Elle n'a pas ce regard qui est le tiens

Tu la vois, elle arrive, un large sourire sur ton visage lui fait savoir que tu es content de la voir. Son visage lui aussi voit un sourire se dessiner, certes moins large que le tiens mais présent tout de même, elle aussi à l'air contente de te voir. Vous vous faites la bise, rien de plus banal pour de bons amis.

Vous aviez prévu de passer la journée au parc proche de chez vous. Après une longue marche où peu de mots ont été échangés vous décidez de vous arrêter et vous vous allongez sur l'herbe. Là les discussions se font plus présentes, des broutilles au début sur le dernier album de Kyo, sur le film seul au monde, vous passez bien vite aux sujets bien plus personnels. Là où toi tu dirigeais la conversation sur le thème de l'amour et notamment tes peines passées, elle, préfèrera te parler des maladies qu'elle a pu accumuler dans sa jeunesse, des petits accidents qui expliquent notamment ses cicatrices au tibia à son coude droit. Elle ne parlera pas de choses plus personnelles, ce que tu aurais aimé.

Vous marchez encore. Comme tout à l'heure elle marche les bras croisés ce qui t'empêche de lui prendre la main comme tu le voudrais. Elle tient la tête baissée, muette, elle écoute ce que tu lui dis, lorsque tu lui parles de ta famille.
Lorsque vous passez à côté d'un peintre elle demande à s'arrêter. Elle regarde, non, elle admire. Depuis longtemps elle à cette passion pour tout ce qui est artistique : sculpture et toue particulièrement la peinture. Ce qu'il peignait ? Une scène, cent mètres devant : des gens assis sur l'herbe si verte, une verdure qui n'a de signification que sur ce tableau, étant à l'approche de l'été ce vert avait déjà commencé à laisser sa place au marron. Sur le tableau étaient aussi présent des enfants jouant au ballon et d'autre essayant de faire voler leur cerf-volant malgré un vent quasi inexistant. Le ciel se voyait dépourvu de nuages qui pourtant étaient bien présent.
Vous restez une dizaine de minutes à regarder quand vous vous décidez enfin à partir.

Voilà la journée terminée. Comme pour vous dire bonjour vous vous faites la bise. Tu regarde une dernière fois son regard avant qu'elle ne s'en aille : un regard bien banal, limite neutre associé à un sourire ne montrant que la satisfaction de cette journée.

Tu fais un petit bilan le soir même allongé sur ton lit. La journée fût belle, cela ne fait aucun doute. Mais d'où te vient ce sentiment de mal-être que tu as en ce moment et qui n'a cessé de grandir tout au long de la journée ? Pourquoi te sens tu si mal ? Peut-être parce qu'enfin tu as ouvert les yeux. Ce regard qu'elle te portait qui à aucun moment n'a pu égaler le tiens. Ces yeux qui ne te regardaient pas comme tu l'aurais souhaité. Non elle ne t'aime pas et ce ne sera sans doute jamais le cas. Toi, amoureux qui souffrira en silence, d'un amour non partagé. Tu dois te faire une raison et tirer un trait. Bientôt, je te le promets, tout ira mieux...