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Brain Damage

Une histoire à propos de la décrépitude de la jeunesse post-bac, du détachement à la réalité, de l'impossibilité de communiquer avec les autres, de la solitude, d'une admiration pour Pink Floyd... Tout ceci avec une fin inattendue.


- Donc tu ne crois en rien ?
- Non, c'est pas que je crois en rien, en fait je crois aux extraterrestres, dit-il, regardant fixement devant lui.
- Non mais moi je te parle d'une vraie croyance, pas forcément une religion mais un truc qui te définit un but dans la vie, tu vois ?
- Oui oui, et bien je crois aux extraterrestres. Je crois que grâce à leur intervention le monde ira mieux. Parce que tu vois, les aliens viennent sur terre, déjà toutes les religions monothéistes humano-centrées en prennent pour leur grade car leurs bouquins sacrés ne sont plus dans le coup. Les gens se mettront à douter quand ils se rendront compte qu'ils n'étaient pas le seul peuple de Dieu dans l'univers. Ensuite, ça dépend des E. T. Faut voir si ils sont plutôt du genre pacifiste ou belliqueux. Premier cas : youpi super, ils sont gentils, ils nous mettent gentiment le nez dans notre merde et nous montrent à quel point nos querelles peuvent être débiles quand eux se soucient de planètes entières qui se font happer par un trou noir. Tous les pays s'inclinent, les intégrismes sont réduits à néant et les gouvernements s'unifient sous la tutelle bienveillante des E. T. Second cas : ils viennent pour nous péter la gueule, et ce sont tous les peuples de la Terre qui sont obligés de s'unifier pour leur faire la peau...

Son regard était lancé vers l'infini.

- Comme dans Independence Day ?
- Par pitié ne me parle pas de ce film, dit-il en tournant sa tête vers son interlocuteur.
- Et si c'est le président des États-Unis qui trouve le moyen de tous nous sauver ? T'auras l'air con.
Il riait.
- C'est impossible, répondit-il le plus sérieusement possible.

Le mec qui avait commencé cette conversation à propos de la religion ne dit plus rien, puis après quelques instants il se leva de sa chaise pour vaquer à d'autres occupations. Lui, ainsi que Jason, le mec qui parlait d'extraterrestres, se trouvaient actuellement à une fête. Enfin, on appelait cela une "fête" mais il n'y avait même pas de musique, ce qui n'était pas si con, pensait Jason, car du coup personne ne faisait chier à ce sujet.

Qu'est-ce qu'il foutait là ? S'interrogeait Jason. On fêtait la fin du bac, pourquoi on fête la fin du bac ? Comment avait-il été invité ? Ah oui, il était venu exceptionnellement un jour au lycée juste pour prendre sa convocet se tirer. Il était tombé par hasard sur l'annonce de Sandra et avait intercepté une des invitations. Il avait décidé d'y aller afin de connaître un peu plus ses "camarades" de classe, ou du moins essayer. Ils ne les avaient pas vus souvent car, cette année, il avait séché beaucoup de cours. C'était sa deuxième année de terminale et ne voulant pas réitérer l'emmerdement maximal de la première, il avait opté pour la stratégie des cours sélectifs, et au milieu de l'année il se mit à ne plus aller en cours du tout.

Néanmoins, pour que cette fois-ci il ait son bac ses parents avait embauché une ribambelle de profs particuliers. "Tu te rends compte que si tu avais travaillé un tant soit peu tu n'aurais pas redoublé, tu n'aurais pas besoin de moi et tes parents n'auraient pas à me payer 30€ par semaine" avait-il entendu de la part de l'un d'entre eux. Certes, il assimilait vite et il retenait bien, mais la notion de travail lui était inconcevable. Pour lui, toute contrainte ou obligation revenait à se pourrir la vie, il ne pouvait suivre plus de dix minutes d'un cours sans s'endormir et les livres d'exercices pesaient une tonne entre ses mains.

Il s'était retrouvé un peu seul cette année : tous ses potes étaient partis étudier dans des endroits où toute vie privée est bannie. Son assiduité légendaire au lycée l'empêchait de connaître du monde là-bas. Il se retrouvait seul chez lui la majeure partie du temps, alors il s'occupait en surfant sur Internet, en jouant sur Internet, en regardant un paquet de séries et de films de SF qu'il récupérait sur Internet. Et lorsqu'il n'était pas en face d'un écran, il lisait des bouquins de SF qu'il avait commandés sur Internet.

