Extrait du site https://www.france-jeunes.net

La Chute


Sorti en 1990, Painkiller est l'une des pierres angulaire de l'édifice heavy metal. A tous ceux qui croient que ce genre va désormais à la dérive, encore plus vermoulu que le dernier navire de Magellan arrivant en rade de guadalquivir, cet article est pour vous. La preuve par le prisme de l'écoute de 3 descendants d'un papa gagné par la stérilité.



Sorti comme l'ultime réponse d'un vieux routard de la musique rock aux coups de boutoir des plus beaux monuments du trash metal, symboles de violence, de vitesse et de rage, et qui ne seront surpassés que par les aventuriers de courants extrêmes, painkiller est un album culte.

Pourtant, Cela ne signifie nullement qu'il soit un bon opus : un peu comme le mérou laissé pourir au soleil, la référence d'un jour peut devenir le déchet de demain. C'est d'ailleurs partiellement vrai puisque nombre de ses titres ont très mal vieilli.
A vrai dire, sur les 10 morceaux proposés, seuls 4 valent encore vraiment le détour. C'est peu. En même temps, ce n'est déjà pas si mal. La production par contre, est toujours aussi fraîche, et ne rougit pas face à celle d'un autre illustre contemporain, le black album de metallica.

Seulement, 4 morceaux qui réussissent la performance de tenir toujours le haut du pavé après une décennie, ce n'est pas vraiment bon signe : c'est aussi la preuve que l'héritage, incapable d'innover, prisonnier dans ses clichés, voir se raréfiant comme les cheveux sur le crâne de PPDA, la réimplantation en moins, se décompose tel un banc de méduses échouées sur le sable de St Tropez. C'est ce que nous allons voir.

Avis aux âmes sensibles...


Des clichés à la descendance

Résumé en une ligne ce qu'est painkiller de Judas Priest.

Painkiller, c'est LE heavy metal dans tous ses tics et sa caricature.
C'est une batterie métronome à la rythmique martiale (donc froide et sans chaleur) avec une double pédale battante, un couple de guitaristes guerriers qui balancent un, deux, ou trois solos par morceau, solos généralement techniques et d'ailleurs proches de la masturbation narcissique (dans le genre, "c'est moi qui ai la plus grosse ")), enfin un bassiste discret (pour un son propre) et un chanteur pas discret du tout (pour un son saturé), aux vocaux inhumains si possible.

C'est simple, c'est clair, en tout cas c'est très british.
Certains aiment, d'autres détestent (beau topos).
Les goûts et les couleurs sans doute... : certains préfèrent le "paf ! Paf ! " d'une batterie aux "boum boum bou" de la pop ou aux "censurés" du rap ou encore aux "gratt gratt" de Francis Cabrel.

Tout en s'éloignant quelque peu du style posé par le maître, les groupes de metal "classique" ont toujours cherché malgré eux à en imiter la puissance.
Mais ce n'est qu'assez récemment qu'ont soudainement et réellement fleuri les "judas priest like"...
Nostalgie, résurrection d'un genre, réaction face aux power, speed metal et consorts ?
A l'aube du XXIème siècle, j'ai choisi de prendre 3 albums, qui ont été salués sur pas mal de sites comme descendants direct du priest, et ayant recueilli pas mal de bons suffrages.

A l'écoute, la réalité est tout de suite moins rose.


Les concurrents

J'ai donc fait porter mon choix sur (titre/artiste) :

Resurrection, de Rob Halford : l'ex chanteur de Judas Priest, "metal god" à ses heures perdues paraît-il, capable mieux que quiconque d'imiter avec succès les vocalises suraigues d'une sorcière en rut.

No World Order, de gamma Ray, sorti en 2001. Gamma ray, une fois n'est pas coutume, surprend son monde en abandonnant le speed metal catchy qui a fait son succès, et sort son album le plus heavy.

Devils Ground, de Primal Fear. Le chanteur, ralf Scheepers (ex-gamma ray) est un disciple de Rob halford, et le groupe se revendique directement de l'héritage du priest. Ils vivent Judas, pensent judas, jouent judas, dorment Judas, toute leur vie n'est qu'un culte à judas priest.


Le verdict

Brisons le pseudo-suspens illico : aucun, je dis bien aucun de ces albums n'est bon. Je serai un fan inconditionnel d'heavy metal que je pourrai répondre avec honnêteté que l'un d'eux est tout de même très correct... Mais lequel ?

