Extrait du site https://www.france-jeunes.net

L'oeuvre de Mondrian dans le XXe siècle


Né en 1872, Piet Mondrian est un peu plus jeune que Kandinsky et un peu plus âgé que Malévitch, mais c'est bien à cette même génération des grands fondateurs de l'art abstrait qu'il appartient. Ses rectangles de couleurs pures, ses lignes noires, ont imposé un style désormais immédiatement reconnaissable. Retour sur les débuts de la vie du peintre.



Lorsque le jeune Mondrian, bien décidé à se consacrer à l'art, entreprend vers 1890 des études sérieuses, l'Ecole hollandaise s'éveille à peine d'un long sommeil. Au cours des années 1870 avait émergé un
courant artistique connu sous le nom d'Ecole de La Haye, et dont les principaux peintres étaient Paul Gabrië, Jozef Israëls et Anton Mauve (qui donna un temps des cours à Van Gogh). Avant eux la peinture hollandaise
s'en tenait à une imitation appliquée des grands romantiques européens. L'Ecole de la Haye, elle, rejette les sujets héroïques chers au romantisme et revient à une tradition où les Hollandais avaient excellé deux siècles
plus tôt : le paysage, la nature morte et, à l'occasion, le portrait.

Mondrian se fera à son tour paysagiste. Il peint alors avec passion les fermes, les bois et les cours d'eau des environs d'Amsterdam; plus rarement, des natures mortes - des fleurs de préférence - et des portraits. Ainsi,
tout en assimilant un cursus plus académique à la Rijksacadémie, il acquiert peu à peu une certaine réputation dans les cercles artistiques locaux. Il est bien vrai que ses paysages témoignent d'une authentique sensibilité
et déjà, d'un excellent savoir-faire de peintre.

Après 1905, l'impact des expatriés que furent, à Paris, Vincent Van Gogh et Kees Van Dongen, sur la peinture de Mondrian, est évident : le dessin est plus tourmenté, les couleurs plus franches et parfois pures. Le peintre
s'intéresse à la lumière pour elle-même et en fait le véritable sujet de ses tableaux. Recourant à la couleur pure, intense, afin d'illuminer son motif, Mondrian se libère du même coup de tout souci de réalisme : les arbres
peuvent être rouges, ou bien bleus. Cette façon de peindre par touches ou aplats de couleurs pures, qu'on appelle "luminisme" aux Pays-Bas, le mène vers 1909 à la frontière de l'art abstrait.
Mondrian n'est pas encore prêt à renoncer au sujet figuratif et semble un moment faire marche arrière. Sa réflexion théorique, sa curiosité l'ont amené à s'intéresser de près aux spéculations ésotériques de la
théosophie, comme certains intellectuels, d'autres artistes, dont Kandinsky, et un public assez nombreux. La tour du phare, l'église ou le moulin, constructions emblématiques - la lumière qui guide les vaisseaux, le vent
transformé en énergie nourricière (pour le moulin) - prennent alors ostensiblement une "posture" chargée d'un sens symbolique. En vérité, les opinions divergent sur cette période assez brève de l'art de Mondrian. Ainsi
le grand triptyque "Evolution" a-t-il été jugé par certains très significatif des préoccupations d'une époque, ou, au contraire dénigré par d'autres. La nouvelle rigueur que souhaite Mondrian, il va la trouver grâce au
cubisme. Les première soeuvres cubistes de Picasso ou de Braque, présentées en 1911 à Amsterdam, lui sont une véritable révélation qui déclenche sa décision de partir s'installer à Paris. La couleur se fait plus sobre,
plus sombre. Le peintre s'en tient à la nature morte et surtout au paysage qui depuis ses débuts le requiert.

Peu à peu, l'austérité de la palette va céder la place à des couleurs de plus en plus vives et plus franches. Qu'il choisisse un arbre ou un paysage urbain, Mondrian tente à présent d'organiser tout son tableau selon un
réseau de lignes où obliques et courbes sont peu à peu remplacées par les seules verticales et horizontales. En 1914, la toile est devenue une mosaïques de petites figures géométriques de couleurs uniformes.
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