Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Réagir et Agir : une urgence mortelle


Parce que l'heure est cruciale et que tout nous pousse à agir, et parce que trop souvent, on est trop lâche pour prendre en main notre destin... Parce qu'il faut agir et qu'il y a trop longtemps qu'on se donne de stupides prétextes pour faire n'importe quoi...



Qu'est-ce qu'un nom ? C'est une étiquette. Je m'appelle Damien, je vis dans une maison et mange assis à une table. Je pourrais tout aussi bien m'appeler Voiture, vivre dans un pain et baver couché sur un pieu ! Peu importe la forme des mots, seul le sens compte, le contenu de ces images conventionnelles. En effet, que sont les noms sinon des conventions ? La langue et ses outils ne sont qu'un moyen parmi tant d'autres de véhiculer des idées, des concepts, des messages de toutes sortes. Serions-nous moins humains, si nous nous étions appelés termites ? Nous serions les mêmes êtres, les mêmes. Seulement, nous serions fiers d'être des termites, espèce évoluée d'insectes sociaux, plutôt qu'humains, stade évolué du primate ! Toutes ces choses ne sont que conventions : un nom n'est rien.
Certes, pour qu'une communication existe entre les êtres, il est indispensable que ceux-ci se comprennent. Cependant, tout comme il existe des langues étrangères, tout comme nous sommes capables de faire deviner nos pensées par le mime, le dessin, la musique, etc., nous pouvons sans aucune conséquence ni difficulté majeure changer les noms qui étiquettent nos représentations, la seule limite étant l'accord préalable sur les signes utilisés.
René Descartes, philosophe du dix-septième siècle, avait déjà tenté de découvrir la nature de l'être, au delà des apparences. Il poussait la réflexion jusqu'à ôter à toutes les choses leurs qualités isolables, de façon à ne garder que le principal, l'essentiel, le transcendantal. Or, il est apparu de cette réflexion acharnée que l'être n'est fait que de pensée. Chaque chose n'existe que par la représentation que l'on s'en fait, le reste n'étant que la somme des artifices destinés à extérioriser vers autrui cette conception pure. Autrement dit, Dieu n'existe que si je décide de croire en lui, et il n'aura pour attributs que ceux que je lui donnerai.
L'Homme agit de même. Il existe de lui même, à travers sa pensée, ses qualités personnelles profondes, ses idées, ses rêves et les actions qu'il mène. Tout le reste n'est que le décor qu'il crée pour s'extérioriser vers autrui. Ses vêtements, son corps, ses richesses, sa langue, sa culture, son nom, ses enfants, ses amis, sa famille... Toutes ces choses ne sont que des manifestations ponctuelles, superficielles et surtout aléatoires de la nature profonde de l'Homme, qui est d'être et de (se) socialiser. Que l'on s'appelle Pierre, Mohammed, Tang, Sari ou bien Buffalo Bill, que l'on soit grand, petit, gros, mince, gracieux ou lourd, que l'on soit riche ou pauvre, que l'on ait une maison, une langue, ou des bagages, ou que l'on n'ait rien de tout cela, on n'en est pas moins humain... Toutes ces manifestations matérielles et circonstancielles de notre être sont ponctuelles et aléatoires : on change de vêtements, de maison, de famille, de nom, de langue, de culture... Est-ce pour cela que l'on devient fondamentalement différent ? Seuls les outils de notre existence changent. C'est ça et rien d'autre qui fait de l'Homme une créature supérieure à toutes celles recensées jusqu'à aujourd'hui : sa capacité potentielle à l'adaptation.
L'Homme, dans son capital génétique, détient toutes les clefs de l'expression de son être. C'est lui qui décide du chemin qu'il veut emprunter, c'est lui qui décide ce qu'il veut construire. S'attacher aux choses matérielles et circonstancielles comme tant de gens le font (nostalgie, deuil, rancune...), c'est brider notre nature multiple, c'est figer notre être et le limiter à ses quelques manifestations présentes. Non ! L'être est plus que cela. L'être est un formidable potentiel à exister. C'est cette réalité que j'aimerais tant voir s'implanter enfin dans les esprits.
J'ai connu des gens désespérés, figés dans leurs tristesses ou leurs colères, agrippés à leurs acquis... J'ai vu des gens renoncer à la vie pour quelque déception amoureuse, affective ou socio-économique... Tous ces gens qui existaient encore mais qui se sont arrêtés, englués dans une semi-mort, parce qu'ils avaient confondu l'être et le paraître, la possession et le potentiel... Il est toujours temps, sauf quand la vie nous manque, de construire : du neuf, du vieux, de l'autrement. Tout est possible, tout n'est que choix. Certains me rétorqueront qu'il est insupportable de perdre quelqu'un qu'on a aimé ; je leur répondrai simplement qu'il est merveilleux d'aimer à nouveau quand on à été seul... Ils me diront, du fond de l'abîme où eux-mêmes et le hasard les ont jetés, qu'on ne peut pas vivre lorsque l'on a tout perdu ; je leur répondrai juste que puisque l'on vit, on a tout à gagner, tout à faire, à expérimenter...
La vie est la seule chose dont nous avons un réel besoin pour exister, le reste n'est qu'un plus, le hasard de notre adaptation, l'accident d'une manifestation de l'être. On dit que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ; on dit que la vieillesse, c'est lorsque les souvenirs prennent la place de nos rêves ; on dit beaucoup de chose, pour plaisanter, se rassurer ou se faire peur, mais il est indubitable que tant que nous ne sommes pas morts, nous avons le droit de vivre, le devoir d'exister. Tant que tout espoir de vie n'est pas passé, dépassé, trépassé, il faut employer notre énergie à exister, à bâtir notre monde. C'est la seule vérité qu'il y ait à conserver, rechercher, protéger et respecter. Que l'on croie en l'existence d'un Dieu ou non, que l'on possède le monde où que l'on soit possédé par lui, que l'on soit triste ou heureux, l'existence transcende tous ces états ponctuels et aléatoires. Les gens que l'on côtoie, les choses qui nous appartiennent, les habitudes que l'on prend, toutes ces choses ne sont que des épisodes éphémères dans notre existence. Si l'on confond l'existence et ses manifestations, alors on perd le pouvoir de construire, on se prive du droit d'exister, on néglige ses devoirs de constructions. L'existence est un livre de millions de pages vierges : tant que la couverture finale, linceul de notre espoir, n'a pas été reposée sur l'ouvrage, les feuilles blanches restent à écrire, de tous les mots existants et imaginables, de toutes les couleurs et formes possibles. Ne refermez pas votre livre avant d'y avoir lu le mot

Fin.


P. S. : mais, fatalement, peu importe ce que l'on souhaite construire, toute construction nécessite que notre espèce puisse survivre dans un monde équilibré. Aujourd'hui, la planète n'a pas un siècle d'espérance de vie avec ce qu'on lui fait subir. Nous épuisons nos ressources, nous polluons tout, nous détruisons des espèces animales et végétales qui garantissent l'équilibre et le renouvellement de l'écosystème... Et tout ça pour rien : dans l'ensemble, l'humanité est malheureuse et vit dans la misère et le chaos. Que l'on soit de droite ou de gauche, des extrêmes ou du centre, du sud, du nord, de l'est ou de l'ouest, on veut tous que notre monde continue de nous offrir ses possibles à modeler. C'est hier qu'il fallait commencer à nous battre. C'est demain qu'il sera trop tard. Que ferez-vous aujourd'hui ?
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