Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Le visage d'en haut


C'est une nouvelle basé sur un registre fantastique avec une légère touche d'humour. A lire comme on le souhaite...



La découverte

« Qu'est-ce que c'est que ça ?! »...
Tel est la réaction de l'homme qui découvre « le visage » le premier.
D'abord de l'interrogation, puis de l'intrigue, pour finir sur de la peur quand on se rend compte qu'il s'agit d'un visage humain. La panique prend l'homme qui s'enfuit aussitôt pour échapper à ce visage qui l'observe du haut du ciel. Comment veut-il fuir ce jugement divin qui le guette de si haut ? Ce destin qui trouble la vie quotidienne dans cette petite et paisible ville de Naheve.
Les habitants s'enferment dans leurs enclos de béton, d'acier et de verre qu'ils appellent « repéres » dans leur langage universel. Ils cherchent à se protéger de ce qu'ils ne connaissent pas, cette « chose » étrangère les effraie. Mais après ce long lapse de frayeur, commence alors une phase que l'on peut appeler : l'analyse de la chose.


L'analyse

« Un vrai visage humain. » C'est la première analyse de la population sur ce qui se déroule au-dessus de ses yeux. Mais ce visage a une signification totalement différente dans l'analyse du scientifique et néanmoins philosophe, le Dr Duref. Cette signification en engendre beaucoup d'autres mais sans vraiment en avoir une qui en vaille la peine.
« Ce visage est la reflexion de l'homme dans son inconscient. Ce visage n'existe pas, tout ceci est imprimé sur la rétine du sujet, celui-ci est en quéte de son propre jugement. Le jugement de lui-même par lui-même. »
Un petit résultat d'analyse qui peut passer mais qui reste quand même pas très convaincant. Cela serait donc, pour le docteur, une hallucination collective, la même vision de folie faite par plus de dix milliards de personnes exactement au même moment ; dans ces cas là, on peut dire que nous sommes dans le plus gigantesque asile de fous de l'univers. Il ne faut donc plus se poser tant de questions et il faut donner une seule affirmation : nous sommes tous fous !...
Mais le Pape a une autre analyse à soumettre, tout aussi farfelue que la précédente. En effet, il affirme que ce visage est la représentation du tout-puissant qui descend dans ce monde pour apporter le jugement dernier à tous les pêcheurs. « Il ne faut pas chercher à comprendre ou alors à affronter cette vision. Il nous faut juste prier pour qu'il nous pardonne tous nos pêchers avant de subir sa colère divine. Le jour du jugement dernier est venu ! »
Voilà donc le fin mot de ceci, ce visage a en fait une signification spirituelle et ce n'est qu'un message de celui qui est,... tout s'explique !
Nous avons ensuite une autre hypothèse pour ce phénomène paranormal et nous le devons au Caporal Rhitel. « Ce n'est ni une recherche de soi ni un jugement divin, c'est une arme absolue envoyée par les Américains pour venir nous détruire en provoquant un mouvement de panique générale dans la civilisation de notre cher peuple de bons aryens. »
Les Américains bien-sûr, comment ne pas y avoir pensé plus tôt, ça ne peut être qu'un complot de ces gens là, rien d'autre.
Malgré tous ces « spécialistes » qui se battent pour trouver une explication à tout ça, rien de convaincant n'est trouvé. Mais il ne faut pas abandonner et il faut trouver une solution à ce problème venu d'en haut.


La recherche

« Il nous faut une solution, le peuple ne peut pas rester dans ce doute du jugement ! »
Le président Schabiruch tient à ce que sa ville soit totalement sécurisée, il ne veut aucune crainte dans les esprits de ses citoyens. « Il faut nous montrer tels que nous sommes : les plus puissants ! » autant pour moi...
Ce visage devient un obstacle dans la certitude de pouvoir qui réside en « l'âme » des gens de pouvoir. Il montre que l'on trouve toujours meilleur que soi et cela dérange dans les hauts rangs. Il faut vite se débarrasser de ce « trouble-pouvoir. » Il ne conçoit pas une attaque militaire, ça serait vraiment trop primaire et même primitif. « Nous ne sommes pas des monstres », la guerre envers l'inconnu n'a jamais était bénéfique...
« Vite, il faut réunir tous les conseillers pour trouver un moyen de régler ce problème sans en créer d'autres. » Il faut prévenir tout le monde.


La crise

Le monde a été appelé, le monde arrive. Toute la population s'entasse dans les transports en commun, que ce soit bus, train, métro ou avion pour arriver sur le lieu de l'action pour voir de plus près le phénomène. Tout bouge autour de ce visage qui n'a pas changé d'expression depuis son apparition dans le ciel. Le visage reste avec un regard droit comme s'il visait quelque chose de précis. Une expression froide, pas un sourire. Le visage qui laisse un mystère dans son sentiment présent. On ne peut pas savoir s'il est triste, heureux, énervé ou déprimé. C'est juste un visage qui regarde. C'est sûrement ce regard qui dérange, il pose trop de questions sans même les poser explicitement. Ces questions rendent tout le monde fou. Il faut que ça se termine pour de bon.
La population de la ville, qui a triplé en deux jours à cause de l'événement, devient de plus en plus inquiète, l'ambiance devient de plus en plus électrique. Cela reste quand même en tout bien tout honneur, mais c'est déjà trop pour cette petite ville qui est d'ordinaire très calme. Avant, c'était un vrai paradis...


