Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Le latin et le grec ancien en danger ?


Autrefois considérées comme deux disciplines obligatoires et importantes pour tout collégien et lycéen, le latin et le grec ancien sont aujourd'hui deux options facultatives dont le seul intérêt est de gagner des points aux examens. Est-il encore utile de choisir ces options ?



Pendant l'année 2003-2004, j'étais élève en terminale scientifique par le CNED. En Mai, j'ai passé les épreuves orales facultatives de latin et grec ancien dans un centre d'examen. Moins de trente élèves (sur tout le bassier montpelliérain qui s'étend jusqu'à Béziers) passaient le grec ancien ce matin-là, un peu plus passaient le latin, même si leur nombre était relativement faible. Aujourd'hui, ces options ne sont plus considérées comme importantes, à tel point que les cours pour les élèves présentiels (ce sont les élèves qui vont dans un établissement scolaire, qui n'étudient pas chez eux) sont relégués à des horaires décourageants comme l'heure du déjeuner ou le soir, après huit heures de cours. Beaucoup d'élèves abandonnent le latin après une ou deux années de leur étude au collège. La plupart ne choisissent de reprendre ces options plus tard que parce que les examinateurs notent gentiment (pour féliciter les élèves d'avoir pris l'option ? Pour attirer des élèves les années suivantes ?) et qu'ils peuvent ainsi gagner des points précieux.

Alors, est-il encore utile de choisir ces options ?
Tout d'abord, il faut savoir que la plupart des latinistes et des héllénistes sont issus de la série littéraire. Quelques élèves de la série scientifique s'y joignent aussi, mais en nombre plus restreint. Les élèves de la série ES sont encore plus rares. En moyenne, sur vingt élèves latinistes, six sont de la série S, un de la série ES, et treize de la série L. Quand aux héllénistes, toujours sur vingt élèves, les ES sont statistiquement encore moins nombreux, et les S ne sont plus que deux. Pourtant, ces langues sont très utiles puisqu'à la base de nombreux termes scientifiques. Le vocabulaire d'un latiniste ou d'un hélléniste pourra ainsi être élargi durant ses années d'études. De plus, des langues comme l'espagnol ou l'italien deviennent bien plus faciles à apprendre avec une connaissance du latin, puisqu'elles en sont issues et en sont restées encore plus proches que le français. Quand au grec ancien, même si il diffère beaucoup du grec moderne, son étude permet néanmoins de déchiffrer avec quelque effort un quotidien grec.

Ensuite, le poids culturel du latin et du grec est encore aujourd'hui important. Un cours de latin ou de grec ne saurait être complet sans l'étude des notions de mythologie, de culture et d'histoire. Celles-ci sont encore d'actualité aujourd'hui. Les débats et affrontements politiques sont similaires à ceux d'aujourd'hui (La Couronne) ; les mythes ont laissé des traces qui alimentent encore les cinéastes, les poètes et les philosophes (Ne parle-t-on pas des textes de Platon en philosophie ? Descartes n'a-t-il pas redigé ses "Méditations Métaphysiques" -dont je vous recommande la lecture en édition bilingue - en latin ?) ; l'histoire de l'empire romain et de l'empire grec sont aussi un peu notre histoire et peuvent nous enseigner beaucoup sur l'Homme. Bref, étudier ces langues aux travers de textes originaux apporte une certaine culture générale non négligeable, dans les études supérieures, comme en satisfaction personnelle.

La quantité de travail nécessaire pour réussir en latin et en grec est somme toute assez faible. Les déclinaisons, conjugaisons et règles de grammaire ne sont pas très ardues, et le vocabulaire est souvent semblable au français (Si on ne connaît pas un mot, on peut toujours ouvrir le gros dictionnaire si cher à tous latiniste/hélléniste !). L'alphabet grec n'est qu'une simple formalité ; après deux ou trois cours, la plupart des élèves héllénistes lisent sans accrocs (constaté dans une classe de troisième). En général, il suffit de deux mois pour apprendre conjugaison et déclinaisons, au pire un trimestre d'effort est requis. Les règles de grammaire viennent ensuite petit à petit. Très vite, la traduction peut devenir un plaisir, comme quand on cherche à déchiffrer un code : une fois le travail terminé, on peut lire une histoire, souvent anecdotique ou relative à la mythologie, ou un débat politique, un fait historique...

Si vous hésitez à étudier le latin ou le grec, je vous conseille vivement d'en étudier au moins une ; c'est très enrichissant.
Si vous souhaitez étudier les deux et que vous êtes élève présentiel, soyez prudents quand aux horaires, ce n'est pas toujours possible, en particulier en série scientifique.
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