Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Quand Star Académy cache la réalité


Un petit article dont le seul but est de réfléchir au problème des intermittents du spectacle.



Ah, Star Academy, cette émission culte du PAF, ce laboratoire musical, ce tremplin de talents vers la gloire et le succès ! Fervant adepte de ce programme (non, c'est pas vrai), je regardais samedi soir le "praïme" en direct au hasard du zapping. Faut dire qu'entre Star Academy sur TF1 et La chanson numéro 1 sur France 2, y'avait beaucoup de choix.

Le problème du service public, c'est qu'il se met toujours à la botte de la chaîne autoproclamée numéro 1, au lieu de proposer les programmes de qualité qu'une bonne moitié de la population lui demande (si, si).

Bref, je regardais en passant un petit bout de Star Academy, "que des stâââârzz que du bônheuuur, avec nous ce soaar Jacques Dutronc, qui va interpréter ses mââgnifiques chansons avec nos élèves... ". J'étais déjà pété de rire en voyant Jacques Dutronc se compromettre à son tour en apparaissant dans cette usine à cons. Les ayatollahs comme moi tiennent à jour un petit carnet de bord, où ils notent soigneusement les artistes à rayer de leur discothèque, les autodafés de disques à mettre en place... "Dutronc, vade retro ! Renaud, vade retro ! Julien Clerc, vade retro !" La liste est longue. Mention spéciale à Renaud, tout de même, qui chantait plein de conviction dans son dernier album "J'irai pas chanter pour ces cons" et qui y est allé à peu près deux mois après la sortie de l'album. Classe. Monsieur Séchan, l'adage est simple, et je le fais en anglais : "if you're not gonna do it, don't say you will". A méditer.

Mais tout cela nous éloigne de l'émission de samedi 18 octobre 2003. L'Aliagas présente Jacques Dutronc, et le surdoué Patxi qui s'apprête à massacrer "Et moi, et moi, et moi". Les rockers manqués de la Star Académy (car cette année, la Star Ac rocke ! pour scinder la véritable actualité musicale sans doute) commencent à gratouiller, et l'inimaginable se produit : un groupe de rebelles envahit le plateau ! Panique à bord, on voit même certains élèves se serrer dans les bras, craignant une attaque terroriste de la part de ces vilains intermittents.

Cafouillages. Dutronc se marre, mais n'a pas le courage d'approuver. Nikos coure partout, se demandant comment il va bien pouvoir se tirer de là. Finalement, dans un grand élan de générosité, il laisse la parole à ce groupe d'énergumènes : c'est les intermittents du spectacle qui viennent essayer d'ouvrir les yeux du public.

Il est bon de dire deux mots de leur combat. Le gouvernement actuellement en place tente de faire passer une réforme qui met gravement en danger leur profession, et par là même la diversité culturelle. Pour faire comprendre cela au public, qui en général s'en fout d'ailleurs, plusieurs actions ont été menées : intervention au concert des Rolling Stones au Stade de France, blocage des émissions des stations de Radio France, coupure lors de l'émission politique de questions avec Ferry sur France 2...

Aujourd'hui, les intermittents s'en sont pris à la Star Academy. TF1, symbole du pillage culturel - que dis-je, de la négation culturelle - ne pouvait pas laisser passer ça ! Ils ont eu en tout et pour tout même pas une minute pour expliquer leur combat, ils n'ont même pas pu venir au complet sur le plateau, que s'enchaînait immédiatement une coupure pub, suivie d'un épisode de Julie Lescaut (décidément, sur TF1 une soirée de daube reste une soirée de daube coûte que coûte !).

Quid des intermittents ? On n'en saura rien de plus, si ce n'est qu'un groupe de terroriste est venu foutre le bordel sur le plateau. Car il s'agissait d'une "invasion violente des plateaux", pouvait-on lire en bas des écrans. Moi, j'ai vu plus violent que ça comme manifestation. Même pas une petite insulte, c'était vraiment léger !

Quand Star Académy a repris l'antenne, plus de trace du carnage, les effusions de sang avaient été nettoyées, les victimes emmenées à l'hopital ou à la morgue, tout était en place. On expliquait juste aux naïfs gentils téléspectateurs fidèles que le plateau avait violemment été investi par un groupe de personnes, on ne disait pas un mot de leur combat, on passait sous silence la véritable raison de cette "invasion violente".

Non contente de proposer des programmes de merde à une population lobotomisée, TF1 réussit le coup de force de détourner à son avantage la colère d'une profession menacée.
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