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Mon Idole : Je veux devenir Jean Pierre Foucault ! |
Le premier film de Guillaume Canet... |
Guillaume Canet réalisateur ? On le connaissait acteur (remember La Plage ou Vidocq), mais le revoilà devant et derrière la caméra… La question que l’on est en droit de se poser dans ces cas là est de savoir s’il est réalisateur parce qu’il sait manier une caméra, ou parce que son seul nom est une source de revenus plus ou moins assurés… Et « Mon Idole » ne confirme ni l’une ni l’autre de ces hypothèses, ce qui revient à dire que si le film n’est pas un chef d’œuvre, ou un navet immonde, il n’en reste pas moins décevant malgré des qualités certaines… L’histoire est simple : Bastien, chauffeur sur un plateau télé, rêve de devenir présentateur et admire son patron, un magnat de l’audiovisuel aussi cynique que tyrannique. Un week-end passé chez cet homme et sa femme (une blondinette bien trop jeune pour que leur couple soit crédible) sera l’occasion pour Bastien d’approcher son idole… et de subir toutes les désillusions qui en découlent ! « Mon Idole » est un film étrange : il déroute tout d’abord par sa structure, clairement divisée en deux. La première moitié est une vision du monde de la télé qui se veut ironique, mais qui paraît surtout très caricaturale et manichéenne. Finalement, la critique de ce monde n’est pas originale, et les personnages sont prévisibles : le personnage de Canet est naïf et se fait avoir constamment, le présentateur est débile et égocentrique, le chef est tyrannique, les émissions télévisées sont voyeuristes et tout ce beau monde est bourré d’argent qu’il dépense n’importe comment… du coup, l’intérêt du film n’est définitivement pas dans cette critique, mais les situations qui en découlent sont finalement plutôt drôles et cruelles, ce qui ne gâche rien. Durant la deuxième partie du film, l’histoire part complètement en vrille ! Une soirée durant le week-end chez le chef, des personnages sous cocaïne, de la musique à fond, de l’alcool, et pouf ! un mort est si vite arrivé ! A partir de là, tout se complique : le chef et sa femme veulent enterrer le cadavre, Bastien veut tout avouer à la police mais son patron l’oblige, sous la menace d’un fusil, à s’occuper du cadavre. Et voilà le couple qui pète complètement les plombs lancé à la poursuite de Canet dans une forêt la nuit ! Exit la critique du show-biz, on assiste à un thriller sous acide, avec quelques passages franchement délirants, même si tout cela traîne en longueur… Et c’est le défaut de ce genre de film : à force d’enfoncer les personnages sous des tonnes de problèmes, il est d’autant plus difficile de les en tirer d’une manière convenable… Le défaut principal (et quasiment unique) est donc bien ce scénario mal maîtrisé, un peu brouillon et qui part un peu dans tous les sens… en laissant le spectateur dans l’expectative quant au but du réalisateur. Si la critique du monde de la télé paraît bien caricaturale, la seconde partie du film tombe dans l’irréalisme pur. Mais il ne faut pas non plus condamner ce film : si le scénario est effectivement bâclé, il nous entraîne cependant dans des situations comiques qui vont de l’humour grinçant, au cynisme morbide, en passant par une cruauté assez réjouissante dans ce genre de productions « grand public » trop souvent aseptisé. Et les acteurs s’en donnent à cœur joie : si Guillaume Canet met un peu de temps à s’imposer dans un rôle assez fade (mais il est quand même bien charmant ce garçon !), François Berléand est exceptionnel dans la peau du patron désabusé, cynique et détestable : un rôle taillé sur mesure, et un personnage d‘autant plus crédible ! Du coup, les autres acteurs restent un peu dans l’ombre de cet homme, mais restent d’un très bon niveau. Mention spéciale également à la réalisation (confirmation donc : Guillaume Canet sait manier une caméra !) : des passages en vidéo, du dessin animé, et des images de synthèses, Canet touche un peu à tout et n’hésite pas à innover. Certains plans sont très sympathiques : la coke remontant dans la paille (déjà vu, certes, mais sympa), le cadrage plaçant le spectateur à la place d’un… foie de bœuf grillant dans une poêle, etc. La musique de Sinclair donne une tonalité funky originale au film en s’y intégrant très bien. Bref, de grandes qualités. Ainsi, si Canet semble avoir assouvi un fantasme de gosse, il faudrait maintenant qu’il maîtrise l’écriture du scénario afin de faire un film plus mémorable que cet « idole ». Cependant, cette œuvre vaut le coup d’œil pour certains de ses plans, pour des scènes d’un humour grinçant réjouissant, et pour François Berléand. Pas inoubliable, mais sympathique donc. |
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