Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Course contre la vie


On s'invente tous des coquilles pour se protéger du monde qui nous entoure et parfois nous submerge. Mais elles ne nous sont pas toujours bénéfiques. Voilà c'est une histoire comme tant d'autre, sauf que c'est pas la même. Alors lisez-la !



Le soleil commençait à décliner sur l'océan, en lui donnant l'occasion de nous éblouir de milliers de reflets comme une nuit étoilée en plein jour. Je venais d'arriver à Brétignolles le matin pour aider mon frère, parisien repentit, à emménager dans cette petite ville de vendées. Ses meubles ne devant arrivaient que le lendemain, j'en avais profité pour courir dans la ville et le long de la côte. Cela faisait trois ans que je courais tous les jours et quel que soit le temps. Plus qu'une une envie ou une habitude, c'était devenu pour moi un besoin et à dire vrai c'était plus une fuite permanente qu'une vulgaire activité sportive.

Je courais depuis trente ou quarante minutes dans la froideur d'un vent de février et la traversée de la petite ville ne m'avait pas permis de ressentir une quelconque chaleur humaine, les rares personnes que j'avais eu l'occasion de croisées se détourné quand je leur disais bonjour ou d'autres encore me dévisagée de la tête aux pieds. Peut être n'avait-il jamais vu de garçon en collant, il est vrai que je n'étais pas très fier de ma tenu aussi moulante que chatoyante par ces jolies bandes fluos. Mais d'un autre coté quand la température avoisine les 4°C l'aspect esthétique prend une importance quelque peu différente.

Je m'engageais sur la petite route qui surplombée la plage, ma foulée c'était allongée sensiblement comme agacée par le peu de sociabilité que manifestaient les habitants de cette jolie ville. Comme pour mieux me calmer je me lançais vaillamment sur le sable. Mon souffle devint plus cours à mesure que je m'enfoncais dans le sable sans cesse balayer par les vagues. Alors que mon effort s'intensifiait, je ressentais cette sensation étrange et contradictoire de bien être où se mêle le sentiment de force et d'apaisement avec une certaine vulnérabilité. Dans ces moments où l'esprit s'abandonne devant la douleur tout devient plus limpide, le jour se teinte d'une clarté toute neuve. C'est alors qu'elle m'est apparue.

Une fille seule face à l'océan, le vent glacé qui venait de la mer faisait voler ses longs cheveux châtains dans son dos. Elle était assise, un peu comme un enfant dans le ventre de sa mère, ses bras croisés s'appuyaient sur ses genoux et lui soutenaient délicatement son menton. Toute son attention se portait sur les vagues qui se prisaient nonchalamment sur le sable. Elle semblait attendre une réponse qui jaillirait des eaux, si bien qu'elle ne m'avait pas encore remarquée sur cette vaste étendue déserte. Ce n'est que lorsque je fus assez près pour qu'elle entende mon souffle que son visage se leva vers moi. Il était véritablement magnifique, ses traits étaient fins et délicats, ses pommettes rosées par le froid contrastaient avec la pâleur presque maladive de son teint, et... et ses yeux, d'un bleus si profond que l'on aurait pu facilement y perdre pieds, me regarder avec un air plutôt incrédule et encore interrogatif.

Mes battements cardiaques jusqu'ici régulier et méthodiques était devenu plus chaotiques en croisant son regard. J'articulais péniblement un bonjour sur un ton d'une timidité proche de celle d'un enfant de trois ans face à un inconnu. Elle me répondit, en esquissant un sourire, avec une voix douce et chaleureuse "bonjour". Je lui rendis un sourire gêné mais sincère. J'avais une envie folle de m'arrêter de courir et de m'asseoir auprès d'elle pour contempler l'océan. Seulement mon esprit était emprisonnait dans un corps de timide et mes propres jambes me trahirent et refusèrent de stopper leurs courses. Je m'éloignais la gorge nouée de ne pas avoir su parler. Et près d'elle, déjà, la mer effaçait les traces de mes pas...


Je remercie chaleureusement Charisma Carpenter qui m'a aidé a mettre cette article sur le site...
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