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Le destin de Laure (1)


Le destin périlleux d'une jeune fille puissante et extraordinaire qui ignorait son importance...



En silence, je soulevai mes paupières meurtries. Il était là, et je me plongeai dans le ciel gris d'hiver qui emplissait son regard. Ainsi donc, il était resté. Pour moi. Je lui en étais infiniment reconnaissante mais je connaissais les sacrifices qu'il avait dû faire et je souffrais pour lui. Je souffrais tout court, mais sa présence chaude et rassurante me faisait du bien. Alors que j'ouvrais la bouche, il me fit signe de ne rien dire. Au contact de sa peau douce contre mes lèvres rosées, je frémis. Il m'offrit un de ses regards qui voulait tout dire, un clin d'œil un peu triste, puis enroula ses bras autour de ma taille pour me soulever. Je compris que nous devions partir.

- Armaël... Appelais-je d'une voix faible
- Chut... Ne t'inquiète pas... Je suis là...

Il s'efforçait de paraître sûr de lui, un peu insensible, mais j'avais senti, ou deviné, peut-être, son émotion lorsque j'avais prononcé son nom dange. Mon ange. Mon gardien.



Fuite précipitée

Nous étions sur un toit. Le toit d'un immeuble, sûrement. Je sentis ce détail à la légère brise qui vint caresser mon visage. Visage de verre, comme il aimait à l'appeler. Et visage pâle, plus pâle que jamais après cette terrible blessure... Je sentis, car sentir était une des seules choses qui me restait, les muscles de ses bras se contracter pour me porter. Je me blottis contre lui lorsque je sentis une bourrasque, un puissant souffle d'air, tout près de nous. Il avait déployé ses ailes. Quelques instants plus tard, il se jeta dans le vide, mon corps livide accroché au sien de toute mes forces, comme une enfant à son père. Nous volâmes ainsi pendant un temps, que je ne saurais déterminer car je crois bien que je me suis évanouie en route, mais qui me parut d'une longueur infinie. Enfin, je sentis le sol sous mon dos.

- N'aie plus peur, ils ne nous trouveront plus, maintenant...

Sa voix douce et chaude me parvint à travers le linceul de brume dans lequel j'avais l'impression de reposer et j'arrivais à articuler quelques mots, qui signifiaient tout ce qu'il aurait déjà dû savoir...

- Je t'en prie Armaël... Reste-là... Ne t'en vas jamais...



Retour à la vie

Cela fait deux semaines que nous avons fuit, ou plutôt qu'Armaël m'a sauvé. Je suis presque guérie mais mes blessures les plus importantes sont morales et elles ne s'effaceront pas de sitôt. J'ai apprit beaucoup de choses sur mon sauveur, mais, étrangement, il me semblait déjà les connaître. Par exemple, en tant qu'Ange Gardien, on lui a confié la tâche de s'occuper de moi. Il fallait que je sois bien mal en point pour que les autorités célestes me consacrent autant d'importance ! Armaël m'a révélé qu'il pensait que j'avait un rôle à jouer dans le destin du monde... Il me paraît si grave, par rapport à quand je l'ai connu, sous le nom d'Alexander, rejeton d'une famille riche qui ne s'occupait pas beaucoup de lui ! Certes, j'aimais bien Alexander, mais c'est bien Armaël, le vrai lui, l'ange, que j'aime. Je le suivrais au bout du monde... En espérant qu'il ne doive jamais revenir au Paradis.


"Quand pourrons nous enfin vivre en paix ? "

Hier, Armaël s'est affolé.

- Je me suis trompé, Laure... Nos ennemis nous ont retrouvés.

Il avait un ton sérieux, comme d'habitude, mais je percevais la peur dans sa voix. Et je ne put m'empêcher de sourire lorsque j'entendit qu'il disait "nos" ennemis. C'était les miens, mais lui, il voulait tant me protéger !

- Nous allons encore devoir fuir...
- Oui. Fit il à contrecœur

Oui, nous allions devoir fuir. Ou combattre. Mais je n'étais pas assez remise pour cela. Nous allions donc fuir. Ou mourir. Brusquement, j'eu envie de saisir les lèvres d'Armaël et de l'embrasser avant que la mort ne vienne me chercher. Mais ce n'était pas le moment. Fourrant mes maigres affaires dans un paréo que je nouais, je me résignait à le suivre, pour fuir, encore une fois. Il m'entoura de ses bras puissants et déploya de nouveau ses ailes pour échapper à un destin funeste. Quand pourrions-nous vivre enfin en paix ?

A suivre
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