C'était un geek. Il le savait bien et ne s'en affolait pas. D'ailleurs, qui savait ce qu'était un geek hormis les gens qui surfaient sur les mêmes sites que lui ? Être réduit à un simple stéréotype socio-culturel ne le faisait pas chier, il était passionné. Il se shootait au cosmos et à la voie lactée, rêvant de conflits d'échelle inter-galactique et le reste n'avait plus d'importance. Néanmoins, un semblant de raison l'empêchait d'échapper complètement à la réalité, il pensait qu'il était vital de garder une once de vie sociale, au cas où. Il était venu ici pour essayer de se connecter avec des gens, voir si la communication entre deux cerveaux humains était toujours envisageable.

Jason vit à travers la baie vitrée qu'un petit comité de cinq personnes se formait sur la pelouse, tous les yeux était tournés vers les mains d'un mec. Probablement l'heure du joint, se dit Jason avant de se décider à les rejoindre.

- Salut. Je peux me joindre à vous ?

Celui qui roulait tourna la tête vers lui.

- Ouais ouais, bien sûr heu... Tain j'ai un trou je me souviens plus de ton nom, dit-il en ricanant.
- Jason, répondit-il tout en sachant que ce mec n'avait jamais connu son nom.

On se poussa pour lui faire de la place. Le maître de cérémonie apporta la touche finale à son oeuvre avant de l'enflammer. Le spliff passa de mains en mains et chacun en grilla un bout. Quelqu'un balança "C'est d'la bonne" au millième degré, certaines têtes légères rirent de la blague, mais pas Jason, c'était le genre de trucs qu'il aurait pu dire il y a un an. Un mec se leva, puis, sautillant sur place, déclara "Wouhou, le bac... C'EST FINI ! Maintenant on peut se DÉ-FON-CER" puis il courut et se jeta sur la pelouse quelques mètres plus loin.

Cette fois-ci Jason rit, mais il ne s'amusait toujours pas. Tout le monde commença à dire des choses absurdes, puis des mecs sautèrent sur des filles pour leur retirer leurs shoes et elles se mirent à rire hystériquement et ils rirent aussi et ils poussèrent des cris et elles hurlèrent des "Non arrêtez !" qui disaient tout le contraire. C'était parti pour de longues minutes d'avides recherches de contacts, d'hilarité forcée et de joies artificielles. Gerbant, pensait Jason, qui s'était barré dès les prémices de cette comédie.

Désinhibé, il erra de groupes en groupes, espérant trouver quelque chose de consistant à se mettre sous la dent. Parfois ses interventions collaient un blanc aux conversations en cours et il devait combler ("Vous trouvez pas que le bleu du ciel et l'orange des lampadaires ça claque vachement ? C'est quand même des couleurs complémentaires, c'est trop beau"), mais rien, pas de sujets intéressants, pas de réponses à ses suppliques. Les gens avaient une lueur d'appréhension dans les yeux car il était drogué donc forcément imprévisible, on le dévisageait avec des regards de kicéceluila ? ("Pfff, tas de balais"). Sur son chemin il rencontra d'autres gens sous l'effet de substances, ils rirent sur tout et n'importe quoi, se cognèrent entre eux, sortirent un florilège de phrases sans queue ni tête et ingurgitèrent de l'alcool jusqu'à ne plus rien sentir du tout. Cependant, quelque part en Jason un signal fut émis comme quoi il devait stopper cet ersatz de divertissement qui le faisait plus ressembler à un pantin qu'à une vraie personne.

Un ballon de baudruche gonflait dans sa tête. Répondant à une pulsion, Jason s'étala sur l'herbe, sorti son baladeur et le cala sur du Pink Floyd.
L'extase totale. Pink Floyd, la meilleure musique du monde quand on est défoncé, et les étoiles, les plus belles choses de l'univers, affalé sur l'herbe fraîche sous un ciel clair et dégagé. Il agitait les doigts au ciel et répétait les paroles de Roger Waters :

The lunatic is on the grass
The lunatic is on the grass


Une nana atterrit à côté de lui, il déboucha un écouteur de son oreille.

- Tu fais quoi ? Demanda-t-elle.
- Je regarde les étoiles... Putain c'est magnifique, c'est les meilleures choses de l'univers et même du world entier. Une fois que t'as vu ça tu peux crever, dormir la nuit et jamais te réveiller.
- Ouah, t'es chelou comme gars toi
- Non, non, répondit-il, irrité, je suis pas "chelou comme gars" moi. Je suis normal, d'ailleurs tout le monde est normal. C'est une connerie de croire qu'il y a des différences fondamentales entre les être humains, des détails oui ! Sinon, on est tous les mêmes, on veut tous les mêmes choses...

Des restes de conscience lui conseillèrent d'arrêter son discours philosophique de merde.

- Non mais c'est pas grave tu sais, moi j'aime bien les gars chelous.
- C'est vrai ? Alors tu m'aimes toujours si je te dis qu'en ce moment j'aimerais qu'un alien baveux sorte de moi en m'explosant la cage thoracique et que mes tripes se vident comme le blanc d'un oeuf qu'on a percé ?
- Heu, excuse-moi là...

