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Séquences de vie à rire... Ou pas


Deux moments forts à découvrir sur ma vie. Pas les plus importants, mais c'est à lire !



Un après-midi au sortir de l'école, alors que je me vidais tranquillement la tête devant le poste de télévision, ma mère rentra. Mécaniquement, je tournai mon regard vers elle. Soudain, je hurlai et me levai d'un bond : autour de son cou s'enroulait une écharpe quelque peu originale, aux couleurs de l'automne, bordeaux et marron. C'était un cordon laineux auquel venait se greffer d'innombrables autres petits brins de laine plus courts semblables à une multitude de pattes velues d'araignées. Hystérique, pleurant, je vis ma mère s'approcher de moi, surprise et inquiète. Je criai, la suppliant d'ôter de ma vue cette chose horrible qui me terrorisait tant. Croyant tout d'abord que je n'étais pas sérieux, puis désireuse de me rassurer, ma mère tendit vers moi le vêtement pour que je le touche et me rende compte de son caractère innofensif. Impuissant devant la peur qui me nouait l'estomac, je pris du recul. A mes cris, à mes pleurs, à mon attitude, ma mère comprit enfin que je ne plaisantais absolument pas.
Quand elle eut finalement caché l'objet de ma panique, j'eus tout de même beaucoup de difficultés pour me calmer. Raide, les mâchoires et les poings crispés, je dus faire les cent pas durant plusieurs minutes avant d'être capable de me rasseoir sur le canapé. Enfin, je pus me mettre en position assise, tendu. Je restai ainsi pendant près d'un quart d'heure, tétanisé et tremblant.
Cela ne fait que quelques mois que cet insolite évènement s'est produit et je ne parviens toujours pas à comprendre ce qui m'a poussé à être stupidement terrorisé par une simple écharpe, bien qu'elle ressemblât quelque peu à un arachnide. Mais les faits sont là et je ne peux que constater. Il m'aura presque fallu un mois avant de pouvoir toucher de mes mains le vêtement tant craint. Ce qui fut pour moi l'apogée de mon arachnophobie semble vouloir demeurer inexplicable.
De cette histoire aux apparences ridicules j'ai pourtant retiré un enseignement. Avant d'être personnellement confronté à l'hystérie dans laquelle peut nous plonger une phobie, jamais je n'aurais songé un seul instant que ce genre de scène pût être autrement que risible. Cette affaire m'a de loin et jusqu'à maintenant fait éprouver la plus pénible angoisse de toute ma petite existence. N'est pas le plus inquiétant le fait d'avoir peur de quelque chose, le pire est de sentir la perte absolue du contrôle de nos émotions comme celui de notre corps : c'est de perdre la totalité de ses moyens face à une chose aux apparences insignifiantes qui nous plonge dans les affres angoissantes de l'effroi.


Un poisson indigeste...

Un après midi de ma dix-septième année, je reçois un appel. Une fille. Voix inconnue. Elle, elle semble me connaître et, le ton joueur, me demande de deviner qui elle est. Après un instant de réflexion, il me semble bien reconnaître un peu la voix de mon ex petite amie. Petit échange de banalités.
Au fur et à mesure de la conversation, elle me dit que je lui manque, qu'elle regrette qu'on se soit séparé. Elle voudrait une seconde chance. Mais voilà : notre histoire est finie, et d'une tendresse amicale déplacée, il a bien fallu comprendre que nous ne nous aimions pas vraiment. Je le lui explique.
Dramatisation de la conversation : plus qu'une envie, c'est un besoin de moi désespéré qu'elle a. Si je refuse de lui donner une autre chance, elle criera dans tout le lycée des insanités me concernant, me harcèlera et me pourrira la vie. Le soucis c'est que, avec moi, le chantage ne prend jamais. Je ne redoute pas la calomnie.
Nouveau mouvement de gradation. L'intensité est à son comble. Je tremble, j'ai des bouffées de chaleur et j'avoue que je n'ai plus tellement l'impression de gérer la conversation. Si je l'ai jamais maîtrisée... Elle me menace de se suicider. Que la vie sans moi ne l'intéresse plus et que, si je la repousse, je devrai porter le poids de sa mort. Là encore, je reste ferme. Par honnêteté pour elle, nous et moi, je tente de lui faire comprendre que notre histoire est finie et qu'elle doit tourner la page. Qu'elle n'a plus cette place dans ma vie et ne l'aura plus. Que son suicide ne me fera rien. Qu'elle seule en pâtira. Que sa mort n'est ni une solution pour elle, ni une punition pour moi. Nos chemins se sont séparés : nos vies ne sont plus tributaires l'une de l'autre.
Sur une dernière menace de suicide, elle me raccroche au nez en me maudissant...

Le souffle court, tremblant, gonflé à éclater d'adrénaline, le cœur au bord des lèvres, je tente de réfléchir. Mes pensées qui tourbillonnent ne me permettent pas de comprendre. Ai-je bien fait ? Comment savoir ? Que dois-je faire maintenant ?

Plusieurs minutes d'angoisse me rongent ainsi de leurs lames amères et... La sonnerie du téléphone retentit de nouveau. Tremblant, je décroche.

"C'est moi !" dit-elle simplement. Un silence. Puis des pouffements et éclats de rire que ne parvient pas à couvrir le puissant "Poisson d'Avril !!!" qu'elle me jette aux oreilles. Moi, perdu, je ne comprends pas. Elle m'explique qu'elle ne me connaît pas, qu'elle a fait mon numéro au hasard et improvisé sur mes réponses. Talentueux de sa part. Talentueux mais stupide. Talentueux mais sadique. Talentueux mais traumatisant. Je décharge mon angoisse en une colère noire qui l'inonde avant que je ne lui raccroche moi-même au nez.

Fichue mémoire. Je n'avais pas remarqué qu'on était un premier avril...
Fichu ego qui m'a si facilement fait croire l'histoire de l'ex ayant des regrets...
Fichue blague méchante et cruelle dont je garde des traces amères...
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