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Courte nouvelle sur les méfaits du suicide...

Ce texte est bien entendu une fiction. Mais à y réfléchir, on devrait quand même se poser la question deux fois avant d'essayer de se supprimer... Parole de concerné.


[Texte commencé le 19 Amegatsu 03. ]

CHARLES.

Aujourd'hui, Charles n'a envie de rien, tout comme il n'a eu envie de rien depuis un mois. D'un œil encore fatigué, il essaie de reconnaître les chiffres de l'afficheur de son four à micro-ondes. 10 : 00. Cette fois-ci, il a fait dans la précision. Un petit souci cependant, ce matin, il avait cours. ça fait un mois qu'il n'y va plus, en se disant chaque soir qu'il fera un effort le lendemain, se faisant la promesse qu'il ira en cours. Et chaque jour, lorsque le réveil sonne à 06 : 30, le réflexe l'emporte sur la raison, le réveil se fait exploser pour qu'il arrête sa complainte. Charles sait qu'il ne doit pas, mais c'est plus fort que lui. A peine réveillé, il prend la décision de ne pas se lever de suite. Son cerveau s'accommode de cette conscience matinale, et recommence à penser. Le réflexe a terminé sa ronde du matin, et laisse à Charles la possibilité de disposer de son corps.
Assumant son choix de ne pas se lever, il repense à l'évolution de ses rapports sociaux depuis ce fameux mois. Il ne voit presque plus personne, et reste enfermé chez lui depuis son réveil jusqu'à épuisement, pour que le cycle des journées qui se suivent et se ressemblent puisse continuer. Désinvolte, il tourne la tête, et juge de l'état de son appartement. Une vieille boîte de pizza jonche le sol, ruine du repas de la veille. Son estomac régresse à vue d'œil, il ne mange presque plus rien. Avec un ultime effort, il envisage de ranger son antre. Mais pas maintenant, songe-t-il découragé devant le travail à faire.
Il se décide finalement à se lever, après une bonne heure. Il se rend compte que ses mouvements se limitent à la surface utilisable de son studio, soit 18 mètres carrés environ. Et encore. Il se dirige vers la salle de bains, et prépare ses affaires'post-douche'. Il s'installe sur la cuvette des chiottes, et pense.
Charles n'est pas apathique. Il arrive un peu à ressentir des sentiments, et en se forçant vraiment, il pourrait ressentir de la compassion. Et pourtant, depuis sa naissance, Charles est empathique. Chaque jour, par un regard, il sent le sentiment dominant chez la personne qu'il a en face de lui grandir dans son cerveau et lui bouffer toute indépendance de ressenti personnel. Pour lui, un monde idéal serait un monde où aucun effort physique ne serait nécessaire, où se déplacer sans avoir à déplacer un muscle serait possible, sans sentir le vent nous cingler le visage, et surtout, avec des contacts réduits au strict minimum. Parce que faut dire que ce n'est pas facile lorsque à la moindre occasion on sent tout le désespoir d'une'génération ratée'nous bouffer le moral. C'est d'ailleurs pour ça que Charles ne sort plus de chez lui. Et il est sur le point de concrétiser son idéal : il ne bouge presque plus, en somme. Il doit en tout marcher seulement un kilomètre par jour, à force d'aller-retour dans le studio.
Charles se prépare à prendre sa douche. Avec une nouveauté, cette fois-ci. Il sort d'un tiroir son cutter, et actionne l'eau. Pour qu'elle chauffe. Il se déshabille, et se regarde dans le miroir, au-dessus du lavabo. Il ressemble à un cadavre, ses traits sont tirés et ses muscles atrophiés. Son regard a pris une expression de douleur, alors qu'auparavant, de ses yeux ne sortait qu'une envoûtante douceur. Amer, il repense à avant. Avant, il avait de quoi se trouver beau, il avait les traits fins et délicats, les yeux charmeurs et séduisants. Ramené à la réalité par le bruit de l'eau, il se plonge sous la douche.
D'abord, il sent ce liquide chaud couler le long de son crane plus tellement rasé ; puis le long de sa peau grasse. Il est maigre. En un mois, il a dû perdre au moins trois kilos. En réalisant qu'aujourd'hui c'est la fin, il sent se mêler à l'eau quelques larmes, qu'il aspire à leur passage avec sa langue. Mais bon, aujourd'hui sera meilleur que demain, il le sait. On ne peut pas se sortir autrement de la décadence, et il ne veut pas encore toucher le fond. 'Demain, j'irai en cours'. Quelle promesse porteuse de sens ! Demain, il sera certainement dans une civière, ou dans une quelconque morgue, ou encore sous la douche, la pièce inondée. Mais justement, de quoi sera fait demain, Charles ne veut pas le savoir.
Malgré tout, malgré cette fatigue qui le ronge dès qu'il entreprend un mouvement, il décide d'actionner la lame, de la sortir à son maximum. Dix centimètres de mort affûtée. Il hésite. En fait, est-ce vraiment une solution ? Pour trouver une réponse à cette question, il pense à quoi ressemblera demain, et après-demain, et ainsi de suite. Et là, il sait qu'il doit en finir. C'est une question de vie ou de mort...
Doucement, il enfonce sa lame dans sa chair, un niveau du poignet. Une dizaine de fois. Le mouvement est quasi frénétique. Le sang commence à perler, attiré par l'atmosphère. Charles n'en a pas assez, son capital douleur n'est pas suffisamment rempli. Alors il s'ouvre le bras, tout le long. Puis sur le torse, sur les cuisses. Une bonne trentaine d'entailles profondes de presque cinq millimètres. Et le sang qui coule, entraîné par l'eau chaude, cette eau qui l'empêchera de coaguler. Derniers instants avant la mort. Première idée qui vient à son esprit : une branlette.
Excité par cette mort qui l'attend, il empoigne son sexe, et commence à tirer dessus. Et il répète le mouvement, en transe, tout ce sang, toute cette excitation ! Il ne sait probablement pas que le fait de se masturber va faciliter l'écoulement du sang ; ou peut-être le sait-il, justement. Et il continue, pour finalement éjaculer dans sa main, imbibée de sang. Sa tête commence à bourdonner, sa vision se brouille, il tombe dans le bac de douche, au milieu de l'eau ensanglantée. Il sait que la fin est proche, que sa vie est bientôt terminée. Dix-huit ans de galère pour finalement finir seul dans sa salle de bains. Puis, toujours cette douleur lancinante qui lui rompt le corps, il tombe dans les vapes, en percevant un bruit dans le couloir.

