3 Milliards d'Hommes (1)

C'est un lieu commun de dire que le monde moderne évolue avec une rapidité inconnue jusqu'alors et, parmi les aspects multiples de cette évolution accélérée, les faits démographiques ne sont ni les moins importants ni les moins préoccupants.
Aucun homme du vingtième siècle songeant à ce qui se passera vers l'an 2000 ne peut se désinteresser de ce qui concerne ses semblables, c'est-à-dire cette population de notre planète à laquelle il appartient.


La multiplication des hommes

Il y avait environ 900 millions d'êtres vers 1800 et environ 3,5 milliards en 1970, prodigieuse multiplication qui ne se fait pas sans drame ! On se demande où s'arrêtera cette marée humaine et si notre petite planète va encore longtemps la contenir et surtout la nourrir. De cela tout homme prend chaque jour une conscience plus aiguë. Il se penche avec curiosité sur les statistiques qui lui montrent qu'on pourrait chaque année peupler un Etat comme la France avec le seul excédant des naissances sur les décès à travers le monde et il suit avec inquiétude les prévisions qui, par de savants calculs, prouvent que, en l'absence de tout changement dans le comportement humain, nous serons six milliards à la fin du siècle.
Mais précisement, le comportement humain sera-t-il immuable et les hommes continueront-ils à se reproduire au ruthme actuel ? A la lumière de l'évolution passée, on peut esquisser d'autres perspectives d'avenir : les sociétés humaines de plus en plus nombreuses ont réduit le nombre de leurs enfants à mesure qu'elles subissaient certaine évolution.
Le monde actuel est celui d'un grand déséquilibre. Ce ne sont pas les plus riches ni les mieux nantis qui se multiplient le plus vite, et le poids de la misère s'accroît jusqu'aux limites du désespoir en certaines parties du monde tandis que d'autres connaissent une prospérité jamais égalée et surtout jamais accessible à une masse d'individus aussi considérable. Est-il possible de continuer indéfiniment dans cette voie ? Certainement pas. Un fait est réconfortant : sans cesse plus nombreux sont ceux que préoccupent ces problèmes. Les articles de la grande presse tout comme les livres les plus austères, les mouvements d'entraide portant les étiquettes les plus diverses, les soucis des gouvernements des tendances les plus opposées se rejoignent dans une commune angoisse et dans une volonté concertée d'assistance. Des organismes internationaux rassemblent des savants et des fonds venus de tous les coins du monde, entreprennent des recherches aussi bien sur les moyens de lutter contre les maladies, la sous-alimentation ou de limiter les naissances excessives que sur les méthodes pour transformer les économies attardées ou financer les plans de développement.