Extrait du site https://www.france-jeunes.net

La réalité socio-culturelle africaine face à la notion d'unité : le cas


Face aux multiples clivages que connaît l'Afrique aujourd'hui, il convient de mener un combat à caractère purement endogène et spécifiquement culturel...



La question d'unité africaine est assez complexe et suscite un intérêt particulier autant sur la scène continentale qu'internationale. Pourtant, cette nécessité d'entraide réciproque ne date pas que d'aujourd'hui. Elle pris forme il y a près de 40 ans par la création de l'OUA, toute première organisation supranatinale de l'Afrique indépendante. Les contours de l'unité ont-ils été mal définis, ou simplement difficiles à atteindre ? La question reste d'actualité. Toujours est-il que l'objectif premier des Etats africains était et reste la recherche d'action commune sur le plan politique et économique, dans le cadre d'un organisme d'intégration et non celle d'un état de concensus généralisé et de globalisation unilatérale. Ainsi pouvons-nous concevoir le concept d'unité africaine comme étant une réalité destinée à s'afficher au travers d'une dynamique endogène d'éssence africaine. Face à l'égocentrisme des uns, au patiotisme et à la dénaturalusation grandissante des autres, l'afro-péssimisme s'érige en emblème continental, et empêche la réalisation d'un programme assi exceptionnel que celui-là. Comment donc réaliser cette unité à l'échelle continentale si chaque pays africain se voit dans l'incapacité d'affirmer sa propre identité politique, économique et surtout socio-culturelle ? C'est en effet sur ce dernier aspect que nous axerons nos propos, à cause de son importance. Pour matérialiser l'obstacle socio-culturel à la réalisation de l'unité africaine, nous nous contenterons d'analyser le cas du Cameroun.
Au Cameroun, comme partout en Afrique, le potentiel humain s'identifie par sa diversité. Situé en plein coeur de l'Afrique, le pays du "Char des Dieux" aurait été dans des périodes reculées, le point de convergeance de nombreuses migrations des peuples venus pour la plupart de la Vallée du Nil : c'est ainsi qu'on y retrouve dans sa partie septentrionale, les Kotoko (descendants des Sao), les Arabes Choa, les Mboum et surtout les Foulbé arrivés au début du 19è siècle sous la conduite d'Adama. Plus au sud, c'est le domaine Bantou issu de la frontière nigéro-camerounaise (Dikoa) et à l'ouest, les semi-Bantou qui partagent des liens historiques et traditionnels avec les Tikar. Au total, plus de 150 groupements ethniques dicéminés sur une superficie de 475000 km², chacun d'eux galonnés d'une vision spécifique du monde : la tradition du grenier en pays Batcham, le caractère belliqueux des Eton, la galenterie Sawa et l'air bonasse des Kirdi. Cette diversité ethnique conditionne à certains égards l'appartenance aux partis politiques et pose l'épineux problème de la répartition des bénéfices du travail. Aussi l'action gouvernementale est-elle freinée par de multiples doléances aussi contradictoires les unes que les autres.

Il s'agit pour la plupart des régions côtières qui furent les premières à s'initier à la diplomatie et qui bénéficieront des premiers postes dans l'administration coloniale (Douala et Beti). Sur un autre plan, le Cameroun présente une mosaïque de religions fort disparates. Le traditionnel "animisme" ayant cédé la place à l'évangélisation christiano-musulmane, le dualisme réligieux s'impose en avatar suspect aux contours obscurs. Dans ce pays où l'oisiveté des jeunes, l'insécurité et la pauvrêté ambiante constituent le lot quotidien des hommes, les sectes et autres organismes peu recommandables y trouvent un terrain fertile d'évangélisation et/ou de perversité spirituelle.

Au-delà de l'aspect réligieux, soulignons les rivalités qui opposent momentanément les groupements ethniques, conflits justifiés soit par des conquêtes hégémoniques, soit par des rancoeurs séculaires datant de la période esclavagiste. Par ailleurs, le contraste aveugle opposant le "môtoh" (fils de l'étranger) au "môlah" (fils du pays) souligne l'orgueil et la spécificité culturelle des différentes ethnies. C'est peut-être la seule chose qu'ils aient en commun : le fait de glorifier la loi sacrale du mariage inter-clanique. Les ères linguistiques héritées de la colonisation (anglais et français) sont d'un apport déterminant dans l'illustration de l'obstacle socio-culturel dans la réalisation de l'affirmation de l'unité. Le Southern Cameroon National Council (SCNC) revendique toujours la souveraineté de l'ancien sud Cameroun britannique.

Au vue de tout ce qui précède, on est poussé à croire que l'ennemi de l'Afrique ce sont les Africains eux-mêmes. Cependant, se cantonner dans une telle affirmation serait vider de son sens premier la notion de diversité culturelle qui pourrait également désigner un signe de richesse et de variété en couleur. L'issue pour les Camerounais et pour les Africains en général se trouve dans la valorisation des principes fondamentaux de leur culture à savoir, la famille, l'amour, le respect des personnes âgées, et la solidarité.
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