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Du bordel dans l'aquarium

L'alliance contre nature d'un flic et d'un tueur bien décidés à faire le grand ménage...


"Gros dégâts au seuil du troisième et dernier volume : après l'assassinat du sénateur Sterling, Louis, l'un des tueurs, est liquidé à son tour, juste avant que Perry, l'un des deux enquêteurs qui travaillent sur l'affaire, ne soit également abattu. Ne restent en piste que Carlisle, le flic survivant, officiellement dessaisi de l'affaire, et Jimmy l'exécuteur sans pitié, très énervé qu'on lui ait tué son vieux copain d'embrouilles. Bref, la configuration idéale pour une association clandestine et parfaitement contre nature entre le truand et le policier, tous les deux bien conscients de n'être que du menu fretin, de "petits poissons", comme ils disent. Le plan ? Foutre un vrai bordel dans tout l'aquarium et attendre que surgissent enfin les "gros poissons" à l'origine de cette pêche en eaux très troubles... " (Présentation Casterman)


Le troisième et dernier album de la trilogie Du plomb dans la tête ne démentira pas ses prédécesseurs. L'affaire Sterling (du nom du sénateur exécuté au premier volume) se complique encore un peu plus, avec une bonne brassée de cadavres supplémentaires, dont ceux de Louis et Perry, le tueur et le flic. Alors que dans le premier album, le scénariste mettait en parallèle deux duos, celui des tueurs et celui des flics, la composition des couples est bouleversée dans ce final. Philip Carlisle, un des deux flics, et Jimmy "Marvel" Steingold, le tueur encore en vie, sont finalement contraints de faire équipe (simple question de survie !). C'est ce duo contre-nature (quoique finalement classique dans les polars où la frontière entre le bon et le méchant est sans cesse questionnée) qui va remettre de l'ordre dans le carnage entamé au premier album.

Comme tout polar qui se respecte, on retrouve dans cette trilogie les archétypes du genre : un politique véreux qui se fait assassiner en pleine séance de partie de jambes, l'enquête policière en parallèle à l'enquête du FBI, l'étouffement de l'affaire... Le scénario est très dynamique, et fait se croiser et se recroiser une multitude de personnage au cours de cette affaire foireuse. Toute la panoplie y est, du sénateur soit disant puritain à la prostituée mineure, du journaliste en quête du prix Pulitzer au flic plus ou moins intègre... Le scénario conçu est assez rapide et passe facilement d'un personnage à un autre.


Alors qu'est-ce qui distincte Du plomb dans la tête des autres innombrables polars ? Peut-être le ton de l'album. Matz, le scénariste, qualifie sa nouvelle série de "polar déconnant", en référence aux "personnages qui ne sont que moyennement sérieux, et à leur dialogue en prise avec la vie quotidienne" (Interview dans Castermag n°5). Les dialogues sont particulièrement ciselés, empruntant à la dérision et au pastiche. Les fans de Pulp Fiction devraient apprécier les dialogues hautement philosophiques des personnages.


Matz à d'abord écrit son histoire sans penser réellement à un dessinateur précis : "Je savais simplement que je souhaitais un dessin plutôt réaliste, qui permettrait d'obtenir pour ce polar un traitement à la manière de "Blueberry", un personnage fétiche de mon adolescence". C'est donc tout naturellement que Casterman suggère Colin Wilson pour dessinateur. En effet, ce dernier a réalisé cinq albums pour la série de La Jeunesse de Blueberry. Le dessin fonctionne surtout par gros plans sur les personnages. La mise en page est plutôt classique, on peut noter toutefois la mise en valeur de certaines cases qui viennent comme se coller à la planche de départ pour souligner une action parallèle ou particulière ou faire un nouveau gros plan sur un des personnages. Un dessin efficace au service d'un scénario détonnant, voilà le cocktail parfait qui vous est servi avec Du plomb dans la tête...


Série : Du plomb dans la tête
Titre : Tome 3, Du bordel dans l'aquarium
Auteurs : scénario de Matz, dessin de Colin Wilson
Editeur : Casterman
Collection : Ligne Rouge
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L'auteur : Lorna Lorna
40 ans, Angers (France).
Publié le 30 janvier 2006
Modifié le 01 février 2006
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