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Avant les lendemains qui déchantent, les petits matins glauques

Quand il faisait encore jour j'ai descendu la rue et je me suis assise sur un banc...


Quand il faisait encore jour j'ai descendu la rue et je me suis assise sur un banc. J'ai voulu commencer à penser à quelque chose mais je n'ai rien trouvé d'intéressant. Alors j'ai regardé le ciel mais ça m'a ennuyé. Il était d'une drôle de couleur et d'une consistance qui ne me rappelaient rien. C'était la fin de l'été et même l'odeur de l'air était fade et usée. Je me suis dit que c'était juste un jour qu'il aurait mieux valu que je ne vive pas et je me suis mise à marcher. J'ai mis mes mains dans les poches parce que je ne savais pas quoi en faire. Un chien est passé à côté de moi et il m'a regardé, sans y faire attention, comme s'il savait que ça n'y changerait rien. J'ai cru voir un peu de mélancolie dans le flou du ciel.
Quand il m'a dit que c'était fini j'ai voulu le serrer dans mes bras une dernière fois. Je n'ai pas ressenti grand-chose mais j'étais quand même triste parce que je savais que j'allais être toute seule de nouveau. J'ai pleuré et je suis partie. J'ai marché un peu et au bout d'un moment je me suis retrouvée au-dessus d'un pont. J'ai pensé à me suicider mais je me suis dit que ça ne serait pas tellement utile. Dans le fond, ça ne changerait pas grand-chose. Alors j'ai décidé de rentrer chez moi pour dormir, parce que la vie est toujours moins ennuyeuse quand on dort.
J'ai longtemps regardé le plafond et je me suis dit qu'il serait temps que j'aille m'acheter une âme et des clopes. Puis j'ai éteint la lumière et j'ai un dormi un peu, je crois.


Pulsation cardiaque aléatoire

Si un jour il m'arrive de mourir, j'implore Dieu pour que ce jour soit éternel. Peut-être même plus long encore.
Je connaissais un mec qui m'a dit une chose très juste à propos de spiritualité. Une église est l'un des seuls lieux où il fasse chaud en hiver et frais en été. Et puis le côté austère, cadavérique de ces endroits sombres est parfois salutaire dans les dures journées de printemps où les rues en fleurs grouillent de sourires taillés au rasoir. Bien sûr, faut éviter les heures de messe. Mais une église déserte a quelque chose d'assez serein. Ça doit tenir à l'encens, à l'eau croupie dans les bénitiers et à la solitude filtrée par les vitraux, qui retombe comme de la poussière rouge et bleue sur les cierges à demi consumés.

En ton nom Seigneur, je sacrifie ce narcisse, sur l'autel sacré de la contemplation.

Après la pluie, que mon souffle pénètre au plus profond de tes narines, remonte jusqu'à tes pupilles laquées et s'y accroche, comme une carcasse à l'abattoir, puis les déchire, dans une chute virtuose et ivre d'éclairs au-dessus du gouffre, terne et muet, giclée violente de palpitations en arabesques pourpres d'amertume et de viscères froides, désarticulées comme des pans de murs d'une pièce vide et immense.

Maurice Sachs rapporte que son grand-père maternel, qui avait pour Anatole France une admiration maniaque, dépensa une fortune à meubler la villa Saïd.
"Where can I get marijuana ? "
"Tie your shoes and jump higher and higher, for the dream to start. "
"Everything was a dream, we lived inside a dream. "

Ça me fait penser aux feuilles mortes et craquelées qui tombent avec flegme sur un carrelage froid et sale. Elles s'en foutent, elle savent qu'elles sont des feuilles. Alors elles tombent, comme des plumes, avec condescendance. Et puis même, c'est pas intéressant. Un peu comme marcher dans des rues inconnues, jaunies et cornées, avec pour seule destination le prochain trottoir, à chaque nouveau croisement. Ou finir un paquet de clopes en se disant que la prochaine clope aura exactement le même goût que la précédente, tourner les pages toutes identiques d'un livre avorté, en somme. Des pages vierges, ou presque, juste légèrement humides et gondolées.
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Re: Avant les lendemains qui déchantent, les petits matins glauqu
Posté par delfsan le 13/08/2008 18:00:46
jolie plume.
et qui me va si bien
un peu jalouse en fait. j'aurai aimé l'écrire
Re: Avant les lendemains qui déchantent, les petits matins glauqu
Posté par menchi le 08/08/2008 02:27:11
J'ai beaucoup aime ton texte. Je me retrouve beaucoup dans la premiere partie.
Re: Avant les lendemains qui déchantent, les petits matins glauqu
Posté par illness le 21/06/2008 13:27:23
Faire évoluer la condition humaine?
On dirait un débile qui parle en croyant que c'est possible.
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L'auteur : Léna None
31 ans, Paris (France).
Publié le 18 juin 2008
Modifié le 16 juin 2008
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