Extrait du site https://www.france-jeunes.net

La politique peut-elle conduire au progrès ?


Question de taille en rasion de la date à laquelle nous sommes. Essayons d'y répondre.



Dans l'idéal, la politique devrait avoir pour but ultime, le bien commun. Mais les hommes politiques ne visent que le pouvoir en soi, et non le bonheur des hommes.


Gouverner, c'est chercher à atteindre le bonheur commun

Depuis Platon, la politique est l'art de bien conduire la cité pour garantir le bien-être de tous les citoyens. En gouvernant selon les principes de la raison et de la vertu, on peut faire avancer la société dans le sens du progrès.

Il faut gouverner en philosophe. Depuis Platon, l'un des buts principaux de la politique est d'apprendre à gouverner les hommes selon les principes de la raison et de la sagesse. C'est pourquoi le souverain idéal devrait être un "philosophe-roi". Sachant ce qu'est le bien en soi, celui-ci pourrait exercer son pouvoir dans un but désintéressé, afin de rendre les citoyens heureux.

Le progrès aboutit au bien commun. Au siècle des Lumières, les philosophes élaborent un projet politique nouveau. Pour eux, le malheur des hommes résulte du despotisme. Le progrès des connaissances, en mettant à bas les causes de l'oppresion, engendre un progrès politique qui rendra les hommes libres et égaux. Les progrès de la raison permettront progressivement aux individus d'accéder à un état de bonheur collectif.

Le socialisme doit conduire à la liberté. Au XIXè siècle naît le socialisme, projet visant à libérer la majorité des hommes de la nouvelle forme d'oppression que constitue le travail en usine. Ce projet s'accompagne d'une vision utopique de ce que doit être la société : une société "sans classes", constituée d'individus parfaitement égaux et libres. Certes, un tel idéal peut paraître impossible à réaliser; mais il est incontournable si l'on admet que l'homme n'est pas sur terre pour être prisonnier du système économique.

La politique ne fait que poursuivre les buts de la philosophie au niveau collectif : amener les hommes à vivre heureux.


La politique n'est que la gestion déguisée de l'oppression

La politique n'est pas au service du bonheur des hommes; elle n'est que la manifestation d'un pouvoir impersonnel qui les opprime. Sous ses deux formes inversées, capitalisme et socialisme, elle ne fait qu'instaurer la tyrannie de la technique.

Il n'y a pas de progrès. Dans "La Barbarie à visage humain", Lévy dénonce ce qu'il appelle le progressisme, idéologie selon laquelle l'histoire avance dans le sens du progrès vers l'avènement du bonheur de l'humanité. Cette conception, issue des Lumières, sous-tend aussi le capitalisme que le socialisme, que l'auteur renvoie dos à dos; pour lui, les deux doctrines ne mènent qu'au règne de la technocratie.

Le socialisme aboutit au goulag. Lévy critique en particulier le socialisme et ses utopies, qui conduisent tout droit au goulag. Alors que le capitalisme mène à la technocratie sans justification idéologique, le socialisme aboutit au même résultat - voire bien pire - sous le prétexte de faire le bonheur des hommes. La politique n'est en fait que la gestion technocratique, socialement acceptable, "à visage humain", de l'instinct de domination et de violence - la "barbarie"- qui gît au fond du corps social et de chacun de nous.

Les "nouveaux philosophes". Dès lors, le philosophe ne peut plus s'occuper de politique. Il ne peut devenir "philosophe-roi" comme le voulait Platon, car le pouvoir ne cherche rien d'autre que le pouvoir. Renonçant à la politique, abandonnant les idées de progrès et de sens de l'histoire, les "nouveaux philosophes" seront des francs-tireurs sans cesse vigilants et critiques. Au nom de l'éthique, ils s'engageront dans des combats ponctuels contre la menace du totalitarisme technocratique.

La politique n'est que l'art de perpétuer l'exercice du pouvoir et de la domination, sans se soucier du progrès de la société ni du bonheur des individus.


Conclusion

En rejetant l'idée même de progrès politique ou de sens de l'histoire, Bernard-Henri Lévy admet remet en question l'une des idées clés de notre modernité. Pour lui, tout projet politique, sous couvert d'utopie, tend à imposer un pouvoir impersonnel et totalitaire. Cette dimension fondamentalement perverse de la politique éclate au grand jour dans les régimes totalitaires fascistes et surtout socialistes. Ces derniers, en effet, sous un discours prétendument humaniste, ne font qu'écraser les individus. Mais peut-être faut-il accuser les hommes eux-mêmes, plutôt que les utopies, qui constituent une recherche légitime du bonheur.
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