Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Injustice


Je peux maitenant dire que je suis dégoutée par les institutions françaises, on dit que la France est un pays évolué, seulement dans ce qui est arrivé à mon frère, c'est bizarre je ne vois pas...



Mardi soir, mon frère me demande un cachet pour le ventre, il n'en peut plus, on pense que ça va passer et que c'est sans importance. Je lui donne le cachet, ça va un peu mieux et il va se coucher. Mercredi matin je vois mon frère coupé en deux qui arrive dans la cuisine, il ne mange pas, il n'a pas faim. Il insiste pour aller en cours malgré nos conseils de repos. Il pense que ça va passer... Très bien. Je vais en cours au lycée et mon frère au collège.


Première institution : celle de l'education nationale

A 11h, ma mère m'appelle de l'hôpital où elle travaille. Mon frère a vomi en classe il rentre à la maison à pied parce que la CPE s'est engeulée avec le SAMU (elle pouvait pas appeler les pompiers déjà...) : avant, il a fait un passage à l'infirmerie mais vu qu'on était mercredi, pas d'infirmière. C'était la deuxième heure qu'on l'y emmenait où il ne pouvait que s'alonger un peu... Mon frère dit à un surveilant d'appeler mes parents : il ne veut pas parce qu'il ne faut pas déranger mes parents qui travaillent, ça sert à rien, si il a mal au ventre il n'a qu'à rentre chez lui à pied.
Je reviens à l'appel de ma mère qui me raconte tout ça, je suis énervée et j'appelle mon frère qui n'a pas pu faire autre chose que rentrer du collège à pied. Il arrive à la maison il va directement vomir... J'essaie de lui donner des médicaments et vu qu'il vomit je le fais boire (on se désydrate très rapidement), mais même l'eau il la vomit.
Ma mère me rappelle en me disant qu'elle ne peut pas descendre de l'hôpital parce que sa direction ne veut pas qu'elle parte du travail, il y a trop de boulot, si mon frère est malade il faut appeler les pompiers. Après son appel, je vais voir comment va mon frère, il se tortille comme un ver coupé dans son lit, il transpire et n'arrête pas de vomir...


Deuxième institution : celle de de la santé

J'apelle les pompiers qui me mettent en relation avec le SAMU, ils n'assurent pas ce genre de transport. Je suis donc mise en relation avec le SAMU (après 10 bonnes minutes, heureusement que je n'appelais pas pour une crise cardiaque), je leur décris les symptômes : mon frère se roule dans son lit tellement il a mal au ventre, il est conscient MAIS a très mal. La dame du SAMU me demande si mes parents ne peuvent pas amener mon frère aux urgences : mon père travaille à 100km de la maison, ma mère n'a pas le droit de quitter son travail, je n'ai pas de permis de conduire parce que je ne suis pas majeure, mes voisins travaillent, ma famille habite à plus de 100km (à la limite on aurait pu aller à l'hôpital en bus, mais il fallait déjà jusqu'à l'arrêt de bus : c'est-à-dire à 15 minutes à pied), je n'ai personne, je ne vais quand même pas y aller à dos de chameau... Elle me répond que je n'ai qu'à appeler un taxi ou une ambulance privée parce qu'ils ne s'occupent pas de ce genre de transport, je commence à hausser le ton parce que je voudrais que mon frère recoive des soins, il en a besoin. Elle m'engeule littéralement en me disant, si votre frère était inconscient ils pourraient se déplacer (quand ils se déplacent, ils mobilisent un médecin réanimateur) mais là c'est impossible ! Est-ce que ça veut dire qu'il faut être inconscient pour être emmené à l'hôpital ? J'ai appris plus tard que le SAMU en France ne se déplace plus pour des maux de ventre.
Le résultat étant que je vais voir mon frère : "désolée, personne ne peut se déplacer". J'ai donc apelé mon père qui a donc pu amener mon frère à 17h30 à l'hôpital. C'est quand même malheureux (sachant que j'ai essayé une deuxième fois les pompiers), de faire 100 km pour finalement emmener quelqu'un à l'hôpital sachant que la caserne des pompiers est derrière chez moi. En tout cas, grâce à mon père, il a pu être emmené à l'hôpital.


Résultat de ces aventures foireuses

Le résultat a été qu'il a été gardé en observation toute la nuit sans morphine et avec antibiotiques, parce que le chirurgien de garde (quand il a vu qu'on avait besoin de lui) n'a pas voulu le prendre en charge. Le lendemain, il a été opéré d'urgence pour une appendicite doublée d'une péritonite (le voile qui sépare les intestins du reste du ventre a été infecté et donc perforé) triplée du fait que mon frère fasse partie des 1/3000 personnes en France qui ont l'appendice tourné vers le dos et emmêlé dans l'intestin grêle. Il avait 1.5L de pus dans les intestins, on lui a déplacé pour lui nettoyer le ventre, tout ça mêlé à une bonne dose de douleur...
Il marche à peine, mange et boit depuis très peu de temps. On lui a enlevé le drain qui nettoyait son ventre. Je remercie le chirurgien qui a pour le moment très bien fait son devoir mais en attendant il aurait pu être pris en charge plus tôt ; une appendicite est bénine quand elle prise en charge à temps mais dans le cas de mon frère, il frôlait la septicémie... Donc c'était mortel !
J'attends vos commentaires.

Petit ajout
Nous sommes aujourd'hui le 23 octobre 2006, voilà maintenant 4 mois que mon frère s'est remis de l'opération. Nous avons appris l'autre jour que peut-être il faudra qu'il se fasse réopérer des suites de la trop longue attente avant son opération et cette fois ça sera une cicatrice qui serait du bas des côtes jusqu'au nombril : il a une partie de l'oesophage qui s'est rétrécie et il ne peut plus manger correctement, je reste cependant réaliste : il est encore en vie. Mais il doit encore supporter les conséquences d'un système bourré de failles qui sont nuisibles à un élève. Aujourd'hui il est rentré de l'école et nous a annoncé qu'une de ses camarades a été dans le même cas que lui : elle s'est blessée très gravement à la main, les pompiers ont refusé de la prendre parce qu'elle était encore consciente ... Merci pour elle !!
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