Extrait du site https://www.france-jeunes.net

La brusque explosion d'une poche de gaz a tué les cinq pompiers de Neuilly


Les cinq pompiers morts samedi soir dans l'incendie d'un immeuble de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) ont été tués par l'explosion brutale d'une poche de gaz accumulés dans la pièce où ils intervenaient...



Les premières constatations du laboratoire central de la préfecture de police de Paris (PP) ont permis d'étayer la thèse accidentelle : un "phénomène de combustion lente, pouvant venir de la literie de la chambre vide de l'occupant, (...) a eu pour effet d'accumuler dans la pièce en très grande quantité des gaz imbrûlés portés à très haute température".

A l'ouverture de la porte par les sapeurs-pompiers s'est produit un "phénomène d'embrasement soudain de la poche de gaz avec un effet d'explosion".

"C'est un phénomène bien connu chez nous. On l'appelle +flash-over+. C'est l'appel d'air qui déclenche l'explosion, en modifiant le mélange gaz/air. C'est très difficile à voir : on intervient sous appareil respiratoire isolant, on ne peut pas voir ni sentir le gaz", a expliqué à l'AFP un spécialiste de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) qui a souhaité rester anonyme.

"En principe, soit on intervient avant, quand la chaleur ne s'est pas accumulée, soit après, quand cela s'est déjà embrasé. A Neuilly, ils sont rentrés au mauvais moment", a-t-il ajouté. Et de conclure : "De toute façon, on rentre pour éteindre et seule une porte très chaude peut nous inciter à nous méfier de l'extérieur, mais ce n'est pas évident".

Le lourd bilan humain s'explique selon les spécialistes de la préfecture "par le double effet de brûlure et surtout de +blast+ (souffle) qui provoque des lésions internes irréversibles".

Le laboratoire central de la PP remarque qu'à Neuilly, la configuration des lieux - couloir étroit de 60 centimètres - a provoqué une amplification des effets de ce double phénomène.

"Feu de chambre"

Les pompiers avaient été appelés pour un "feu de chambre", samedi à 18H11, au sixième étage d'un immeuble (qui en compte sept) du 43 de l'avenue Sainte-Foy à Neuilly.

"C'était un petit feu comme on en fait 20.000 par an", a déclaré plus tard un sapeur de la caserne Champerret, d'où provenaient les cinq victimes âgées de 22 à 27 ans. Samedi soir, l'émotion était tangible dans cette caserne, état-major de la BSPP.

Dans la nuit, le président Jacques Chirac a exprimé sa "vive émotion" et le maire de Paris Bertrand Delanoë s'est dit "bouleversé". Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, ancien maire de Neuilly, ainsi que le préfet de police de Paris, Jean-Paul Proust, se sont rendus sur les lieux du drame.

Après l'explosion, les cinq pompiers, en arrêt cardio-ventilatoire, ont été transportés vers 21h00 à l'hôpital militaire Percy de Clamart (Hauts-de-Seine), spécialisé dans les grands brûlés, où leur décès a été constaté.

La police relève enfin que les investigations menées n'ont détecté ni trace de gaz, ni poudre, ni traces de liquide inflammable, ni bonbonne ou aérosol.

L'enquête, confiée au service départemental de police judiciaire (SDPJ) de Nanterre, sera de toute façon complétée. Des officiers du SDPJ de Nanterre sont restés sur place durant toute la nuit pour effectuer des prélèvements et devaient y retourner pour bénéficier de meilleures conditions de luminosité.

Source : PARIS, 15 sept (AFP)
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