Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Dieu est un salaud


Est-ce qu’Il existe, au moins? Moi, j’en sais rien. Mais dès que les ennuis se pointent, Dieu se barre. Dieu est un salaud.



Est-ce que Dieu existe? J’en sais fichtrement rien.
Et entre nous, je préfèrerais qu’on le sache jamais. Quelle que soit la réponse, ça foutra la pagaille partout.

Je sais pas si Dieu existe. Je m’en fous.
Mais s’Il existe, c’est un fieffé salaud. Un sale bonhomme qui ricane en nous regardant porter des fardeaux et qui aime nous faire croire que ces fardeaux n’existent pas.
Quel con.



Dieu me permet d’écrire des inepties. Il est quand même sympa, finalement.

Je suis en train d’écrire un article sur Dieu. S’Il voulait pas qu’on blasphème, Il m’aurait empêchée de le faire.

J’ai martyrisé ma sœur quand j’étais petite. Je lui piquais ses poupées, je l’empêchais d’entrer dans la salle de jeux, je mangeais toutes ses frites quand elle avait le dos tourné. Amour fraternel, dit-on. D’accord. Mais en attendant, elle en a bien bavé. Et elle me l’a bien rendu.
Si Dieu voulait pas que je martyrise ma petite sœur, Il m’aurait empêchée de le faire.

Si Dieu voulait pas que des clodos se massacrent entre eux à coup de canifs pour une portion de ratatouille, Il m’aurait guidée jusqu’à eux pour leur donner ma part. La ratatouille, je trouve ça dégueulasse.

Si Dieu voulait pas supporter le spectacle de cette putain de réalité, Il aurait au moins pu inventer l’illusion. Mais non: sadique comme Il est, Il s’est dit que ça serait sympa d’en créer quelques-uns qui soient lucides. Juste pour voir si le son des lamentations et du désespoir est agréable à entendre.

Dieu peut faire des tas de choses, seulement voilà: il veut pas s’occuper de nos petites affaires de vices. Le meurtre, c’est pas Dieu qui l’a inventé, c’est l’Homme.
Et puis non, après tout! C’est pas l’Homme qui a inventé le meurtre; puisque le meurtre vient d’une pulsion destructrice et, Herr Freud m’approuverait, les pulsions, on les contrôle pas. Elles mijotent dans le psyché, et quand l’occasion se présente, elles attaquent en traître.
Saletés. Le meurtre a été inventé par les pulsions, alors?
Mais, les pulsions naissent pendant l’enfance, n’est-ce pas Sigmund? C’est l’enfant qui a inventé le meurtre? Quelle ineptie! Au placard, la théorie fumeuse!
Un enfant, c’est bâti, c’est construit par l’environnement, l’entourage et l’éducation. Un enfant, ça naît pas tout formé, tout savant et tout fini.
C’est l’environnement qui a inventé le meurtre?
Et l’environnement, si je ne m’abuse, il existe depuis la formation de la Terre?

Bien.
Et Dieu dans tout ça?
On se retrouve devant deux possibilités:
* Vous êtes créationniste. Dans ce cas la Terre a été créée il y a quelques temps par Dieu. Alors c’est lui qui a inventé le meurtre, puisque c’est lui qui a créé l’environnement.
* Vous êtes évolutionniste. Alors la Terre vient du Big Bang. C’est une explosion insonore qui a inventé le meurtre.

Dans les deux cas, c'est stupide. Dieu ne peut pas créer le meurtre. Et s'il l'a fait, c'est un con, et il mériterait d'être rétrogradé de sa position confortable de Maître du Royaume des Cieux.
Pareillement, une explosion, ça crée pas le meurtre. N'allons pas débiter de telles énormités.

Vous êtes sceptique, je le sens. Vous vous demandez où est la faille, parce que ce que j’avance est complètement stupide. Vous cherchez des excuses. « Mais où c’est qu’elle a merdé, celle-là? Elle ose quand même pas dire que le meurtre a jamais été inventé? »

Si, j’ose, j’affirme.
Le meurtre a jamais été inventé.
Et, si vous y réfléchissez deux secondes, vous verrez qu’il n’a pas non plus pu exister de tous temps.
Pour les créationnistes, c’est impossible car Dieu est le seul à avoir toujours existé de tous temps. Ca voudrait dire que Dieu a inventé le meurtre.
Pour les évolutionnistes, c’est impossible, parce qu’avant le Big Bang, y’avait rien. Le meurtre ne se baladait pas dans l’infini cosmique.

