Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Ne t'en vas pas (2)


Un long soupire se prolonge sur mes lèvres alors que je traverse sans bruit ce lieu funèbre. Il y a si longtemps déjà...



Mon chéri, les jours et les mois se sont écoulés sans toi. Je ressens toujours le vide de ton absence au creux de mon cœur. Nulle journée ne passe sans que je pense à toi en me répétant à quel point tu me manques et maudissant les doigts cruels qui t'ont arraché à moi. Ce n'est pas juste, non... Tellement injuste que des larmes glacées coulent sans arrêt par en dedans comme une mort douce qui s'insinue peu à peu en moi. Néanmoins, je vie. Je ris. Je mange. Parfois j'efface mon mal, quelques instants... Ah mais comment effacer complètement ? Puis-je revivre ? En ai-je le droit ?

Comme si tu n'avais jamais existé...

Mais je sais que tu as été... Je ne t'oublie pas... Pourtant, une part de nos souvenirs semble me fuir. J'ai peur de ne plus me rappeler ton rire, ton sourire. Je crains de perdre ce qui me rattache encore à toi, de te perdre davantage. Comment retenir ce qui m'échappe ? Comment te vivre sans te revoir ? Comment t'avouer mon crime ?

Simplement...

Te souviens-tu de ce collègue de travail que tu m'avais présenté avant ton départ ? Le beau grand brun, peu bavard mais toujours là en cas de besoin. Il a été très gentil. Il m'a bien soutenu, encouragé à certains moments, consolé à d'autre. Je lui dois beaucoup, si ce n'est pas ma vie en ces temps sombres. Il a été une bouée pour mes nuits de larmes et je ne saurais comment le remercier.

Il est devenu mon meilleur ami, mon confident. Peut-être plus ? Je l'apprécie beaucoup. Parfois trop...

Je me sens sale. Comment puis-je penser à lui alors que je ne t'ai pas vraiment quitté. Je ne t'ai jamais dit adieu. Quelle traîtresse absurde je suis à me réfugier dans les bras de celui en qui tu avais confiance. Comme tu dois me haïr dorénavant du haut de ton ciel azur.

Peut-être es-tu ce petit oiseau qui chante au loin en flottant au dessus des nuages ? Peut-être connais-tu mon secret et bien davantage encore. Peut-être m'as-tu pardonné cette trahison ? Peut-être pas... Peut-être que cette brise fraîche sur ma peau qui me donne des frissons est ton message pour me dire que tu es là. Où pour me demander de m'en aller.

Peut-être es-tu seulement disparu et que seule cette pierre froide, qui s'effrite comme mon cœur s'émiette, entend mes pleures ? Pourquoi ? Pourquoi ce silence ? Pourquoi nulle réponse ?

Une fleur fanée, autrefois jolie, repose sur ton nom. Peut-être est-ce l'emblème de mon chagrin qui t'accompagne malgré le temps et qui symbolise celle que je resterai à présent.

Une année est passée depuis ce jour noir où tu m'as laissée seule. La vie continue malgré tout bien que son charme ait perdu toutes couleurs. Je ne suis plus la même et ne le reviendrai probablement jamais. Bien qu'elle finisse par se cicatriser, la mort ne connaît guère de véritable guérison. Cher ange, que je souhaite que tu sois devenu, j'espère que tu connais la paix et que malgré ma honteuse trahison, tu puisses m'attendre à jamais.
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