Ecran noir.

Il se réveille, enfin, il commence à reprendre conscience. Plus de sensation provenant de l'écoulement de l'eau de sa douche. Etrange. Il ouvre les yeux, qui tentent du mieux qui peuvent de s'accoutumer à la lumière. Un espace blanc. C'est ça qui le choque au départ. 'Alors c'est ça le paradis ? '. Puis, une fois que ses yeux progressivement s'accoutument à ces reflets blancs, il discerne des contours. Il recommence à sentir ce qui l'entoure, il reprend conscience de son corps. Un contact rêche, des draps, il sent qu'il est dans un lit. Et il discerne à ses côtés une personne, oui, sa mère en l'occurrence.
Elle est assoupie. Il ne comprend pas ce qui se passe. Sa mère n'est pas morte, quelle raison y aurait-il pour qu'elle soit avec lui au paradis ? Il se prépare à lui parler, lui demander ce qui se passe. Mais aucun son ne sort de sa bouche. Rien. Juste lui, sa mère et le silence. Il tente de bouger la tête, ou encore de se redresser pour la toucher, mais ça ne marche pas. Il reste allongé comme un poids mort, inerte. Dans son esprit fusent les interrogations : 'Que se passe-t-il ? ', 'Où suis-je ? '. Mais naturellement, aucune réponse. Alors, malgré tout, il décide d'attendre. Et il attend, effectivement.
Quelques heures après, une porte s'ouvre, et une infirmière entre dans la pièce. Elle pose son matériel, et jette un coup d'œil vers Charles. Elle semble étonnée, car elle se tient immobile, une expression de surprise sur son visage. Sans un bruit, elle se retourne et part en courant dans le couloir, en criant'Docteur ! 'pour interpeller son supérieur. Elle revient, accompagnée semble-t-il de ce dernier. Oui, ce doit être lui. Il se penche sur Charles, pendant que l'infirmière en réveille la mère. Cette dernière se met à pleurer, de joie semble-t-il.
'C'est un miracle qu'il se soit réveillé ! 'explique le docteur. Après lui avoir fait passer une série de tests, il apprend à Charles que c'est sa mère qui l'a découvert dans une mare de sang, dans sa douche. Elle a aussitôt appelé les secours, mais le manque de sang a provoqué une hypo-oxygénation du cerveau. D'où les séquelles de Charles.
A présent, Charles est tétraplégique et muet. Finalement, il a exaucé son idéal : il est devenu coupé du monde, il ne peut plus parler à personne, et il n'a plus à bouger. Seul désagrément, il est couvert de cicatrices, dans un fauteuil roulant, et bien sûr, il sent encore le vent contre son visage lorsque sa mère le place devant la fenêtre de sa chambre. Au plus profond de son cœur s'est formée une boule de désespoir qui ne fait que lui demander : 'Charles, mais pourquoi as-tu fait ça ? '. Aujourd'hui encore, il ne sait pas. Peut-être le saura-t-il un jour. Peut-être ne le saura-t-il jamais.


