Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Placebo : Sleeping With Ghosts


Placebo est de retour, entre bonnes idées et utilisation décevante des recettes du passé...



Ca y est, après un peu plus de deux ans d'attente, le nouvel album de Placebo est là ! Et si "Sleeping with ghosts" peut décevoir à la première écoute, c'est toujours un plaisir de retrouver les trois garçons et leur atmosphère torturée...

Petit rappel des faits : en 1996, un groupe inconnu sort leur premier album, qui porte le nom du groupe : Placebo. Un album plein de rage, de colère, et qui va détonner en rencontrant un succès inattendu. En 98, nouvelle (et énoooorme) surprise : la sortie de "Without you i m nothing" va mettre tout le monde d'accord sur le talent du groupe. Entre single ultra efficace ("every you every me") et chansons magnifico-déprimantes ("without you i m nothing"), le groupe impose son style... Et commence également à bien faire parler de lui pour son attitude, son look, et ses déclarations fracassantes : Stefan Olsdal s'affirme clairement en tant qu'homo, et Brian Molko, leader charismatique (so cute !), n'affirme rien su tout en adoptant un look adrogyne et en se déclarant bisexuel... Sexe, drogue et rock'n'roll, mon Dieu, c'est le retour du Glam ! Bref, ça cartonne !

Et en 2000, Placebo sort "black market music" et le soufflé retombe un peu... Critiques moyennes, le groupe semble avoir un peu de mal à se renouveller... Pourtant, Brian et sa bande commence à toucher au rap, à l'électro, et ça marche plutôt bien. Ajoutez quelques titres d'une rare efficacité (Taste in Men, Slave to the Wage, Special K), et voilà un album plutôt très bien ! Et la monstrueuse tournée que Placebo va effectuer (y a-t-il encore un village dans lequel le groupe n'ait pas joué ?!) va finir de convaincre le public de la vigueur du groupe !

Bon, tout ça n'est juste qu'une intro, des articles consacrés uniquement au groupe existe... Le but de cet article est donc le dernier opus du groupe : "sleeping with ghosts". Globalement, le ton ne change pas fondamentalement : du single efficace purement placebien (??) "the bitter end", à la chanson totalement déprimante "sleeping with ghosts", tout ça ne transpire pas l'originalité... Et c'est dommage parce que sur quelques chansons, Brian se lâche un peu plus et nous offre des morceaux magnifiques ! Détaillons l'album, en nous suivant évidemment pas l'ordre des chansons !

Bulletproof Cupid : une fois n'est pas coutume, Placebo ouvre son album par un instrumental... Et quel instrumental ! Une musique aux guitares saturées, ça crache dans tous les sens, bref, on se croirait limite retourné à la grande époque du punk ! Une ouverture magistrale, qui met la patate et vous donne envie d'écouter vite vite la suite !

English Summer Rain : à mon avis LA chanson de l'album (ceci dit, tout le monde ne semble pas d'accord avec moi !). Une des chansons les moins représentatives du style Placebo tel qu'on le connait, avec la voix de Brian faible, voire etouffée, retravaillée sur ordinateur. La mélodie des couplets est très basique, dépouillée, alors que la chanson décolle dans les refrains, la voix si spéciale de Brain se fait plus légère, aérienne... Bref, c'est très réussi !

The Bitter End : le premier single extrait de l'album. D'un côté, la chanson est plutôt réussi, efficace, et reste du pur Placebo... mais d'un autre côté, on est un peu frustré quand même ! Tout ça n'est pas très original quand même, et est finalement moins réussi que "every you every me" (mais cette chanson ne serait-elle pas inégalable ?) ou "special K". On s'attend à ce que Brian soit plus pêchu, et pourtant, on doit attendre les dernières secondes pour que la chanson devienne vraiment sur-vitaminée. Bref, bien, mais pas top...