La solution

« J'ai trouvé la solution ! » S'écrie le capitaine des pompiers de la ville.
Il avait buché sur le problème pendant deux jours et deux nuits pour venir en aide à ses concitoyens car, lui, le visage n'a pas l'air de le déranger trop. Il se dit que ça fait une très belle décoration pour le ciel de cette ravissante ville. Ça fait très art contemporain.
« J'ai trouvé la solution ! J'ai trouvé la solution ! J'ai trouvé la solution !... » Le capitaine ne cesse de hurler cette phrase ce qui entraîne une grande impatience pour les gens du pouvoir qui veulent absolument savoir quel est ce miracle qui rétablira le calme dans ce petit bout de paradis.
« Alors, alors, alors ? » Le président Schabiruch veut absolument savoir pour ainsi agir au plus vite. Il tient absolument à arriver à bout de ce problème pour pouvoir sauver ses électeurs. « Vite, il nous faut absolument cette solution, il faut en finir ! »

Le capitaine se tourne vers un mur de la salle de réunion où tout le conseil de crise s'est réuni, il voit un portrait de ce cher président. Il s'en approche et il arrache l'affiche d'un coup très violent. Ce geste brusque provoque une réaction de surprise générale suivie de quelques rales venant des fidèles du président Schabiruch. Le capitaine tend l'affiche à bout de bras, il la montre à l'assistance avant de la lâcher pour la laisser tomber au sol.
« Où voulez-vous en venir capitaine ? »
La théorie du capitaine des pompiers est finalement très simple mais sa réalisation exige beaucoup de main-d'oeuvre et surtout un budget astronomique.
« Le visage s'est approché de nous, il nous faut aller à lui. »
Un brouhaha d'étonnement se fait entendre dans l'assistance face à cette phrase mystérieuse mais qui ne reste pas longtemps sans explications.
En fait, il faut tout simplement construire une immense échelle de pompiers que l'on installe ensuite sur le grand camion de la caserne. On fait monter l'échelle jusqu'au visage et l'un des pompiers, un volontaire, monte tout en haut et décroche le visage du ciel. C'est aussi simple que d'enlever une affiche sur un mur. Il faut maintenant que tout le monde se mette au travail et au plus vite car si le visage nous tombe sur la tête : C'est la fin de notre univers.


La fabrication

« L'Echellonnier » (le fabricant d'échelle de la ville se fait appeler comme ça) reçoit la plus grosse commande de toute sa carrière, une échelle aussi grande que 125 repères les uns sur les autres.
Il faut savoir que même si cette ville est petite il y a suffisamment de place pour que tous les habitants aient leurs propres repères. La plupart du temps, ce sont des petites cabanes faites en briques très fines, les murs sont épais de quelques centimètres et cela suffit car il fait toujours beau et la pluie tombe uniquement sur les champs nécéssaires pour une bonne culture (de quoi nourrir aisément toute la population). Sinon, le mauvais temps est inexistant dans cette ville qui contient plus de 3 millions d'habitants. Les repères sont placés en rangées et réunis dans des petites cités selon les affinités des habitants entre eux. Comme ça on ne peut déplorer aucune dispute de voisinage. La majorité des cités est constituée entre la famille et les amis. Ce sont les habitants eux-mêmes qui forment ces cités, tout se fait selon leurs souhaits...
Bref, l'échelle est construite en un temps record car les employés de tous les ateliers de bricolage ont mis la main à la pâte pour aider l'échellonier qui s'est contenté d'en dessiner les plans et d'organiser la fabrication. Maintenant le plus difficile est d'assembler les petits bouts d'echelle entre eux. Car, pour faciliter la construction, l'échellonnier a décidé de former des équipes et a donné à chacun une distance bien définie d'échelle à faire.

Il faut trouver un moyen de monter l'échelle mais pour cela il faut une distance au sol suffisamment longue pour pouvoir la coucher. Pas de problème, la famille Morbenuse accepte de raser sa cité pour pouvoir avoir la place de réaliser l'assemblage de ce record.
[La cité de la famille Morbenuse comporte plus de 150 repères pour 450 habitants : La cité la plus vaste de la ville. En effet ce sont des gens qui aiment faire la fête et donc ils ont un cercle d'amis très vaste. Beaucoup de fêtes sont organisées dans cette cité, donc les constructions commencent à faiblir. Ce projet de l'échelle est donc une excuse pour faire raser la cité et qu'ainsi, après les travaux, ils puissent demander très facilement au président de payer toute la reconstruction.]
Le terrain est enfin prêt, l'assemblage peut commencer. C'est très rapide... c'est fait !

Mais le second problème se présente maintenant. Comment installer l'échelle sur le camion de pompiers ?

