Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Confusion éternelle, volontaires blessures


Automutilation en clair...



Un appel au secours ou à la lutte? Face à l'impuissance et à l'incapacité légitime d'autrui à m'aider, le désir de faire peau neuve se taille sur ma peau. Entièrement consentante à l'idée de fixer des limites à même la peau ou au contraire de donner lieu à ma propre mutation : me transformer par rapport à ce que j'ai été et ce qui me semble encore me définir. Obtenir une nouvelle identité corporelle, enfin devenir maîtresse de mon propre corps : la lacération est mienne et je ne la subis plus des autres.
Souhait de faire ressortir de la profondeur de mon être le symbole de ma pleine existence, sans vouloir complètement virer de bord... Cependant face à mon existence qui s'étale et parcourt mon corps, il me reste le besoin de m'assurer de la présence d'un véritable motif à la souffrance, une justification présente et non un fantôme qui me hante.
Mais cette douleur démesurée infligée par mes soins va pour lutter contre une souffrance infiniment lourde. Il s'agit malgré elle d'une volonté de vivre et de dépasser la souffrance plus profonde et de se concentrer sur celle en surface, bien plus actuelle. Je m'inflige un mal pour cesser de penser à un autre, maudit et résistant, c'est une manière de l'extirper de mes pensées quotidiennes. Cette atteinte corporelle est la seule forme de contrôle, pour moi qui ait perdu le choix des moyens et qui ne dispose d'autres ressources pour me maintenir en vie, tellement je suis devenue incontrôlable dans mes gestes et ma manière de penser, complètement noyée dans mes lamentations.
Je ne choisis plus, seule cette solution s'offre à moi pour faire face au fait que je me haïsse sans que je ne puisse le comprendre : c'est le regard porté par ces êtres malsains d'hier qui m'a convaincu puisque cette hostilité s'est retournée sur moi.
Les blessures qui se dessinent sur ma silhouette me permettent de renouer entre les frontières extérieure et intime : le regard d'autrui et ce que je suis sans lui. Sûrement également pour attirer l'attention sur les cicatrices en surface, sans doute pour laisser entrevoir les blessures intérieures.
Toutefois, pendant certains moments de lucidité "heureuse", je constate mes cicatrices qui m'avaient donné un sentiment d'apaisement il y a quelques temps, et j'ai peur de tomber dans l'engrenage, l'addiction, la dépendance qui pourrait entraîner ma destruction un jour... Mais encore faudrait-il que je parvienne à identifier une autre échappatoire afin d'éteindre certaines mémoires au quotidien...
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