Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Metallica : Death Magnetic


Chronique et genèse de l'album "Death Magnetic" (2008) de Metallica...



Les années 80 ont vu naître un genre musical, plus violent que le Hard-Rock d'Aerosmith ou d'AC/DC, avec moins de fioritures que Led Zep ou Deep Purple, plus rapide que le Heavy de Black Sabbath : le Trash-Metal.
Deux "clans" s'opposent pour savoir quel groupe fut le premier à se faire représentant de ce type de musique : Slayer ou Metallica ? Loin de moi l'idée de relancer le débat.









Des années 80 à aujourd'hui

Après 4 albums de pur Trash absolument magnifiques (si l'on met de côté la production douteuse de KillEm All ainsi que le chant foireux sur ce même album et sur Ride The Lightning), Metallica prenait une direction plus Heavy en sortant un album sobrement intitulé Metallica (appelé par tous le "Black Album"), produit par Bob Rock qui s'est employé à donner au groupe un son plus accessible au grand public, au grand regret des fans de la première heure. Fini les chansons ultra-violentes et rapides, place au mid-tempo et aux ballades acidulées typées ondes FM. L'album reste malgré tout quelque chose que l'on peut encore appeler un (excellent) disque de Metal.
Mais, même si l'on se doutait qu'elle était proche, la catastrophe n'était pas encore arrivée...

Ce fut vers le milieu des90 que le successeur du "Black Album" arriva : Load. Cette fois, plus aucun doute : Metallica n'était plus digne de s'appeler ainsi. Hormis quelques morceaux vaguement Heavy, nous avons plutôt à faire à un disque de... Pop-Rock ! Bob Rock avait encore sévi, rendant le son de Metallica bien trop propre : saturation des guitares trop "Bon Joviesque", basse, chant et surtout batterie trop clean, et surtout bien moins technique !
Bien sûr, la faute n'en incombe pas uniquement à Bob, c'est bien le groupe qui a écrit ces ballades pour midinettes et ces tubes mid-tempo (comme sur le "Black Album", mais en bien moins lourd) pour ados croyant savoir ce qu'est le Metal avec ce disque.
Ce n'est pas ReLoad, sorti peu de temps après qui changera la donne, c'est quasiment du copié-collé.

Après un bref voyage dans le temps (Garage Inc. , CD de reprises de vieilles chansons du groupe jamais sorties en album, accompagné d'une 2ème galette reprenant cette fois des titres d'autres groupes, tout cela étant de nouveau surproduit), quelques DVD (Cuning Stunts, la ré-édition DVD du Live Sh*t, Binge & Purge tant attendue, le magnifique S&M avec l'orchestre philarmonique de San Francisco, entre autres), Metallica annonce la mise en chantier d'un nouvel opus, "un retour aux sources" dixit le groupe. Malheureusement, au lieu de refaire du Trash, ils innovent encore dans le monde du Rock en suivant la mouvance de l'époque et en nous sortant un disque qui fait fortement penser à du Neo-Metal. Si vous pensiez que la prodde KillEm All était mauvaise, jetez une oreille à St. Anger (l'album en question) : c'est le retour des guitares sur-saturées (malgré la présence encore une fois de Bob Rock), la basse est bien présente (Bob y remplace Jason Newsted, et le groupe embauchera Robert Trujillo par la suite), mais ce qui gâche le tout est la batterie omniprésente, avec ce son de caisse claire si... Pourri, il n'y a pas d'autre mot (Lars Ulrich ayant jugé bon de ne pas mettre de timbre pour sonner plus "brut"). La 2ème chose qui finit d'achever les fans espérant le retour du "vrai" Metallica est l'absence totale de soli de Kirk Hammett !
Mais cet album semblait nécessaire à cette époque pour un groupe en pleine implosion et qui n'était pas sûr de rester formé après ce disque, du fait de la tension entre les membres (surtout entre Lars et James Hetfield) et de leurs problèmes de santé (surtout James). Tout ceci est expliqué dans le documentaire très instructif Some Kind Of Monster.

Enfin, après 5 années durant lesquelles le groupe s'est enfin retrouvé, donnant des shows spectaculaires aux 4 coins du monde (et faisant la plupart du temps abstraction de la période Load/ReLoad pour le grand plaisir des fans), Metallica annonce enfin son retour en studio.