Donc, le meurtre a jamais été inventé.
Il n’a pas existé de tous temps.
N’écarquillez pas les yeux, je viens de vous montrer que le meurtre n’existe pas.
Allons, allons, ne faites pas la grimaces.
Retournez quelques lignes plus haut et cherchez où s’est glissée l’erreur de mon raisonnement. Faites-moi signe quand vous l’aurez trouvée. Elle doit forcément exister, seulement j’avoue que le poil dans la main qui me sert de canne me chuchote de pas repasser des plombes sur ce que j’ai déjà écrit.

Comment?
On vous a toujours dit de relire ce que vous avez écrit?
Tss, quel manque de jugeotte. Si on interdisait la relecture, les gens se reposeraient moins sur elle et feraient plus attention à l’orthographe de leur « premier jet ».
La relecture, c’est pour enquiquiner les neurones, c’est pour soulager la matière grise, c’est pour permettre l’inattention. Quelles foutaises!

Enfin.
J’en reviens à mon sujet. Vous voyez où ça mène, l’inattention.
Il ne faut pas revenir sur ce qui est déjà écrit.
Il ne faut pas revenir sur ce qui est déjà fait.

L’écriture dure le temps d’une pensée. Si je reviens dessus, ma pensée aura changé. J’aurai perdu une réflexion. J’aurai envie de tout changer pour mettre quelque chose de complètement différent.
Alors, quitte à recommencer bêtement mon cheminement spirituel, je préfère encore écrire le nouveau venu sur une autre feuille. C’est du bon recyclage, ça. De l’esprit non gaspillé.

L’acte, lui, dure le temps d’un fait. Je peux pas revenir dessus. Le temps est pas une bande de K7 qui se rembobine quand on a loupé un passage. Le temps, c’est pas comme Club Internet, on peut pas faire pause pendant un direct.
Alors on assume. C’est tout ce qu’il reste à faire.



J’ai écrit des âneries. Je vais bientôt me mettre à braire

Ce titre est mensonger.
J’ai écrit des choses sans queue ni tête, mais c’est loin d’être digne d’un âne.
Quoi qu’un âne puisse être très digne, là n’est pas la question.

J’ai parlé du meurtre.
Pour montrer les failles du système Dieu/Homme. Parce que c’est ça qu’on fait, régulièrement, on applaudit les miracles de Dieu grâce à qui, par exemple, Jean-Paul II a pu interdire la capote et propager le SIDA chez tous les catholiques de la planète.
On applaudit Dieu et on crie au scandale quand on voit la gueule de vicieux de l’être humain. C’est sûr, sur le coup, on s’est fait arnaquer sur la marchandise.
Mais y’a pas de service après-vente chez Dieu.
J’ai donc parlé du meurtre. Juste pour montrer que Dieu est pas tout blanc et l’Homme est pas tout noir.


J’ai parlé de l’interdiction du retour en arrière.
C’est pour mieux parler de l’obligation d’aller de l’avant.



Liberté, égalité, responsabilités…

On ne retourne jamais en arrière.
On ne peut pas revenir sur ce qu’on a fait ou sur ce qu’on n’a pas fait.

Pourquoi je raconte ça?
Parce que j’ai envie de le faire. C’est ma liberté qui m’autorise à le faire.

La liberté!
On lui doit tout, n’est-ce pas?
Grâce à elle vous avez fait les études que vous vouliez faire, vous avez rencontré des gens qui comptent dans votre vie, vous avez fait repeindre votre chambre en bleu, vous avez commencé la cigarette, vous avez eu un accident de scooter, vous êtes devenu héroïnomane.
La brave liberté!
Elle nous permet de faire ce que nous désirons faire. Les repentirs judiciaires, ça vient toujours trop tard. C’est normal. Si on arrêtait quelqu’un avant le crime, on ne pourrait pas le condamner.

