Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Automne


Voilà un petit texte que j'avais écrit il y a de ça quelques semaines. Mon prof de théâtre nous avait demander de lire un texte de notre composition devant la classe, pour saisir notre émotion. C'était le début de l'automne dans mon petit Québec, vers la mi-septembre et c'est ma saison préférée, alors voilà mon petit texte sur ce moment de l'année qui me rempli toujours de magie !



Et si je te disais que ce soir, j'ai envie d'être près du feu. Et si je te disais que son crépitement me manque. Que sa chaleur trop lointaine me fige sur place. Je veux que cet été se termine, je veux qu'il prenne avec lui toute la lourdeur qui l'anime. Je veux retrouver ce vent d'automne qui m'oblige à me couvrir le cou et les mains. Je veux l'automne. Je veux cette saison qui annonce le froid et la neige. Je veux toutes ses couleurs dans les arbres. Je veux cette ivresse et cette solitude ; fausse solitude. Me tremper les pieds dans un cours d'eau terriblement froid et ne m'en sentir que plus vivante. Trouver cela doux, doux et agréable.

J'étouffe sous cette chaleur suffocante de l'été. Dans cette eau bouillante et insipide. Dans cette eau que l'on ne sent même plus tellement elle est vide de sens et fade. Je ne veux plus de ce vert qui a fini de scintiller. On l'a assez vu. Je veux que le rose des fleurs fasse place à l'orangé des feuilles d'octobre. Je veux dormir, je veux l'automne et son accalmie. Je veux ce renouveau, cette mort qui apporte la renaissance. L'été est long, trop long. Je me sens lourde dans cette humidité qui n'en finit plus.

L'automne se fait attendre. Peut-être pour nous permettre de mieux le savourer. Cette saison qui passe en un éclair et que tant de personnes redoutent. Cette brise hivernale qui, tout doucement, reprend sa position annuelle.

Le froid me manque. J'ai soif de frissons et de blanc. De pureté et de tissus. Je veux cette chaleur artificielle créée par un feu, ce feu dont je voudrais tant te parler.

Je manque cette proximité humaine. Une étreinte d'automne, c'est tellement plus sucré qu'une étreinte d'été. Les accolades d'été sont si lointaines, si peu rassurante. Prendre quelqu'un dans nos bras en automne, c'est lui transmettre notre chaleur, notre énergie et notre bonheur. C'est sentir les couches de vêtements qui séparent nos deux coeurs physiquement, mais qui en fait, n'existent pas. Cette barrière n'est qu'une source de chaleur qui anime nos coeurs quand ils sont seuls. Dès que quelqu'un vient vers nous, elle n'existe plus, elle devient inutile.

Et si tu devenais cet autre coeur. Et si tu m'accompagnais dans tout ce froid. Et si tu me murmurais à l'oreille que tu seras toujours mon automne. Je veux que tu sois cette brise fraîche qui rend l'air si authentique. Veux-tu m'accompagner sur ce doux chemin entre la suffocation et la mort ? Sur cette route qu'est l'automne entre le vert et le blanc.

Deviens ma symphonie de couleurs, ma mélodie du vent entre les branches. Promets-moi de toujours tenir au chaud mon coeur comme cette couverture en laine avec laquelle je me couvre près du feu.

Deviens, sois ma pluie de novembre. Cette pluie froide et drache qui tombe entre les branches dévêtues par le temps. Cette pluie qui est ma préférée. Non ! Pas celle d'octobre, celle de novembre est bien mieux. Celle qui me gèle les os, mais qui me prouve que j'en ai encore et que tu les habites. Sois cette pluie, sois mon parapluie. Deviens cette éclaircie qui rendra cette journée de pluie, unique certes, mais majestueuse.

Je veux être cette folie que je sens en moi. Je veux être ta folie d'automne. Je veux être cet arbre qui dort en novembre et sur lequel tu t'appuies pour te reposer avant l'hiver.

Les perles me semblent plus belles à l'automne. Le blanc devient plus vrai avec l'annonce de la venue de l'hiver. L'hiver... Symbole de la blancheur, de la naïveté et de la pureté. Les perles sont plus belles à l'automne. Elles sont mises en valeur, elles semblent vivantes. On les dirait sorties d'un conte de fées. J'aimerais être ta perle d'automne. Ta perle enchantée dans ce brouhaha qu'apporte ce changement de saison.

Veux-tu être mon automne ? Moi, je serai ta perle de folie. Sois ma pluie, soi ma vie, sois mon éclaircie. Deviens ce feu qui m'habite, j'ai besoin de trembler et de vivre. Sois mon sourire sous ce parapluie de novembre. Deviens mon automne.

C'est l'été encore aujourd'hui. Je rêve de cet saison inaccessible. Celle que je ne peux atteindre ou devancer. Celle qui m'habite, pendant trois saisons. Celle dont je rêve, celle que je vis, que je suis.

Je rêve de cet automne, mais encore davantage que tu sois mon automne et que tu me murmures à l'oreille que tu seras pour toujours ma pluie de novembre. Que tu l'écouteras toujours avec moi, claquer sur les fenêtres, étendus près du feu, emmitouflés dans ma couverture en laine.

Jure-moi mon automne, que tu seras toujours coloré...
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