Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Pampa : Lune d'argent


La malédiction des frères Parra entraîne un déferlement de fureur, de passions, et de violence...



"Il s'appelle Cirilo Parra. De terribles rumeurs naissent dans son sillage. Des rumeurs de sang, de mort et de cauchemar. On dit de lui qu'il est un chef de bande sanguinaire et un homme sans foi ni loi. Un homme qui sème la peur et la désolation sur son passage. Ses propres troupes, dit-on, auraient peur de lui. Il parle seul – certains affirment qu'il parle en vérité à son père défunt. On murmure qu'il s'est lancé sur les traces de l'homme-puma et qu'il est décidé à le tuer. Mais où s'arrête la légende, où commence la vérité ?" (Présentation Dargaud)





Un an après la sortie du premier tome Lune de Sang, Jorge Zentner et Carlos Nine nous offrent le deuxième volet de leur trilogie. Ce deuxième acte, Lune d'agent, nous plonge à nouveau dans ce conte fantastique mettant en scène un véritable drame humain du à une malédiction implacable. Les auteurs développent un univers tout à fait particulier où les passions se déchaînent. Mais je ne saurais mieux décrire l'atmosphère de cette BD que son scénariste, Jorge Zentner : "Nous voulions évoquer l'Argentine réelle, un univers de passion, où se mêlent merveilleux et monstrueux. C'est la vie de tous les jours au dix-neuvième siècle : histoire de famille, violence des indiens, répression sauvage des militaires, viols, amour... Mais des forces étranges, aveugles et aveuglantes sont aussi à l'oeuvre, comme souvent dans notre pays. " (BoDoï, n°62 avril 2003) L'intérêt de Pampa réside dans ce mélange entre réalisme et merveilleux : la violence, les fureurs sont décuplées par la force de la légende.


Du point de vue pictural, cette BD est vraiment un cas particulier. En ouvrant Pampa, il ne faut pas s'attendre à un graphisme classique, type ligne claire. Le graphisme du dessinateur Nine se rapproche plus de la peinture : les pages 9 et 10 sont composées comme des tableaux. Beaucoup de cases font toute la largeur de la page et pourraient devenir ainsi de véritables tableaux autonomes. Cette dimension picturale s'explique par les autres activités du dessinateur : en effet, Nine a étudié à l'Ecole Nationale des Beaux Arts de Buenos Aires, puis a travaillé notamment comme illustrateur, peintre et sculpteur. On peut retrouver plusieurs de ses références picturales dans Pampa, puisque les visages déformés des personnages évoquent tour à tour Goya, Munch ou encore Daumier qu'il apprécie particulièrement.


Par l'utilisation de la couleur directe et de pastels assez sombres, Nine met brillamment en images cet univers où s'entremêlent les forces aveugles qui sont en nous. Son dessin rend compte de toute la puissance du récit. La composition dynamique renforce la violence de l'histoire, notamment lors de la scène finale de duel, où aucun mot n'est échangé et où pourtant toute la tension dramatique est palpable. La couverture est un bon exemple de l'énergie et de la rage qu'exprime le dessin de Nine. Les gros plans sur les personnages révèlent aussi les passions qui animent chacun d'eux.


Une autre caractéristique est à souligner puisqu'elle est assez rare en BD : le lecteur perçoit ici la matérialité du dessin. On peut voir le grain du papier utilisé par le dessinateur (et même parfois la marque CANSON !) ainsi que tous les traits de pastel qui ne sont aucunement lissés. Par contre, les auteurs n'ont pas intégré directement les bulles au dessin. Elles semblent donc collées par dessus, même si leurs formes sont travaillées.


La langue poétique du scénariste Zentner donne à ce monde son aspect mystérieux, avec ses mots qui forment comme une incantation magique. Alors laissez vous prendre par cette magie du conte...


Série : Pampa
Titre : Lune d'argent
Auteurs : Zentner - Nine
Editeur : Dargaud
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