Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Une maladie au nom barbare


Ou quand ce qui n'arrive qu'aux autres touche un de vos proches : l'anorexie...



Qui n'a jamais été touché par un des nombreux reportages à la télévision traitant de la question de l'anorexie ? Qui n'a jamais frémi à l'image de ces corps tiraillés par un esprit perdu...

Qu'est ce donc que l'anorexie ? Perte de l'appetit, refus de s'alimenter, surtout chez l'adolescent, qui résulte d'un conflit psychique (petit larousse). Je ne prétends pas définir cette maladie (car je pense qu'il faut parler de maladie, même si c'est un terme qui semble barbare...), qui d'autre pourrait le faire qu'une personne ayant connu cette situation, et ce n'est pas mon cas.

Comme beaucoup d'autres, ce problème était pour moi relié aux reportages, et le pouvoir de la télévision aidant, je le sentais bien éloigné de moi. Et pourtant aujourd'hui, cela n'arrive plus qu'aux filles des reportages : ma meilleure amie est anorexique. Ce mot, j'arrive enfin à l'écrire, mais il m'a fallu du temps pour l'accepter... C'est arrivé si vite.

Nous formions depuis quatre ans un tandem inséparable... De la bouche de nos amis, son nom était presque toujours suivi du mien. A notre façon, sans nous confier complètement l'une à l'autre, nous étions pourtant vraiment complices... Et toute les deux vraiment gourmandes.
La période de la classe de troisième est celle où la plupart des filles, même les plus minces, se mettent subitement au régime... Nous trouvions cela stupide, et n'aurions pour rien au monde abandonner les paquets de bonbons qui nous nous engloutissions, bien que nous restions fines...

Les choses ont tellement changé... C'est arrivé vite, et en même temps, je ne l'ai pas vu s'installer. Quand cela a commencé ? Quel a été le déclic ? Peut on vraiment parler de déclic... peut être n'est ce qu'une goutte qui a fait déborder le vase...
Au début, c'était insoupçonable... Tout a commencé par un petit régime dont elle ne parlait à peine, simplement une habitude prise, celle de la pomme qui avait remplacé le gateaux lors du dessert.
Et puis elle a un peu maigrie, elle avait toujours été plutôt fine, elle l'était alors à peine plus, enfin rien d'anormal, encore bien dans sa peau, très active, et joyeuse, heureuse de vivre... Tout était dans ses yeux, une pétillance, quelque chose.
Et la perte de poids a continué, elle m'en parlait alors régulièrement, semblait même un peu inquiète, du moins c'est ce qu'il m'avait alors semblé. Et puis elle a fait des analyses, qui se sont révélées bonnes.
Son entourage et moi même avons alors pensé à une période de stress.
Mais quelques tâches figuraient au tableau, qui nous ont mis sur la voie : elle ne supportait plus les yaourts normaux, refusait les bonbons en cours, sautait un repas dès qu'elle en avait l'occasion.

Je me suis rapidement inquiétée, et j'en ai parlé avec mes parents qui ont alors introduit un mot auquel je n'avais même pas osé penser : l'anorexie.
J'ai longtemps refusé ce mot, qui traduit une souffrance psycologique que je ne voulais pas attribuer à ma meilleure amie, qui me semblait très bien dans sa peau...
Et pourtant, en discutant avec d'autres amies, je me suis rendue compte que je n'étais pas la seule à penser cela.
Mais petit à petit, mon amie à cesser de me parler, de m'informer, devenant très vague lorsqu'elle répondait à mes questions.
Ce sont les autres qui m'ont questionné, auxquels je ne pouvaient répondre autre chose que "je ne sais pas".
"Je la trouve... triste" m'a dit un jour un copain.

Et c'était vrai, déjà, le petit quelque chose dans ces yeux s'était affaibli.


Aujourd'hui la situation est encore plus grave. Elle a de nouveau maigrie, je l'ai vu en jupe et en débardeur et elle m'a fait peur... Ce n'est plus un corps mais un squelette. Elle consulte depuis peu un médecin, mais elle trouve que tout le monde exagère et elle n'y va que pour faire plaisir à ses parents.
Elle ne m'en parle toujours pas, et est énervée de savoir que tout le monde se doute, sans le dire.
La pétillance a totalement disparue.

Elle est en dessous des 40 kilos, et risque d'ici peu d'être hospitalisée.
Tout cela je l'ai appris de sa mère...

Ceci n'est pas une histoire à morale et je n'en ai aucune pour conclure cette article. C'est simplement un témoignage dont j'avais besoin, parce que cette maladie qui surgit sans qu'on l'attende, est aussi bien dure pour les personnes proches des concernés.
Alors ne pensez pas que ces choses n'arrivent qu'aux autres, et soyez attentifs, cela peut toucher même les personnes qui ont tout pour être heureuses, comme ma meilleure amie. Et parlez en avant qu'il ne soit trop tard, avant que la personne se referme complètement sur elle même.
Quoiqu'il n'est jamais trop tard pour parler...
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