Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Les figures de style (2)


En lisant cet article, une partie des figures de style n'auront plus aucun secret pour vous !



J'ai vu qu'il y avait un précédent article sur les figures de style, mais il n'est pas complet alors, pour essayer de le compléter, voici de nouvelles figures...


Modification et création de mots

<tritre2>Archaïsme
Un archaïsme est un mot ancien qui n'a plus cours dans le langage courant et qui est employé volontairement pou sa connotation vieillie (éventuellement érudite ou anachronique).

Dans le langage courant, l'emploi de l'archaïsme peut avoir pour objectif de donner de la noblesse à la langue - lorsque l'on dit "j'ai ouï dire", au lieu de "j'ai entedu dire", par exemple.
Dans une optique plus poétique, c'est ce même verbe, déjà archaïque à son époque, qu'Apollinaire emploie au futur - forme d'autant plus ancienne - dans cette strophe du "Brasier" :

"Et le troupeau de sphinx regagne la spingerie
A petits pas Il orra le chant du pâtre tout la vie
Là-haut le théâtre est bâti avec le feu solide
Comme les astres dont se nourrit le vide"


Cet archaïsme se situe dans un poème où Apollinaire met littéralement le feu au passé. On notera qu'il est placé à proximité d'un néologisme "sphingerie", comme si ce terme était la marque formelle de la métamorphose du passé au futur, ou à un présent éternel.

Lexicalisation
La lexicalisation est une opération qui consiste à substantiver un mot ou un groupe de mots.

"Nous ne possédons rien au monde - car le hasard peut tout nous ôter - sinon le pouvoir de dire je. C'est cela qu'il faut donner à DIeu, c'est-à-dire détruire. Il n'y a absolument aucun autre acte libre qui nous soit permis, sinon la destruction du je"
Simone Weil, dans La Pesanteur et la Grâce ("Idolâtrie")

Dans ce passage, Simone Weil opère une lexicalisation du pronom personnel "je", en le substantivant : "la destruction du je". Elle appuie ainsi le sens de son propos, induisant le pouvoir que l'on peut précisément avoir sur cette entité. L'emploi de cette figure indique, en effet, que l'on peut nommer comme extérieure à soi, comme un objet sur lequel réside notre seule puissance parce que c'est le seul que l'on possède vraiment.
Rimbaud avait plus tôt créé la même lexicalisation, lorsqu'il écrivait à Paul Demeny : "Je est un autre" (Correspondances, 15 mai 1871). Par ce procédé, il énonçait déjà de façon poétique ce que la psychanalyse allait théoriser quelque temps plus tard : notre personnalité est régie par des forces qui nous sont étrangères, du moins étrangères à notre conscience. Quand Sigmund Freud expose sa vision de l'appareil psychique, c'est à nouveau à la lexicalisation qu'il fait appel. Lorsqu'il parle d"inconscient" ou, dans un second temps, de "ça", c'est cette figure qui lui permet de renouveler un langage qui ne suffit plus compte tenu de ses découvertes. D'adjectif, inconscient devient nom - substantivité pour les besoins d'une terminologie nouvelle - le ça.

Métaplasme
Le métaplasme est un terme générique qui regroupe toutes les figures par lesquelles l'auteur s'autorise à altérer un mot.

Cette altération peut passer par la suppression d'une lettre ou d'une syllabe (que l'on appellera phonème). C'est le cas de :

- l'aphérèse où un phonème est supprimé en début de mot, M'dame, par exemple;
- l'apocope où un phonème est supprimé à la fin d'un mot;
- la syncope où un phonème est supprimé au milieu du mot.

Elle peut également se faire par l'ajout d'une lettre ou d'une syllabe :

- Dans l'épenthèse, un phonème est ajouté au milieu du mot. C'est le cas du célèbre juron du père Ubu dans Ubu roi d'Alfred Jarry : "Merdre ! ", qui est devenue l'emblème de son absurdité grotesque.
- Dans la prosthèse, un phonème est ajouté au début du mot.
- Dans la gémination, la première syllabe du mot est doublée. La manière que le père d'Eugénie Grandet a d'appeler sa fille "fifille", par exemple.
- Dans l'étirement, un phonème du mot est allongé de façon très appuyée pour lui donner une sensibilité plus forte ou pour indiquer, à la manière de l'onomatopée, comment ce mot est implicitement prononcé.

La métathèse est un métaplasme qui intervertit deux consonnes (aréoport, par exemple), dénotant la plupart du temps une mauvaise connaissance du mot par le personnage auquel on donne la parole.

Enfin, la diérèse divise une syllabe en deux sons distincts dans la prononciation d'un mot. Cette figure est souvent utilisée en poésie pour la nécéssité métrique, c'est-à-dire pour le rythme (nombre de pieds) du vers. Ainsi, on lira parfois passi-on au lieu de passion par exemple.

La suite est à venir, il y a peu de figures dans cet article mais je vous promets d'en faire un nouveau très prochainement pour compléter votre liste !
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