Visiblement rafraîchie, elle partit s'intéresser à quelqu'un d'autre. Jason se marra un bon coup en pensant "Tiens, elle était pas bourrée celle-là" puis remis son écouteur.

And if your head explodes with dark forebodings too
I'll see you on the dark side of the moon


- J'aimerais bien qu'une météorite me tombe sur la gueule

Il était bien. Il savait que cela ne durerait pas, que bientôt des vapeurs grisâtres parasiterais sa bonne humeur artificielle, que des lianes en décomposition viendraient s'agripper à lui et l'entraîneraient dans une lente descente vers les espaces les plus noirs de son esprit. Une cascade s'éveillerait, composée de tous les sentiments négatifs et nihilistes qui tournent en rond dans la tête de Jason, puis elle remonterait à la surface, comme la gerbe remonte par l'oesophage. Jason se sentirait alors très seul, et il serait triste d'être seul, il se balancerait quelque part mais cela ne résoudrait rien. Il serait désespéré par la parodie de vie qui se trame autour de lui, il aurait envie d'envoyer chier tout le monde puis finirait tapis dans un coin, se forçant à chialer, avant de s'endormir comme une masse.

- J'aimerais me faire aspirer par un trou noir

La vache, pensait-il, si seulement on pouvait suspendre l'espace-temps indéfiniment sur un instant de bonheur rien qu'en claquant des doigts...

Pour retarder le bad trip, Jason décida de s'occuper un peu. Il se détacha de l'herbe et fit le tour de la propriété. Il croisa des mecs faisant des concours de pompes, des nanas qui ruinaient leur maquillage à cause de râteaux, des gens jouant à saute-mouton, des couples en train de se bécoter. "Qui sont ces gens ? Pensait Jason, est-ce que je les connais ? Ont-ils des points communs avec moi, viennent-ils d'une autre dimension ?". Son attention s'arrêta quelques instants sur un ver luisant puis il rentra dans la maison chercher quelque chose à bouffer.

L'intérieur était le lieu de rendez-vous des personnes endurant mal le mélange drogues + alcool + heure tardive. Des gens gisaient sur sol et le canapé, certains morts avec les yeux ouverts, d'autres dormaient déjà. Jason atteignit la table tout en évitant les corps et chercha quelque chose bourré de sel parmi les paquets éventrés, les bouteilles renversées et les cocktails improbables. Il trouva son bonheur dans la présence d'un paquet de tuiles salées Crunchips Stackers à moitié entamé.

Il allait se poser sur une chaise mais un bruit l'arrêta dans son action. On frappait à la porte.

Sans savoir pourquoi, il prit la responsabilité d'aller ouvrir. Il clencha la porte d'un air absent puis ouvrit lentement. De l'autre côté de la porte se tenait une sorte de pieuvre d'un mètre cinquante de haut qui lévitait à cinquante centimètres du sol. Elle avait deux fois trop de tentacules et on pouvait voir à travers sa peau lisse une multitude d'organes de toutes les couleurs qui pulsaient périodiquement. Les paupières à demi-closes, Jason jeta un coup d'oeil sur le mucus qui suintait des tentacules ondoyantes, croqua dans une tuile salée puis referma la porte.

- J'ai besoin de sommeil.

Il se laissa tomber sur un fauteuil et ferma les yeux. Une seconde plus tard, il fut dérangé par un choc qui ébranla le fauteuil. Apparemment, c'était la porte d'entrée qui avait glissée jusque dans le pied du fauteuil. Incrédule, il se redressa et vit la pieuvre à qui il avait fermé la porte au nez (si nez il y avait) flottant vers lui. Toutes les lumières grillaient sur son chemin, et pas seulement les ampoules, même les DEL avaient des envies subites de s'éteindre. Jason se retrouva dans l'obscurité complète, à présent les seules sources de lumière étaient les étoiles et le céphalopode en lévitation qui avait développé une sorte de luminescence bleutée après avoir mangé toutes les lampes du salon.

Franchement déconcerté, Jason ne savait que faire. Il bouffait des tuiles assis sur le fauteuil et attendait que l'animal fasse d'autres trucs surnaturels. Il entendit un bruit de chasse d'eau puis vit un freluquet sortir des chiottes en se tenant le ventre et s'essuyant la bouche. Quand celui-ci releva la tête, il se trouva nez à nez avec la pieuvre. Il eut le temps de s'étonner une seconde avant qu'il n'y ait un flash blanc suivi du bruit d'une jarre d'eau que l'on brise. Jason ne vit pas ce qui s'était passé, il ressentit comme une pluie chaude tombant sur sa peau. Une goutte tomba sur ses lèvres, il la goûta puis regretta aussitôt son geste car c'était du sang. Il entendit un corps s'affaissant sur le sol sans le choc sourd caractéristique d'une tête heurtant le carrelage, il n'eut plus de doute quant à la provenance du sang. Il resta silencieux et figé, laissant le sang sécher sur son visage. Il entendait un sombre égouttement, la clarté de la lune éclairait les bordures des objets et son reflet s'étendait graduellement sur le sol à mesure que la flaque de sang rampait vers le fauteuil. L'étrange créature, elle, ne se reflétait dans rien du tout. Remarquant cela, Jason fut soudainement frappé d'un malaise, d'une répugnance qu'il avait contenue jusqu'ici. Lorsque l'horreur eut entièrement envahie ses pensées, une voix en son 3D retentit dans la tête de Jason, faisant frémir chacune de ses neurones.