Ils sont sans surprise, sans finesse, gras, répétitifs, et sauf pour l'un d'eux, ennuyeux.
Dans aucun de ces albums ne trouve-t-on un morceau digne des meilleurs de painkiller. Il aura fallu 10 ans pour prouver que le heavy metal est un genre aussi étroit et cul-de-sac que possible, à l'image de la chanson francaise.

Afin de me persuader définitivement que ce courant va droit dans le mur, je vais achever l'article par un classement et une brève critique de chacun des albums. Puis, je me convertirai à un genre encore plus mort et bien plus ennuyeux : le rock progressif.
masochisme, quand tu nous tiens...

Cette critique répond donc au but altruiste d'éviter aux auditeurs non avertis et qui seraient, pour des raisons métaphysiques, tentés par semblable achat, de reconsidérer leur acte et d'investir plus utilement leur argent. L'achat en aveugle est un sport tout ce qu'il y a de plus risqué.


Le massacre

Commencons par le dernier, le vilain petit canard, j'ai nommé Resurrection. Cet album est une daube infecte, indigne même de servir de support à un rouleau de torches-culs.
Rob halford, pourtant excellent chanteur, dégage autant d'émotion que Vladimir Poutine annoncant ses condoléances aux familles des marins du Koursk. Son chant est plat, ou bien il devient emprunté et donc très vite insupportable. Il est desservi par des compositions dont la linéarité n'a d'égal que la médiocrité des refrains.
j'ai rarement écouté quelque chose d'aussi mauvais, ou du moins, quelque chose d'aussi mauvais et qui soit sensé être bon, parceque chanté par Rob Halford.
C'est au moins aussi déplorable qu'un album de Hammerfall ou Iron Savior.
Quand aux solos, circulez, y a rien à voir.
A 14 ans j'aurais encore pu aprécier ce genre de "chose", mais là, non.
Je n'ose même plus critiquer la Star accademy après avoir souillé mes oreilles avec pareille fiente.

Rob Halford a une fois de plus enfourché sa grosse moto toute chromée. Il aurait mieux fait de sortir de la route que de commettre une telle immondice. En tout cas, c'est dans le mur que se termine cette petite escapade.

En numéro 2, nous trouvons Devils Ground de Primal Fear. Cet album est mauvais.
Pourtant Les musiciens, le chanteur en tête, se démènent pour donner du rythme et de la pêche à l'ensemble. La production est de loin la meilleure des trois albums : le son est vraiment "énorme".
Le chant de Ralf est il est vrai très impressionnant... D'un point de vue technique. Au final, l'ensemble manque cruellement d'efficacité : à vouloir trop en faire, il passe à côté de l'essentiel et l'auditeur frise (trop ?) souvent l'indigestion. Les refrains, quant à eux (élément primordial), sont très moyens.

Un détail énervant concernant ces deux albums : le côté " metal is forever", "nous vivons pour le metal", "le metal déchire l'univers et abreuve nos consciences réminiscentes " (j'en rajoute à peine), ça va bien une fois, pour l'auto-dérision.
Mais c'est un plat qui à force d'être resservi commence sérieusement à me gonfler.


Et le vainqueur est

Painkiller bien sûr !... Quoique, comme je l'ai déjà expliqué, cet album s'avère finalement plus culte que réellement bon.

Le gagnant du jour est donc No World Order, de Gamma Ray, sorti en 2001.
Si cet album réussi là où les autres échouent, c'est parcequ'il évite le principal écueil : l'ennui de l'auditeur. Ce qui explique sans doute qu'il m'arrive de le ressortir de sa boîte, de temps à autre (certains diront que c'est parceque, étant "fan" de Gamma Ray, mon avis n'engage que moi.

Beaucoup n'aiment pas Gamma Ray, notamment parceque le chanteur/guitariste Kai hansen possède une voix nasillarde assez peu conventionnelle dans ce style musicale.

Il n'en reste pas moins que le groupe nous propose ici un album très sobre, très loin de Devils Ground cité plus haut, et mise sur des refrains en béton armé, tous - ou presque- réussis.
Les chansons sont comme d'habitudes centrées autour de solos de grande qualité, bien introduits et surtout, très bien terminés par de jolis breaks suivis du refrain, qui est, nous l'avons déjà dit, bon.
Finalement, Gamma Ray se contente de nous offrir simplement de bonnes chansons. Sans génie, sans fards.

Un album moyen, qui remporte le concours parcequ'il est le seul dont je n'ai zappé aucune piste. Une victoire par abandon en somme, un vainqueur par défaut.

Et après avoir écouté No World Order, je crois ne pas trop me hasarder en affirmant que la voix tracée par Painkiller a atteint son but : le néant musical.
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