Seulement voilà, la liberté a conclu un pacte avec le temps.
On se ligue pour mieux vaincre, c’est bien connu.
Ce sont les clauses du contrat: « Tu as le droit d’abuser de ta liberté; en contrepartie, tu n’auras plus jamais le droit de revenir en arrière sur tes actes ».
Quel supplice! Devoir faire des choix, et ne pas avoir le droit de voir si les autres choix auraient eu un meilleur résultat!

Bon.
Tout ça, ça peut encore passer. C’est vivable.

Mais la liberté et le temps s’accordent en harmonie avec la responsabilité.
C’est une garce, celle-là, responsabilité.
Tellement garce qu’on s’étonne que Dieu ne s’en attribue pas la paternité. Non, non, Il la laisse aux hommes. Lui, Son truc, c’est plutôt le Destin.
Bref. Nous y reviendrons.

La responsabilité. Bordel, mais qu’est-ce qu’elle fout là, celle-là?
On dirait une putain. Elle te laisse miroiter la liberté, tu grimpes aux rideaux, et quand tu redescends, tu dois payer. On s’envoie pas en l’air avec le hasard comme ça, malheureux. Les tarifs sont chers.

Quand tu reviens de ton long voyage d’entre les bras de Liberté, te voilà enchaîné et torturé par les responsabilités. Déjà que tu pouvais pas revenir sur tes actes pour voir si d’autres étaient plus sympa, mais alors là, tu pourrais presque en venir à les regretter, ces actes.
Mais alors, la liberté n’est pas une liberté? Quoi qu’elle nous laisse faire, elle nous emprisonne.
Oui. Mais il n’empêche, qu’elle te laisse faire. Si elle était pas là, tu serais emprisonné à ne jamais rien pouvoir faire.

Un acte entraîne une réaction.
On tue, on est condamnable. On vole, on est condamnable. On insulte, on est condamnable, on crache, on est condamnable, on fronce les sourcils on est condamnable, on cligne des yeux on est condamnable.

Merde.
Quoi qu’on fasse, des chaînes nous retiennent.
Quelle dure réalité. La liberté que Dieu m’accorde est en fait un piège à cons.
J’ai des responsabilités. Quel fardeau.
Mais si j’en avais pas, j’aurais pas de liberté.
On sait ce que ça donne, la liberté sans responsabilités.
Ca s’appelle le Destin.



Tout est écrit, c’est Dieu qui le dit

Il a bon dos, Dieu.
Il nous a écrit un destin, à tous. Il est prévoyant.
Mais qu’est-ce qu’Il est con.

C’est son dada, à Dieu.
« Tout est écrit, tout est prédit, va, avance sans peur, c’est moi qui trace ton chemin. Toutes les merdes que tu rencontreras sur ton sentier, c’est moi qui les ai mises. Tu peux te pencher pour les ramasser, si tu veux, tes mains en seront pleines, mais ne t’affole pas: c’était écrit. C’est pas ta faute. T’as les mains pleines de merde et de sang. Mais pas d’entourloupe: je suis le Tout-Puissant. C’est moi qui en ai décidé ainsi. Pleure pas! Puisque je te dis que t’y es pour rien ! Vas-y, tu peux tuer, violer, voler, je m’en fous! C’est moi qui l’ai écrit! »

Ca se tient pas.
Si Dieu fait ça, alors Dieu est un sale con.
Et si Dieu existe vraiment, ça m’étonnerait qu’Il agisse comme ça.

S’Il agit pas comme ça, c’est donc qu’Il n’a pas écrit de destin. Pour personne.

Donc Il nous offre notre liberté.
Et Il nous la sert sur un plateau d’argent tout scintillant, et on se sert comme des affamés. Liberté, liberté, plus de liberté! Orgie de liberté!
Mais quand la fête est finie, les gendarmes Responsabilité viennent tabasser les gros fêtards.
Dieu laisse les responsabilités nous taper sur la tronche. Alors que c’est Lui qui nous a proposé Sa putain de liberté!

Dieu est un sale con.
Quoi qu’il fasse, c’est un sale con.

Sauf que dans le cas du Destin, c’est un con coupable, et dans le cas des libertés, c’est un con innocent.

Est-ce qu’il existe, d’abord?
Je me suis même pas posé la question.
Il nous laisse nous dépatouiller avec notre merdier.


Dieu est un salaud.
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