Extrait du site https://www.france-jeunes.net

On ne construit rien seul


N'empêche que là tout de suite, entre deux arrêts, au beau milieu d'anonymes, et cette chanson qui me dit de pas pleurer, devant cette affiche publicitaire, bah là tout de suite...



Le morceau teminé, le suivant démarre.
Don't You Cry, Kamelot. Une belle chanson.
L'athmosphère change un peu, c'est souvent comme ça avec les belles chansons.


Don't you cry.
Bien-sûr que non je pleure pas.
N'empêche que là tout de suite, entre deux arrêts, au beau milieu d'anonymes, le paysage gris qui défile par la fenêtre, bah là tout de suite, il aurait pas fallu beaucoup pour que ça parte.
C'est rare que ça parte comme ça en public, mais quand ça part ça s'arrête plus.

Don't you cry.
J'en sourirais presque. Je crois qu'on m'a répeté ça toute ma vie. Pleure pas. Alors vous voyez je pleure plus. C'est à chier de dire ça à une gosse. Plus on lui crie d'arrêter de pleurer plus elle pleure. Mais finallement, ça marche. Mais n'empêche, c'est con.

Don't you cry.
Le paysage défile toujours plus vite, la musique devient lointaine, ou alors c'est l'etourdissement de la fièvre qui fait cet effet là. Puis tout ralentit, on s'arrête un instant. En face de moi, derrière la vitre un panneau publicitaire.
" On ne ne construit rien seul ". Une affiche pour une banque, un compte jeune, une saloperie dans ce goût là. Un slogan minable, dégoté par un publicitaire minable, pour une boîte minable, et pour un salaire minable. Même ce rouge trop criard, trop vif, trop rouge, pour attirer l'oeil des passants trop préssé est minable.

Don't you cry.
Et pourtant devant la niaiserie affolante de cette affiche tellement minable, je me sens toute seule. " On ne construit rien seul ". On dirait qu'ils l'ont placé là pour me rappeler, pour voir si j'allais faire comme dans la chanson ou si j'allais craquer.
Elle me nargue; regarde t'es toute seule. Ils sont tous particuliers pour quelqu'un d'autre. Ils ont tous une personne à part. Et toi t'es là au milieu d'étranger, à te demander qui t'empêcherais de descendre à cet arrêt et de tous le splanter là, les laisser pour de bon.

Don't you cry.
Le bus redemarre, la chanson continue de me dire de ne pas pleurer, mais ça change pas grand chose au fait qu'on ne construit rien seul.
Extrait du site https://www.france-jeunes.net
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