Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Une aventure rocambolesque de... Attila le Hun


Quand le terrible tyran Attila devient dépressif...



"Oyez la triste histoire du Prince Attila ! Or donc, en ce jour de l'an 451, le preux et terrible Attila s'en va conquérir la Beauce, dernier territoire qui lui manque pour compléter sa collec'. Hélas, une fois sa conquête achevée, Attila doit se rendre à l'évidence : il s'emmerde. Même son "petit barbare" (oui, ceci est une métaphore) reste de glace. Ce n'est pas le genre à faire des phrases, Attila. Mais là, force est de reconnaître qu'il "souffre de la vie" - en un mot comme en cent, voilà notre Attila atteint de dépression. Le coup de mou. Mettez-vous à sa place : que lui reste-t-il à faire d'exaltant maintenant que le monde entier est sous sa coupe ? Alors, ni une ni deux, il congédie sa troupe avide de nouvelles conquêtes (non sans faire remarquer à ses valeureux soldats que s'ils continuent à tuer et à piller, ils vont se décimer eux-mêmes vu que le monde entier leur appartient déjà – dépressif, mais pas idiot, le gars Attila). Et après, comme le temps ne guérit plus ses tourments et que l'eau n'étanche plus sa soif (nous citons de mémoire), il décide de partir à la conquête de Dieu. Bien décidé à le provoquer en duel, carrément. "Vas-y, fais pas ta tapette ! Descends de là qu'on s'explique !", qu'il lui crie. Sauf que Dieu ne ressemble pas tout à fait à l'image qu'il s'en faisait. Et de toute façon il n'est pas décidé à se décarcasser pour ses beaux yeux... " (Présentation Dargaud)


Oubliez les conquêtes sanguinaires et cruelles d'Attila Le Hun, le tyran a conquis le monde entier et s'abandonne par la même occasion à la dépression. Après avoir imaginé Freud au Far West et Vincent Van Gogh dans les tranchées de la première guerre mondiale, Manu Larcenet récidive dans la déconstruction de l'histoire en bouleversant le mythe d'Attila. Il laisse de côté la grande Histoire pour se concentrer sur l'homme et ses tourments psychiques. Mais sa verve comique sévit à nouveau dans cet album. Comme à son habitude, Larcenet utilise toute la palette du comique : jeux de mots, comique de situation... Cette diversité se retrouve dans les attitudes de son personnage : tour à tour cruel, pathétique, comique, dépressif, Attila représente de nombreuses facettes de l'être humain. Comme toujours, sous le rire se cache des vérités bien moins drôles. L'auteur a choisi la voie de la BD et du comique pour nous inciter à réfléchir.


Pour ce troisième tome de la série "Une aventure rocambolesque de... ", Manu Larcenet a confié le dessin à Daniel Casenave. Celui-ci tente de s'inscrire dans le style de son prédécesseur. Il essaie de transcrire les sentiments des personnages avec peu de moyen : comme des yeux qui s'agrandissent pour exprimer la perplexité du tyran quand "Ratko l'étripeur de bébé" lui demande "Ah oui ! Et comment vous allez faire pour défier Dieu ?" Cependant l'ensemble du graphisme est nettement inférieur aux premiers albums. La "patte" Larcenet n'y est plus, et le dessin de Casenave n'est qu'une pâle copie sans réelle saveur. On espère que Larcenet reprendra les pinceaux pour dépeindre la prochaine cible de son humour sarcastique...


Série : Une aventure rocambolesque de...
Titre : Attila le Hun : Le Fléau de Dieu
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Daniel Casenave
Editeur : Dargaud
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