Le retour de l'uniforme ?

Dans le débat sur les moyens de lutter contre la violence ou le communautarisme à l'école, des voix se sont fait entendre récemment pour le retour de l'uniforme, parmi d'autres recettes comme les portails sécurisés ou le bannissement de tout signe religieux "ostentatoire".

François Baroin, porte-parole de l'UMP, a ouvert le feu début juillet dans ses "seize propositions" pour "une nouvelle laïcité".


L'uniforme contre le foulard

Partisan d'une "sanctuarisation" de l'école d'où tout signe religieux ou politique ostentatoire serait banni, il a suggéré le port de l'uniforme "afin de marquer une rupture avec les phénomènes communautaristes".

L'idée a été reprise devant la commission indépendante sur la laïcité présidée par Bernard Stasi. Certains membres ont noté que le port de l'uniforme - en fait des T-shirts de différentes couleurs - était de règle à Mayotte, territoire d'outre-mer où vit une importante communauté musulmane.

Lors de son audition par la commission mardi, le ministre délégué à l'Enseignement scolaire Xavier Darcos a estimé que "la question mériterait d'être posée", tout en laissant à la commission le soin de le faire.


Un moyen de lutter contre le racket

Tout autant que le foulard, c'est l'intrusion des marques commerciales à l'école et ce qu'elle génère (racket, manifestation des différences sociales) qui motivent les partisans de l'uniforme.

La revue "60 millions de consommateurs" a lancé sur son site internet un débat sur le sujet. Le sociologue Alain Touraine, l'un des 20 "sages" de la commission Stasi, y estime que la proposition "repose sur l'idée que l'école doit être un lieu neutralisé, estompant le plus possible les différences. Or, "je crois qu'une telle vision a plus d'effets négatifs que positifs", estime-t-il.


Une fausse solution pour d'autres

Le porte-parole du PS Julien Dray, chargé du dossier sur la violence, a estimé pour sa part qu'il s'agit d'une "fausse solution", au même titre que la suppression des allocations familiales pour lutter contre l'absentéisme scolaire.

"L'idée du tablier, on s'est révolté contre ça avec de bonnes raisons. C'était un calvaire", a-t-il déclaré.

Avant 1968, le port de la blouse était de règle dans les établissements scolaires, même si son usage commençait à tomber en désuétude, du moins pour les garçons.

Julien Dray estime que pour lutter contre l'invasion des marques, des signes religieux ou du racket à l'école, il faut surtout améliorer "l'encadrement des jeunes".