Des informations au compte-goutte

Peu de nouvelles filtrent tout d'abord, hormis le remplacement de Bob Rock par Rick Rubin (ayant contribué entre autres aux albums de Slayer). Puis, en la journée du 15 avril 2008, un nouveau site internet voit le jour : Mission :>http://www.missionmetallica.com>Mission : Metallica</lien>. Mais, rien d'autre ne sera à se mettre sous la dent jusqu'au 12 mai.
Enfin commencent à apparaitre quelques vidéos "fly on the wall" (comprenez filmées à la manière d'une caméra espion), et surtout un teaser, annonçant définitivement la mise en chantier d'un nouvel opus.
Suivront, pour ceux qui ont pré-commandé l'album en version collector (122 €, le coffret comprenant t-shirt, photos exclusives, mediators et bien d'autres goodies) des concerts à télécharger, des extraits de riffs des nouveaux morceaux, des places de concert à prix réduit ou même à gagner, accessibles grâce à la carte de membre du coffret.
Mais revenons aux riffs des vidéos "fly on the wall" : peut-on vraiment espérer quelque chose de convainquant de ces quelques notes ? Cela ressemble-t-il plutôt à un vrai retour en arrière comme le disent les rumeurs, ou ce retour s'arrêtera-t-il à la période Pop des90 ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais espérons, espérons.

C'est à partir du 18 août qu'on pourra écouter de courts extraits; bien trop courts pour se donner une idée malheureusement.

Le 21 du même mois, nous pouvons voir apparaitre (enfin) un lien permettant d'écouter en streaming ou de télécharger le premier single, The Day That Never Comes ! Cette fois, ça y est, préparons nos oreilles et cliquons.
Aux premières notes, l'espérance retombe : c'est une ballade ! Plutôt sympa, certes, elle fait d'ailleurs penser à Fade To Black ou à One avec ses couplets doux et les envolées sur le refrain... Mais le premier single est une ballade ! N'ont-ils pas compris ce que les fans de leurs débuts espéraient ? Peu importe, donnons une chance à ce morceau.
Couplet, refrain, couplet, refrain... Jusque là, rien d'anormal. Et là, un break... Un break ? Tendons l'oreille : le rythme double, les guitares entament enfin un bon gros riff, le chant de James (très bon depuis le début de la chanson, il faut le dire) s'énerve. La tête se met à bouger sans s'en rendre compte. Et là, le choc : après un 2ème break, le rythme double une nouvelle fois et c'est l'envolée de guitares : riffs en tierce, soli (le retour !), c'est décidément un morceau, certes copié sur One (impression renforcée par la sortie du clip peu de temps après et dont le thème est la guerre), mais tellement bien copié ! Impossible de décrocher avant la fin. Passé la 1ère impression, il faut l'admettre : Metallica refait enfin du Metallica !

Après quelques jours pendant lesquels le groupe met à disposition quelques autres extraits (bien courts), un 2ème titre arrive : My Apocalypse. Cette fois, pas de demi-mesure : après une intro composée d'un bon gros riff (rappelant vaguement Harvester Of Sorrow), c'est un véritable morceau de Trash qui nous est offert. Simple (trop diront certains) mais efficace, nous n'avions pas eu de tel morceau de la part du groupe depuis l'album ... And Justice For All (si on fait abstraction des morceaux rapides mais hachés de St. Anger).

Le 1er septembre verra naître Cyanide, le 3ème extrait. Une chanson digne de figurer sur le "Black Album" : pas aussi rapide que My Apocalypse, mais véritablement Heavy. Rick Rubin a vraiment fait du bon boulot. Sans être aussi gras que sur Master Of Puppets, le son est bien plus rugueux que sur Load/ReLoad, plus moderne mais plus Metal ! Cyanide sera probablement une tuerie en concert (il a d'ailleurs été joué pour la toute première fois le 9 août pendant l'Ozzfest à Dallas, Texas).


Death Magnetic dans les bacs !

Enfin, la date fatidique arrive : le 12 septembre, le nouvel album intitulé Death Magnetic (sorte d'hommage aux Rockstars prématurément disparues, selon James) apparait chez les discaires. Il devait également être disponible la veille en téléchargement pour les membres de Mission :>http://www.missionmetallica.com>Mission : Metallica</lien> ayant précommandé le coffret, mais quelques erreurs et liens morts dans les mails ont eu raison de cette initiative; on pouvait malgré tout l'écouter entièrement et en streaming sur le site.

