l'issue du procès, tout va donc plutôt bien dans le meilleur des mondes : Jésus se fait latter de toute part, on assiste aux déchaînements de tous les péchés humains (lâcheté, haine, trahison, violence gratuite...) et à la philosophie de Jésus, totalement opposée à cette violence. Mais la mise en scène de Mel laisse un sentiment bizarre : tout cela est très esthétisant, avec des très jolis décors et de la fumée artificielle, des ralentis "holywood style" dès que Jésus se prend une baffe, des trips mystiques plus "film d'horreur" que réalistes (le personnage en noir et son serpent)... Rien de bien gênant jusqu'au moment où le martyre de Jésus commence. Dès la séance particulièrement appétissante de flagellation, le film vire au pur trip SM, avec sang et chair qui gicle dans tous les sens et en gros plan. Aucune image ne nous est épargnée, on en prend plein la gueule et on a le temps de se bouffer tous les ongles. Cette scène, particulièrement trash donc, reste cependant très poignante... Mais le plus long reste à venir : le chemin de croix de Jésus... véritable chemin de croix pour le spectateur (tsouin tsouin *blague*) : à partir de là, Jésus complètement explosé de partout (il a même deux petites côtes qui lui sortent du bide !) traîne sa croix là où n'importe qui se serait effondré. Véritable Terminator du passé, il se relève à chaque fois pour tendre l'autre joue. Jusqu'au final vomitif où il est cloué sur sa croix (à ce titre, la France a toujours été réputée pour être plutôt cool dans sa classification des films, mais là, une interdiction aux moins de 16 ans aurait été préférable). Le problème ici n'est pas de savoir si cette violence est réelle ou pas : on sait bien qu'une crucifixion n'est pas un moment fun. Mais contrairement à un film comme "Irréversible" - où la violence ultra-crue est justifiée par le fait qu'un viol n'est rien d'autre qu'un acte de pure barbarie – ici, la crucifixion du Christ est un acte hautement symbolique, le sacrifice d'un homme pour l'ensemble de l'humanité. Dommage, par sa mise en scène lourdingue et sanguinolente, Mel Gibson détruit définitivement la moindre touche d'humanité de Jésus. Aucune subtilité, aucune touche mystique, "La Passion" devient un pur film sado-maso grâce auquel le réalisateur envoie à la gueule du spectateur toute la culpabilité de l'Homme : "regardez ce que vous avez fait au fils de Dieu, et souffrez avec lui jusqu'au bout". Alors évidemment, on en ressort complètement bouleversé, mais plus parce qu'on a passé 2h à souffrir le martyre que par le message de Dieu. Et là, le film déçoit largement : encore une fois, la Passion du Christ est une histoire propice à de nombreuses réflexions, si on ne la raconte pas au premier degré. La retranscription littérale de la Bible sur le support cinématographique demande une certaine adaptation, ce que loupe en partie Mel Gibson : trop de sang, trop de violence, trop de souffrance, trop d'effets tape-à-l'œil qui occultent largement le message de ce sacrifice. A part montrer à quel point l'homme est coupable (là, c'est réussit, si on est croyant, on a plus qu'à s'ouvrir les veines !!), Mel Gibson ne raconte rien d'autre au-delà de cette mort. Et pourtant, le réalisateur assure dans sa direction d'acteurs : Jim Caviezel donc, est très très impressionnant, la Monica est très bonne (tsouin tsouin, *blague bis*) dans son rôle, ainsi que Maia Morgenstern dans le rôle de Marie. Les musiques sont très belles également, avec de grandes envolées lyriques limite too much parfois, mais ça impressionne dans le contexte. Les effets de flash back remémorant au spectateur de nombreux moments clés de la Bible (toutes les citations y sont !!"Aimez-vous les uns les autres", "ceci est mon corps", "avant le lever du jour par trois fois tu me renieras"... ZE best-of !) sont utilisés intelligemment. Autant d'éléments qui aurait pu faire de "la Passion" un très bon film... A part ça, on apprend aussi que c'est Jésus qui a inventé la table Ikéa (séquence plutôt drôle... parce que ridicule !), qu'il avait les yeux orange et qu'il était plutôt bien foutu le bougre. Bref, "La Passion", c'est surtout beaucoup de bruit pour rien finalement ! Un film ultra-violent, dans lequel le spectateur subit les mêmes souffrances que le Christ (tout est relatif hein), mais qui foire (et c'est là où c'est très dommage) largement dans sa retranscription de tous l'aspect mystique de ce sacrifice... alors que c'est le principal intérêt du sujet (et vu la fin, on attend "Ze Passion 2 – la résurrection" avec impatience ! (*blague* pardon)) |
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