Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Dis, c'est quoi un papa... ?


Ben voila, après tant d'attente, j'ose enfin mettre ce texte en ligne... Pourquoi me diriez vous ?... Simplement pour extérioriser ce que je ressens au fond de moi, et non pour jouer une quelconque victime (ce que d'ailleurs je ne suis pas !!).



Qu'est-ce que ça fait d'avoir un père ?

Voici une très bonne question à la-quelle je ne peux pas répondre. J'aimerai savoir ce que c'est que d'avoir un père, les relations existant entre un père et un fils, leurs conflits, etc... Mais ça je ne pourrai jamais le savoir, du moins en tant que fils puisque j'espère pouvoir connaître cela plus tard (si j'ai un fils...)
Donc voilà, ça fait quoi d'avoir un père ? Je n'en sais rien. J'ignore tout de ces relations. Car même si j'ai mes deux grand-pères, ce n'est pas pareil, ce ne sont pas mon père.
Et ça j'avoue j'en souffre. Je souffre de ne pas l'avoir connu, je souffre de ne pas pouvoir l'aimer, de ne pas pouvoir le détester : d'être indifférent. Oui je suis indifférent, comment pourrai-je faire autrement d'ailleurs, je ne l'ai pas connu !!

Bien sur les gens l'ayant connu me parlent de lui (ma mère, ma famille, ses amis...), mais ça ne me suffit pas. Quand je le vois en photo, je me dis : "ce mec c'était mon père, il est beau...". Mais une fois de plus ça s'arrête là. J'éprouve tout de même à chaque fois le regret de ne pas l'avoir connu, mais aucun sentiments, je reste toujours indifférent...
Je donnerai n'importe quoi pour pouvoir le connaître, pour pouvoir l'aimer... Mais ça y est, je me suis enfin habitué à cette idée : je ne pourrai jamais l'aimer ni le détester ; et ça me fait mal. Parce que j'ai besoin de lui pour me stabiliser, mais surtout pour combler ce cruel manque que j'ai en moi : l'absence d'un papa. Cette absence qui pèse lourd... très très lourd...
Mais pas que pour moi, pour ma sœur également, qui elle je crois en souffre encore plus que moi. L'exemple le plus flagrant reste son anorexie, qui je pense est essentiellement dut à un manque d'amour paternel. Car en pleine "crise" d'adolescence, elle n'a plus que jamais besoin de son papa ; mais seulement il n'est pas là ! Et là me vient un seul mot : "pourquoi ?". C'est vrai ça, pourquoi lui ? pourquoi pas n'importe qui d'autre ? pourquoi est-ce que c'est MON père qui est mort ?!... tout simplement parce que la vie est injuste, des milliers de personnes meurent chaque jour, et je ne me demande pas pourquoi. Mais là c'est différent... pour moi, pour ses proches. Mais sincèrement les autres en ont rien à foutre, au pire ce sont des formules de politesse telles "je suis désolé" ; "mes sincères condoléances" ; etc... Leur vie ne s'écroule pas, pour eux la terre continue de tourner ; tandis que pour nous (famille, amis), elle s'est arrêtée. Oui ces personnes reproduisent exactement le comportement que j'ai, que toutes personne a lorsqu'une personne leur étant inconnue meurt : ils s'en foutent, ou plutôt ils n'éprouvent rien au niveau personnel.
Et je les comprends, c'est tout-à fait normal. D'ailleurs je ne joue pas la victime, j'essaye juste de retranscrire par les mots ce que je ressens, les divers sentiments que j'ai accumulé depuis 12 ans maintenant. Tristesse, pleurs, joie, mélancolie, rires,... ce sont succédés ; mais il y a toujours cette éternelle frustration, un espèce de vide affectif, qui malgré tout le bonheur du monde, ne sera jamais comblé. C'est ça qui me fait peur, enfin surtout le "jamais", c'est bizarre je trouve. A 16 ans je peux dire que je ne recevrai jamais d'amour paternel, que JAMAIS je ne le reverrai, que même si j'étais l'homme le plus riche du monde intellectuellement et économiquement parlant, eh bien ça ne suffirait pas !! Je l'ai perdu... à jamais !!

Ensuite il y a un autre truc que je n'aime pas, c'est dire qu'il est mort. Mais ça n'a rien à voir avec de la honte, avec un quelconque désir de cacher sa mort. Non, c'est surtout vis-à vis de la réaction des gens, ou plutôt de leur expression, qui semble exprimer de la compassion, de la pitié,... Oui c'est ça que je n'aime pas, avoir l'impression d'être relégué au statut de victime, voir la gravité de leur visage lorsque je leur apprend. Je pense que malgré tout ce que j'ai dit précédemment le deuil est bel et bien fait. Après il y a toujours mon inconscient qui je pense subit et subira toujours les conséquences de son décès, mais bon c'est comme ça, on y peut rien !
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