Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Lettre d'une suicidée


Voilà une histoire que j'ai écrite y a pas longtemps... Une fille qui veut se suicider, mais en moins tragique que d'habitude...



A tous ceux qui, à ma mort, verseront une larme.

La vie ne tient qu'à un fil et les doigts de la mort vont vite le couper. Couper le fil. Couper les veines. Couper, le film s'arrête, ça va plus, coupez ! Je vais attrapper le couteau, à ma droite, le canif a manche doré, que j'ai affuté pour l'occasion. On croirait une fête, j'ai mis mon beau chemisier blanc et j'ai rangé ma chambre, pour une fois, mon bureau est en ordre et l'outil de mort posé dessus détonne à peine, tout est tellement joli...

Je vais essayer de ne pas tacher le parquet de mon sang, maman, mais je ne te promets pas que je vais y arriver. Lorsque je serais morte, je ne contrôlerai plus mes mouvements, alors c'est pas ma faute...

S'il vous plaît, avant de me ranger dans un cercueil, ne me fermez pas les yeux, je veux voir... Et puis si vous m'incinerez, n'oubliez pas de ramasser les cendres et de les éparpiller aux quatre vents qui chantent. Si vous ne comprenez rien, ce n'est pas grave. C'est mon monde intérieur, je ne vous l'ai jamais raconté et aujourd'hui il est trop tard. Vous n'aviez qu'à demander aussi, c'est votre faute, je n'avais jamais dit que c'était secret, je n'avais pas posé le gros cadenas du silence...

Et si je dis que je veux mourir, c'est parce que tout me déchire...


Une grosse larme roula sur le papier. Et voilà, elle avait réussi à se décourager. Elle n'était même pas capable de réussir son suicide, à défaut de réussir sa vie... Elle atrappa le gros couteau doré et entreprit de découper sa lettre en mille morceaux.

Et puis, si vous m'incinérez, n'oubliez pas de ramasser les cendres et de les éparpiller aux quatre vents qui chantent.

Elle jeta les morceaux par la fenêtre et son regard se posa sur les poupées qui ornaient son étagère. Leur regard froid de porcelaine semblait vide, comme celui d'un mort...

S'il vous plaît, avant de me ranger dans un cercueil, ne me fermez pas les yeux, je veux voir...

Elle jeta aussi le couteau. Si elle mourrait, il y aurait des gens qui seraient tristes, ses parents par exemple... On ne contemple pas avec joie le cadavre de sa fille...

Je vais essayer de ne pas tacher le parquet de mon sang, maman, mais je ne te promets pas que je vais y arriver

Tant pis pour la lettre, elle l'aurait écrite pour rien... Le coeur étonnament léger, elle sortit de sa chambre. Elle vivrait. Elle vivrait pour connaître le futur, pour ne pas faire pleurer les autres, parce que si il y avait toujours des gens pour pleurer, ça valait peut-être la peine de vivre... Pourquoi pas...
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