Something Rotten : une chanson géniale également, mais bizarrement, peu de gens l'apprécient... Un autre morceau très original, à mi chemin entre rock et électro. Finalement, un tel morceau pourrait se rapprocher d'une chanson de Kid A de Radiohead... Bref ! Une musique là encore très dépouillée, parcourue de bruits électroniques bizarres, la voix trainante de Brain Molko... tout ça ne respire pas l'optimisme ! Au milieu du morceau, une pause : la musique se fait calme, reposée avant qu'un flot de guitares saturées, très agressives au milieu de ce calme, ne viennent faire replonger la chanson au fin fond de la dépression... Un morceau bizarre, mais très original, et réussi.

This picture : là encore, pas de grande originalité mais ça reste efficace : une intro rappellant vaguement Trash Palace, couplet, refrain, couplet, refrain puis une conclusion qui s'agite vraiment et nous fait aimer cette chanson ! Sans être un chef d'oeuvre, cette chanson reste très sympa à écouter !

Sleeping with ghosts : beaucoup de gens adorent cette chanson... Perso, je la trouve moyenne car trop comparable à "without you i m nothing" (et là, pour le coup, la comparaison n'est pas très flateuse !). Grosse déprime pour Brian qui traîne son désespoir au son d'une musique lente. C'est assez beau finalement, mais là aussi, ça sent un peu trop le réchauffé...

Plasticine : efficace, bien foutue, très nerveuse... ça transcende pas (encore une...), mais ça reste très écoutable !

Special needs : une petite ballade tout ce qu'il y a de plus classique... les "bien mais pas top" commencent à s'accumuler !

I'll be yours : une musique assez dépouillée, des paroles qui reviennent en boucle, une rythme constant ni speed ni mou... cette chanson est assez hypnotisante !

Second Sight : c'est nerveux, Brian s'agite, mais bon, c'est pas transcendant d'originalité... mais en musique de fond, c'est sympa...

Protect me from what I am : une bonne surprise ! Sur une musique assez calme, Brian Molko déprime doucememnt lors des couplets, alors que les refrains sont plus agités, disonants et torturés. Le style Placebo est bien là, mais on sent une énergie nouvelle, et une certaine originalité qui font vraiment du bien !

Centrefolds : Brian chante sur une musique calme et dépouillée, composée de quelques notes de piano. C'est assez déprimant, et c'est sur ces notes mélancoliques que se referme l'album...

Voilà, en résumé, globalement c'est plutôt sympa, mais à part une ou deux chansons, rien ne sort véritablement du lot... Et c'est hyper dommage ! Soit on a droit à du Placebo basique, entre chansons efficaces et morceaux lassants, mais sans grand charme, soit le groupe explore de nouvelles voies, mais semblent se brider lui-même, s'impose une certaine retenue, qui font qu'on est un peu frustré... "English Summer Rain" et "Something Rotten" sont très originales et très réussies, pourquoi ne pas avoir exploré plus à fond cette voie ?! On a l'impression d'être passé à deux doigts du "Kid A" de Placebo, zut ! Alors soit le groupe va continuer à naviguer entre deux eaux, en faisant une musique efficace mais perdant à chaque fois un peu de son charme, soit "sleeping with ghosts" représente l'album de transition entre la période "rock" de Placebo, et une période plus ouverte vers d'autres genres, ou vers un renouveau de leur musique...

J'ai longuement hésité entre 3 ou 4 étoiles pour cet album... J'en ai mis 4 finalement, parce que malgré la déception, le style Placebo est toujours là : les paroles déprimantes, la voix si particulières de Brian Molko, et je l'espère, une énorme patate sur scène pour défendre l'album !

(A noter : Placebo assure pas mal en marketing et a l'habitude de sortir leu single en différentes versions, et bourré de chansons inédites... Et sur le single de "bitter end", on a droit à une reprise rock de "daddy cool" ! Futile, voire inutile, cette reprise n'en est pas moins complètement jouissive ! Comme quoi, on peut aussi déconner et combler ses auditeurs !)
Extrait du site https://www.france-jeunes.net
Tous droits réservés