Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Cradle Of Filth : Damnation And A Day


Voici une critique approfondie du dernier opus de ces Anglais qui ont toujours la soif de sang !



En l'an 2002 je me suis surpris à adorer l'album Untouchables de Korn, un groupe qui m'était pourtant jusque là apparenté à de la grosse merde. En 2003 vous pouvez prendre cette même phrase avec Cradle Of Filth et leur album Damnation And A Day car bondiou de crénom cette galette d'immondices est succulente. Tout d'abord le concept de ce Damnation And A Day est ambitieux comme toujours avec Cradle. Les textes sont sans doute parmi les plus travaillés (et les plus longs) de tous les genres de metal confondus. Mais qu'est qui m'a fait subitement changer d'avis sur ce groupe ? Serait-ce le fait que le combo ait pu enfin utiliser un orchestre complet pour accoucher de ses parties symphoniques pas franchement évidentes ? Sans doute car ces orchestrations sont en tout point remarquables et surtout admirablement dosées sur l'ensemble de cette oeuvre. Damnation And A Day se compose de 4 chapitres introduits par un interlude symphonique. Ceux ci sont somptueusement bien incorporés au concept.

Le mixage et la production se sont considérablement améliorés eux aussi. Le changement le plus notable réside dans le son de batterie qui, bien que toujours en retrait, est audible et bénéficie d'un semblant de production. On ne peut pas en dire autant de la basse. Toutefois, contrairement aux rondelles précédentes du combo, on devine qu'elle est là mais on a du mal à discerner avec beaucoup de précision ce qu'elle joue.

Les 76 minutes de Damnation And A Day passent à toute allure et Cradle n'a pas le temps de nous barber un seul instant. Les parties symphoniques se retrouvent également distillées sur certains titres ce qui ne fait qu'augmenter leur aspect théatral grandiose, comme sur The Promise Of Fever. Ce qui m'a réelement plu sur Damnation And A Day est cet incroyable équilibre entre death, black et mélodie. Cette dernière attient des sommets sur le riff de Hurt and Virtue. Le côté death est lui extrêmement présent sur An Enemy Led The Tempest.

La voix de Dani s'est vraiment améliorée à un point où l'on peut dire qu'il est aussi à l'aise dans le chant black ou les dans les quelques cris death poussés ça et là. Même s'il a toujours voulu varier au maximum les tonalités, il est indéniable qu'il n'y est jamais aussi bien arrivé qu'en 2003. Le titre An Enemy Led The Tempest est presque entièrement death même au niveau de la musique : on croirait du "Cruelty And The Beast meets In Flames". Dani, changeant ses habitudes, reste quasi exclusivement dans un registre de chant sombre. Et le résultat est épatant, certainement un des tout meilleur titre de Damnation And A Day.

Le deuxième chapitre est introduit par Damned In Any Language (A Plague On Words) où l'on peut entendre avec bonheur un narrateur digne des films hollywoodiens !!! C'est un vrai régal surtout que là encore les orchestrations sont sublimes, très originales et jamais bêtement pompeuses. On enchaîne direct sur un titre coup de poing Better To Reign In Hell aux riff et refrain décoiffants. Comme toute la musique présente sur cette galette on voit que le groupe se focalise sur la qualité immense de composition de Dani Filth et non pas sur de stériles démonstrations techniques. Car niveau composition, Dani Filth joue dans la cour des très grands ! Rarement un morceau a une construction linéaire, tout n'est que rebondissements par breaks successifs.

Le côté mélodique très riche sur Damnation And A Day se rematérialise sur Serpent Tongue où le piano apporte une touche de douceur fort bienvenue ! Mais ne vous y trompez pas le titre évolue vers du pur black où la batterie martèle comme il se doit ! Mais avec intelligence, Cradle n'abuse pas de ces artifices stéréotypés et va systématiquement de l'avant. Carrion est quant à lui représentatif de l'aspect heavy de la musique de Cradle. Les éléments sont tout comme sur The Promise Of Fever dosés avec parsimonie pour décupler leur effet. Bien que les lignes vocales des couplets soient la première faute de gout décelée depuis le début du disque, ce titre est sublime grâce (encore) à un super riff et à des parties post refrain mélodiques très agréables.

The Mordant Liquor Of Tears est l'interlude qui se rapproche le plus d'un score de film. L'illusion est parfaitement et les choeurs sont tout droit venus de l'esprit gothique de Danny Elfman. Encore une interlude qui frappe en plein dans le mille donc ! Le titre qui s'enchaîne est Presents From The Poison Hearted qui à de forts relents de King Diamond dans le refrain. C'est surement le titre qui ressemble à ce que Cradle a fait jusque là, il est donc normal que je l'apprécie que moyennement. Le break au clavecin est intéressant mais trop court, mention spéciale au refrain de ce titre qui est un de meilleurs sur ce disque d'une qualité exceptionnelle. Sonorités arabes de rigeur pour introduire Doberman Pharaoh. L'occasion pour moi de saluer le travail des chroristes, discret, mais sans qui Damnation And A Day ne serait pas tout à fait le chef d'oeuvre qu'il est. Cradle Of Filth contrairement à ce que font la plupart des groupes jouant avec un orchestre ne commet jamais l'erreur de le surmixer; pas de doute possible, les Anglais sont bien les maîtres à bord.

Cela a pour conséquence de donner un son uniques aux orchestrations car nous ne sommes que très peu habitués à les entendre si sous mixées. Doberman Pharaoh possède nombreuses parties calmes, limite atmosphériques et pourtant ce titre n'est pas au niveau de ses illustres prédécesseurs. Rien à jeter tout de même. On tape toujours dans le très niveau. Babylon AD (So Glad For The Madness) continue dans la voix tracée par Doberman Pharaoh à ceci près qu'il est pleinement réussi. La basse est même totalement audible par instants !!!

Dernier chapitre introduit par A Scarlet Witch Lit The Season qui est sans doute possible la moins bonne intro de Damnation And A Day. Pire elle casse presque le rythme effréné qui a été maintenu jusqu'ici avec brio. Certainement conscient de cela, Dani l'a faite courte (moins d'une minute). Mannequin est assez tradionnel si ce n'est un effet sur la voix assez étrange (un vibrato-techno très artificiel) mais bien à sa place. Le riff est répétitif et mélodique et Dani complétement enragé. On en demande pas plus !! Thank God For The Suffering débute sur un riff très lent : on pourrait penser à une ballade d'autant que cela ne s'emballe pas beaucoup ! L'ambiance est lourde, sombre et très empreinte des orchestrations à l'instar d'un bon Therion. La fin du titre est moins intéressante car trop brouillon... dommage.

Pour terminer en beauté rien de tel qu'un titre speedé suivi comme son ombre par une outro. Cradle Of Filth le sait bien. Ainsi The Smoke Of Her Burning n'est pas le titre réservant le plus de surprises de cet opus mais la qualité elle est bien là et le cri caverneux bien death aussi. End Of Daze est à l'image de l'ensemble de Damnation And A Day : des accords dissonants formant une oeuvre attirante par son côté occulte.



Si cette chronique vous a plu, rendez vous sans plus attendre sur mon site qui comporte des centaines de chroniques de disques metal, rock et électro! Merci!
Extrait du site https://www.france-jeunes.net
Tous droits réservés