C'est très simple il faut juste que deux grues soulèvent l'échelle à chaque opposée et qu'ainsi on puisse glisser l'échelle dessous et l'accrocher dessus. Les deux grues sont là en une heure car le « Grutier » (le fabricant de grue...) en a justement deux en stock ; car, quand la clientèle manque, il s'amuse à en fabriquer et à les détruire ensuite, comme ça il ne s'ennuie pas.
Les grues sont installées et soulévent l'échelle sans difficulté. Un vrai jeu d'enfant ! Le grutier doit être content, enfin de la distraction ! L'échelle se balance un peu mais cela reste raisonnable, on peut l'installer sur le camion, enfin.
Le meilleur homme du capitaine des pompiers, le jeune Julien Donaf, est chargé de conduire le camion jusque sous une des extremités de l'échelle. L'affaire est assez délicate car il faut que le véhicule soit dans un parfait alignement avec l'échelle qui se trouve juste au-dessus. Une mince affaire pour le pilote d'exception qu'est le jeune Julien. Mission accomplie ! L'échelle et l'engin sont dans une harmonie totale. Les deux plus grands et plus forts des pompiers grimpent sur le camion et terminent ce travail d'accouplement. Un nouveau bébé fait son apparition !

Le trajet entre le « champ » des Morbenuses et le lieu idéal pour atteindre le visage est assez long et périlleux. Malgré le talent sans égal de Julien dans l'art du pilotage, on est obligé de raser des toits de plusieurs repéres pour qu'ainsi le camion puisse prendre convenablement son virage. Plusieurs cités se retrouvent d'un coup à l'air libre (...invention d'un certain « toit ouvrant »). Malgré les dégats, la foule acclame le passage du camion. On se croirait au passage de la course de vélo qui fait le tour de la ville, c'est toujours l'événement de l'année, mais on ne comprend pas vraiment pourquoi... L'arrivée de « l'échellier » (le surnom du camion par les habitants...) se fait sous des cris de joie. Toujours des excuses pour faire la fête... On installe le camion au sommet de la petite colline du grand pommier (le symbole de la ville) et on commence à déployer l'échelle...

Deux jours plus tard, l'échelle est enfin déployée. C'est vrai qu'elle est grande cette échelle ! C'est enfin l'heure de monter au sommet et enfin de décrocher cette affiche qui décore le ciel.


L'ascenscion

L'élu de cette mission est le capitaine des pompiers. Après tout, c'est son idée ! Donc il doit monter tout en haut de l'échelle et il doit ensuite décrocher le visage avec une petite pince que le président lui a très gentiment offerte. Il fait ses adieux et commence à monter sous les acclamations de la foule qui scande son nom.

Voilà déjà deux heures qu'il monte les échelons de cette machine qui paraît interminable. Il porte un casque, de peur de se cogner la tête contre le plafond... La fatigue ne le touche pas mais l'effort lui donne très soif. D'un coup, une mouette se pose juste à coté de lui. Bizarre de trouver un oiseau marin dans une ville où il n'y a pas la moindre goutte d'eau. Une petite gourde est accrochée à sa patte, on peut lire une étiquette collée dessus : « offerte généreusement par M. le président Schabiruch. ». Le capitaine boit d'un trait et jette la bouteille dans le vide. Jusqu'ici tout va bien. Vive l'aterrissage ! L'ascension reprend de plus belle dans le ciel dont le sommet se rapproche de plus en plus.
Il ne reste plus beaucoup d'échellons, le capitaine voit le visage qui se rapproche très rapidement. Il ne reste plus qu'une trentaine d'échellons,... plus que vingt,... plus que dix,... ENFIN. Il est devant le visage, il sort la pince de son gros blouson (il fait froid tout en haut !). Il va pour décrocher le visage mais celui-ci a disparu d'un coup. Le ciel est redevenu aussi vide qu'avant. Plus rien ! Le pompier ne comprend pas, il a dû lui faire peur...
Aussitôt, un grand grondement se fait sentir ! Tout bouge ! A tel point que l'homme est déstabilisé et tombe dans le vide... il plane...


?

La maman prend la poupée...
« Alice je t'ai déjà dit de ne pas poser tes poupées sur ta maison de jeux, elle est en toile et elle risque de se déformer. » La petite Alice entre dans la chambre avec une poupée dans les bras, elle s'amuse à la coiffer tout en marchant.
« Je sai maman, j'lai pa fé exprai, je voulé jouai avec mai poupai. » La maman sourit devant sa petite fille si mignonne. Comment faire des reproches à un ange pareil ?! La maman pose la poupée dans la malle en osier située juste en face de la maison en toile, elle remarque quelque chose...
« Alice, c'est quoi tous ces petit bonhommes et ces petites maisons en papier dans ta maison de jeux ? »
« C'é ma vil, ces caveque dai jenti, persaune n'ai maichen dan mon mond, je jou a un mond genti com dan le desain annimai ke tu ma achetéé... »
C'était son paradis.
La maman sourit et laisse la fillette à ses jeux...
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