Extrait du site https://www.france-jeunes.net

"Les paroles s'envolent, les écrits restent"


Je suis dans un état d'excitation extrême. J'ai la rage. Je ne peux qu'écrire pour exprimer la rage qui bout en moi. La rage, rage qui m'envahit et me consume. Je suis enragée contre eux, contre lui, contre moi et contre tous.



Je suis dans un état d'excitation extrême. J'ai la rage. Je ne peux qu'écrire pour exprimer la rage qui bout en moi. Ce que je viens de voir pourrait en amuser certains, faire rigoler d'autres ou bien laisser indifférent. Moi, ça me met en état de rage. La rage, rage qui m'envahit et me consume. Je suis enragée contre eux, contre lui, contre moi et contre tous. Je viens d'assister à une agression et cette agression va changer ma vie.

Je sors du collège et me presse un peu pour prendre mon bus habituel. J'entrouvre ma poche pour y sortir mon abonnement mais je n'en n'ai pas le temps. Je vois des gens attroupés en masse et apperçois une bande de garçons que je ne connais pas et qui ne sont pas de mon collège. Au loin, Bastien se tient à proximité d'eux. Soudain, je vois l'énorme groupe de garçons s'avancer. J'en voit un du groupe qui pousse Bastien. Un deuxième suivi d'un troisième continue à le pousser plusieurs fois en arrière avec une agressivité d'une grande insolance. Ils seront rapidement six contre ce garçon de mon collège. Ils le tabasseront violemment à coups de pieds, le pousseront de tous les cotés jusqu'à le faire devenir fou.
Six contre un. La lacheté humaine. Un autre du collège sera presque étranglé, celui-ce ripostant. Un collégien se fait tabasser et insulter à six mètres de la porte du collège et la foule se régale d'un nouveau spectacle.


Quelques-uns rigolent, d'autres se cachent la bouche, le sourire aux lèvres mais tous restent immobiles. Au cours de cette agression, un garçon, un seul aura courru défendre Bastien. Un seul. Il était grand, certe, mais un seul. Le surveillant arrivant quelques secondes après, n'a pas bougé, laissant les agresseurs au milieu des élèves de plus en plus nombreux. Malgré sa connaissance, par l'intermédiaire d'un de mes copains, sur ce qu'il se passait, il n'a rien fait. Personne ne fait rien. Que voulez-vous faire ? Me direz-vous. Tout sauf rien. Le dégoût et la rage qui m'envahissait était si grande que je ne pu m'empêcher de regarder ces salops droit dans les yeux avec pour seule envie qu'il ressentent la haine contenu dans mon regard. Mais ils ne faisaient pas attention à moi, eux. Trop occupés de fumer leur drogue, ils ne pensaient qu'à finir leur répression dès que ce pauvre élève sortira du collège. Il y aura encore des agressions avec les mêmes agresseurs plus loin dans la rue du collège. Ceux-ci vont essayer de prendre la fuite dans le bus, le même que moi. Ils étaient à coté de moi et je me retenais de ne pas bouger. Non pas que j'avais peur mais j'aurai pu faire une bêtise qui n'en vaudrait pas la peine. Tout va très vite s'enchaîner ensuite. Le sous directeur accompagné de l'éducateur resté immobile et d'un professeur vont sortir du collège. Le sous-directeur va arrêter le bus pour y chercher les agresseurs. Le bus va redémarrer laissant passer les voyous fuyant déjà loin devant.


Il fallait que j'écrive cette histoire qui peut être anodine pour certains.
Ma copine, rentrée avec moi ce jour là m'avait dit qu'elle comprenait le comportement de l'éducateur. Son oncle, aujourd'hui aveugle, était intervennu dans une agression. Les agresseurs l'avaient retrouvé, lui avaient cassé des vertèbres et crevé les yeux.
Non ! Ce n'est pas possible, je n'ai rien fait ! Un garçon s'est fait tabassé seul contre six et le foule est restée contempler le spectacle. Et parmis eux, moi. J'aurais pu rejoindre ce garçon qui a pris sa défense mais je n'ai rien fait. Je me dégoûte et je ne veux plus que ça arrive. Je veux être fière de moi et de mes actes, même si je dois y laisser ma peau.
Je suis un peu calmée. Un goût de rancoeur me reste cependant dans la gorge, mes membres sont toujours un peu crispés mais mes dents de désserrent peu à peu. Ce type agressé, Bastien, ça pourrait être ma soeur, ça aurait pu être votre fils, ça aurait pu être votre mère.
Je ne sais depuis combien de temps je suis en train d'écrire mais j'ai très mal au poignet.
Je sens des gouttes d'eau salées ruisseller le long de mes joues et je ne sais pourquoi. Si j'avais pu contrôler mes émotions, je ne serait pas enragée. Ce genre de sentiment ne m'était jamais apparu auparavant. Comment peut-on en arriver là ? Je ne sais pas. Je ne sais pas encore peut-être. J'ai mal. Et curieusement, l'indifférence de la foule m'affecte plus que l'agression. Mais Cara, que veux-tu faire ? ! Tout ! Tout sauf rester immobile. Imaginons un instant que chacun se dise que l'on se doit de défendre ce garçon comme son propre frère, ce genre d'agression n'arriverait plus, jamais plus.
J'ai assisté à une agression et cette agression va changer ma vie.
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