C'était une voix métallique d'une douce agressivité, une imitation de la voix humaine bien plus développée que n'importe quel synthétiseur de voix, et pourtant son artificialité n'en ressortait que plus évidente, une voix venue d'ailleurs.

"I know how you think."

Sur cette affirmation puissante, Jason se laissa submerger par les émotions et dit d'une voix épleurée :

- Pourquoi vous l'avez tué !?
"Thinking will suffice."

Jason reposa la question sous forme de pensée et la créature lui répondit laconiquement :

"He wanted to die."
"Pourquoi ?"
"He had too much dark forebodings."
"Mais les gens ont toujours de mauvais pressentiments, ça ne veut pas dire qu'ils veulent crever pour autant !"
"This conversation is irrelevant. I needed him to interact with your species. State your purpose."
"Mon but ? Mais je n'ai pas de but, j'en ai jamais eu, et j'ai beau chercher, j'en trouve pas."
"Valuable information. What do you want ?"
"Rien, nothing, que dalle, nada, niet"
"Interesting."
"Enfin si, justement, ce que je veux c'est arrêter de ne plus rien vouloir, avoir enfin une raison de faire quelque chose, arrêter toute cette mascarade, et puis abattre le mur qu'il y a entre les gens et moi."
"I can give you a purpose. But you will have to follow me."
"Vous suivre ? Où ça ?"
"Nowhere. My current appearance was designed to make contact with carbonic lifeforms, it is not our true nature. In fact, my species lives beyond space and time limits. Our existence is timeless frost. Our emotions are pure. Our thoughts are one. Our purpose is to explore every planetary system, every galaxy, every quasar, every blackhole, every wormhole and every dimension of space where no one has gone before. Do you wish to join us ?"
"Oui."
"Come... Closer."

Le temps s'était figé durant l'échange avec l'étrange forme de vie, toute existence était suspendue aux alentours de la bulle qui englobait Jason et la créature. A présent, une excroissance clignotante prenait forme sur le corps translucide de la bête et se développait, elle poussait, s'étirait et bougeait comme si elle était dotée d'une tête chercheuse. Elle se précipita sur Jason et traversa son corps de part en part. Jason sentit son corps se dissoudre l'espace d'un instant. En une formidable explosion de lumière, les deux formes de vie disparurent de la surface de la Terre et le temps reprit son cours.
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Re: Brain Damage
Posté par pinkand70s le 26/08/2006 14:06:50
J'ai apprécié ton histoire jusqu'à la dernière ligne. Je m'explique, j'aime pas le fantastique et pour moi seule la dernière ligne passe pour fantastique! Avant ça peut passer pour des effets de l'alcool ou du shbil, quoiqu'à la réflexion, la dernière ligne aussi!!!enfin bref...
Je trouve que tu as un bon style d'écriture, que ta partie "fantastique" est similaire (je dis bien simmilaire!!) au style fantastique de maupassant, cad le fantastique dans le réel, enfin je suis pas sûre d'être claire!!
Re: Brain Damage
Posté par r.a.g. le 21/08/2006 14:20:20
raz --> tu devrais en lire plus .. juste histoire de te rendre compte que tu es en PLEIN dans le style ... et c est tres dur à maitriser...

Une histoire normale, des gens normaux --> puis un element perturbateur inexpliqué et inexplicable (aucun explication rationelle possible) ...

Ton histoire c est carement ca ... a la fin ... tout reprend son cours .. comme si de rien était
Re: Brain Damage
Posté par cyrille999 le 20/08/2006 13:09:55
Tu écris très bien... A toi de te lancer !
Re: Brain Damage
Posté par mayunine le 19/08/2006 17:39:48
Genial :-D j'ai adoré ta façon d'écrire. et les sentiments de jason sont tellements réalistes!
Re: Brain Damage
Posté par raz le 17/08/2006 16:18:51
Je crois que j'ai lu Le Horla de Maupassant et pi c'est tout.
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L'auteur : Raz ...
35 ans, Poitiers (France).
Publié le 17 août 2006
Modifié le 21 juin 2006
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