Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Un cinquième mort innocent


Deux mois, deux mois que ma vie a cessée. Que la leur a cessée. Tués, par un pauvre drogué, ma famille est Morte, Morte, Morte. Depuis, je ne vis plus, ou presque... Sur mon lit d'hôpital je vous écrit, pour la dernière fois.



Je ne sais pas d'où je tiens cette force qui m'oblige à vous écrire. La seule chose que je peux comprendre, c'est l'envie de rendre hommage à toute ma famille avant de partir, avant de les rejoindre.
Bientôt, je vais mourrir. Ce n'est plus la peine que les médecins de l'hôpital ou je suis interné me nourrissent, je ne suis plus rien. Il y a quelques mois encore, j'étais heureux de vivre, fou de mes proches, j'avais toujours la pêche. Et maintenant, je ne suis plus qu'un minuscule petit squelette dans une chambre vide, blanche, qui sent l'hosto. Je ne me reconnais plus. Je ne sens plus mes forces. Entre chaque mot que je vous écrit, je dois m'arrêter, pour me reposer. Cela fait maintenant deux mois que le drame est arrivé. Que je ne mange plus, que je ne parle plus, que je ne bouge plus. C'est la première fois depuis deux mois que je bouge, pour leur rendre hommage. C'est ma vie qui a cessée, le jour ou ce connard de drogué les a tués. Tous : ma mère, mon père, mon frère et ma petite sœur, qui avait un an à peine, et qui n'avait toujours pas connu la vie. Ma vie a cessée le jour ou ce drogué était au volant de sa voiture, ivre. Il leur a foncé dedans. Eux, ils n'avaient rien, rien fait pour mériter ça. Lui, ce connard, s'en est tiré avec à peine quelques égratignures, un séjour d'une semaine à l'hosto, une peine de prison légère pour ce qu'il a fait. Il a tué 4 personnes folles de vie, et il est en train d'en tuer, mais en la faisant souffrir, cette fois, une quatrième, moi.
Moi, j'ai 14 ans, je m'appelle Antoine. Depuis bientôt deux mois je refuse de parler, de m'alimenter, même de bouger. Comment pourrais-je vivre sans eux ? Et puis, hier, un médecin, pendant que je dormais m'a emmené cet ordinateur portable. Alors, je me suis dis que de parler d'eux, et de moi par la même occasion, leur rendrais un dernier hommage. Si j'avais encore la force de pleurer, je pourrais pleurer, pleurer pendant des heures, des jours. Mais j'ai tellement pleuré que je n'ai plus assez de larmes et d'eau dans mon corps. Les médecins croient que je n'entends plus, alors ils disent, aux gens qui viennent me voir, et que je ne reconnais plus, des choses horribles sous mes yeux. Ils leur dise que bientôt, ils ne pourront plus me faire vivre, qu'ils vont me débrancher peu à peu. De toute façon, je n'ai pas envie de vivre. Je n'ai plus envie de vivre. Une fois, une ancienne camarade de classe m'a demandé ce que je voulais, qu'est ce qui m'arrivais, que ma vie n'était pas finie. J'aurais aimé lui hurler que c'était ma famille que je voulais. Il n'y a que ça qui pourrait me faire revivre. J'ai envie de mourrir, pour ne plus souffrir, pour ne plus penser à eux. Pour les revoir, qui sait... Je les aime tellement. Les journées paraissent longues à l'hôpital, mais je m'en fous. Plus rien n'a de l'importance dans ma vie, de toute façon. L'autre jour, mon entraîneur de natation est venu et m'a dit : mais qu'est ce que tu fous, bon sang, tu vois pas que tu fous ta vie en l'air ?? Tu ne vois pas que plus jamais tu ne pourras nager ?? Le club a besoin de toi, tu le sais ça, non ? Mais qu'est ce qu'il avait, lui, a me dire ça ? Il ne voit pas que plus rien m'intéresse, a part mourrir ??
Voilà, c'était la dernière fois que je parlais, à ma façon. Bientôt, je vais mourrir. J'aimerais tellement les revoir, une dernière foi, pour leur dire aurevoir ! Ils étaient tellement géniaux ! Maintenant, je me retire de la vie, cruelle. Quelqu'un pourrait-il me dire pourquoi le monde est si injuste ? Pourquoi les innocents sont tués ? Pourquoi, Pourquoi, Pourquoi ??? Pourquoi ma famille a été tuée, pourquoi, POURQUOI ?
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