'Charles', achevé le 21 Amegatsu 03,
soit le 18 mars 2003,
Par CHEM [[email protected]].
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Texte aussi paru dans un magasine
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Re: Courte nouvelle sur les méfaits du suicide...
Posté par pti beurre le 12/05/2006 18:08:51
Excelent article vraiment bravo!
Le suicide n'est pour moi pas une solution meme si la vie peut dégouter elle est belle et mérite d'être vécu..!!
Merci pour cet article!!
Re: Courte nouvelle sur les méfaits du suicide...
Posté par la tigresse le 20/02/2006 19:48:48
je suis émue par ce que je viens de lire, il y a pas si longtemps que sa que jai failli une tentative de suicide ( au mois de juillet) tout ça a la suite d'une depression a la suite de problemes enfin bref mais quand j'ai repenser a tt ça je me suis dit, mais que vont penser mes parents, je vais les faire souffrir et aussi faire souffrir ceux qui m'aime.
Maintenant jai un copain qui me soutient énormement ainsi que mes parents et mes amis sur qui je pe compter.
C vrai que dès qu'on ai pa bien on se dit tt de suite " je vais me suicider c la meilleure des solutions" et bien non c faux contrairement a ce qu'on pe penser a ce moment la.
Meme si je sais que ce ke je vais dire parait absurde mais essayer de penser, au moment de passer a l'acte, au mal que vous pourrez faire aux gens qui vous aiment ( meme si vous pensez justement ke personne vous aime, bien au contraire), pensez a ce que vous ferez si vous restez en vie, au bien que vous pouvez apporter au autre ainsi qu'a vou.
Mais ne le faite pas sur un coup de tete, sa serez vraiment une erreur!
Voila et bonne chance, prenez la vie comme elle vient chaque jour es unique il fau en profiter car on ne vit qu'une fois!
Re: Courte nouvelle sur les méfaits du suicide...
Posté par pupucedunet le 20/08/2004 07:50:52
cest bien de dire que il fo y réfléchir,mais qd on est ds la merde noir,on se di merde!
Suicide,une solution!!!
Re: Courte nouvelle sur les méfaits du suicide...
Posté par lysou38 le 20/08/2004 07:50:52
Kaelör (ex Baboo) on respecte le choix d'un autre quand il te fait pas chier par exemple l'homosexualité (ok je sais c'est pas vraiement un choix, mais bon..)/
Mais le suicidi, moi je respecterai pas le choix d'un pote à moi qui se suicidera parce que je serais très triste ainsi que tout sa famille, et comme son choix me fera chier je ne le respecterai pas !

Dans ce cas la pédophilie, le viol, le vol, le braquage, sont des choix, non ?
Faut-il les respecter ?
Re: Courte nouvelle sur les méfaits du suicide...
Posté par kitsune le 20/08/2004 07:50:52
Etant aussi concernée je doit t avouer qur ton article m'as fait un choc! il est vraiment excellent continue comme ca si ca peut eviter a certaine personnes de faire cette grosse erreur.
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Publié le 28 juin 2003
Modifié le 28 juin 2003
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