L'album commence par des battements de cœur; ceux n'ayant pas eu le loisir d'écouter les extraits précédemment cités peuvent se demander si ces battements représentent la renaissance ou la mort proche du groupe. S'en suit une intro hypnotique de guitares rappelant le début de Metal Heart d'Accept avant que ne déboule le premier riff assassin de That Was Just Your Life, et c'est parti pour 74 minutes infernales d'envolées de chant et de guitares, de mid-tempos ultra lourds comme sur The end Of The Line, de double pédale démarrant pile au bon moment comme sur les breaks de Broken, Beat & Scared, autre titre très Heavy. Les 3 chansons d'ouverture sont de purs moments de Trash-Metal qui suffiraient presque à elles-seules à vous réconcilier avec Metallica (si vous avez été déçu par leurs 3 précédents opus). Mais le meilleur est à venir...
Après The Day That Never Comes, All Nightmare Long (l'un des meilleurs morceaux de l'album, entre son rythme binaire qui fait bouger la tête entrecoupé de passages speeds, un solo à faire pleurer les meilleurs guitaristes et son refrain qui va faire un malheur en concert) et Cyanide arrive un titre qui fait peur, vraiment très peur : The Unforgiven III ! Après un premier épisode magnifique et un 2ème complètement opposé (c'est-à-dire raté), ils récidivent ! Décidément, ils ne pouvaient pas faire un album complet sans se ramasser, pensons-nous. Et bien non ! Bien loin d'être un copié-collé des 2 précédents titres (ayant à peu de choses près la même mélodie), The Unforgiven III est un titre très différent tout en étant proche des 2 autres (assez déroutant et difficile à décrire). Ce qui pouvait laisser présager du pire se révèle finalement être un titre sublime : un intro planante au piano (première fois pour Metallica selon mes souvenirs), une ligne de chant très juste et émouvante, un refrain du même acabit, et un final au solo encore une fois magnifique, le rythme étant un peu plus rapide qu'au début du titre (ce n'est donc pas une ballade du début à la fin comme les 2 précédents Unforgiven). Le tout clôturé par un dernier refrain tout en douceur.

J'avais mis de côté la sortie le 8 août sur Mission :>http://www.missionmetallica.com>Mission : Metallica</lien> de The Judas Kiss, le titre suivant car, comme on dit, il faut garder le meilleur pour la fin ! Nous avons là un titre dans la pure lignée de ce qui se faisait à l'époque de Master Of Puppets : intro approchant la minute, riff taillé à la hache, break suivi d'encore un refrain qui promet en concert... Le chant de James se rapproche de celui de Phil Anselmo (Pantera). Le tout servi par un solo "TGV" en 2 parties et une fin tout aussi longue que l'intro.

Avant de terminer l'album par My Apocalypse sur lequel je ne reviendrai pas, Metallica nous gratifie d'une autre surprise qu'ils ne nous avaient pas offert depuis ... And Justice For All encore une fois : un titre entièrement instrumental. Mais malgré le fait que ce soit un titre très plaisant, ce morceau proche des 10 minutes n'arrive pas à la hauteur de ce que le groupe faisait sur Orion ou To Live Is To Die. Nous avons là un mid-tempo à tendance Metal Prog qui se laisse quand même écouter sans déplaisance.

L'album est disponible en plusieurs versions, normale, collector et deluxe, cette dernière proposant avec les goodies précités un DVD sur le making-of de chaque chanson, et un CD supplémentaire avec les titres de l'album en version démo, le tout dans une superbe boîte en forme de cercueil.


Le verdict

Après une, puis 2, puis plusieurs écoutes, force est de constater que Metallica nous revient en grande forme. Cet album pourrait s'intituler "Comment faire du neuf avec du vieux" tant il se situe à mi-chemin entre ... And Justice For All et le "Black Album" (telle la pochette qui hésite entre la dominante de noir ou de blanc), mais c'est exactement ce que les fans de la première heure réclamaient, et le groupe les a entendu.
Il y a beaucoup de comparaisons avec les anciens disques dans cette chronique, mais il est difficile (mais pas impossible si l'on en croit cet album) de réellement innover dans le domaine du Heavy/Trash-Metal. Là où d'autres groupes rajoutent des claviers et autres fioritures afin de donner une dimension épique à leurs morceaux et les faire paraitre moins fades, Metallica a décider de sortir un album brut, un gros coup de pied au cul qui envoie balader tout ce qu'ils ont fait dans les90 sans pour autant totalement les renier.

Une production à la hauteur de ses ambitions, des musiciens en grande forme, le retour des soli de Kirk : une réussite. Vivement la tournée !!!
Extrait du site https://www.france-jeunes.net
Tous droits réservés