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Elephant

La Palme d'Or 2003 est sur les écrans ! Un film très spécial, qui déplaira à beaucoup, mais qui est pourtant très interessant... Et très remuant !


"Elephant", palme d'or et prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2003 est arrivé sur les écrans français... Et comme toutes les palmes, comme beaucoup de films de Gus Van Sant, comme beaucoup de films esthétisants, les avis sont partagés. Je m'attendais à une oeuvre pseudo-intello chiante (j'avoue, j'adore "Jason X"), je me suis finalement trouvé face à un film magnifiquement réalisé et très fort dans les sentiments qu'il provoque...

Un lycée quelconque aux USA. Des couloirs immenses, à la fois déserts et grouillants de vies anonymes. Des jeunes qui se croisent, discutent, se séparent, s'engueulent... Bonheur, raillerie, plaisir, frustration, flatterie, ennuie, meurtres.

Gus Van Sant a eu l'idée de "Elephant" quelques heures après le massacre de Columbine, fait divers sanglant qui avait secoué les Etats-Unis et déjà inspiré Michael Moore et son "Bowling for Columbine" (très bon... Mais un peu too much dans le bourrage de crâne). En cela, "Elephant" est un parfait complémentaire au docu de Moore, en montrant sous une forme radicalement différente cet événement tragique.

Formellement, le film est une réussite exceptionnelle : la réalisation suit "discrètement" les jeunes ado à hauteur quasi-constante, en plan fixe ou en travelling. Aucun mouvement intempestif de caméra, pas de montage haché, le film prend son temps, ne change pas de rythme à un seul instant et est assez hypnotisant. Le film est donc "contemplatif" comme on dit quand on est trendy, et Gus Van Sant n'hésite pas à filmer longuement le ciel, ou les murs de la chambre des enfants. Les couleurs sont éclatantes, la musique (beaucoup de Beethoven) crée une atmosphère très particulière, bref, si l'on rentre dans le film, on reste scotché face à l'écran, dans un bien-être total (... Mais cet état de détente totale ne saurait durer...)

La mise en scène est exceptionnelle : Gus Van Sant suit un personnage, puis quand celui-ci "intéragit" avec un autre, la caméra suit le nouveau personnage. Le montage n'est pas chronologique, ce qui peut-être un peu déroutant, mais permet également de voir comment les destins de ces jeunes vont se croiser, comme ils se seraient croisés tout les jours... Les acteurs, des ados américains aucunement professionnels, s'en sortent très bien dans des rôles taillés sur mesure.

On a beaucoup dit que le film de Gus Van Sant, à l'opposé de celui de Michael Moore, se voulait neutre... Cela est faux : dès le moment où le réalisateur décide de faire de son film une oeuvre esthétique, il prend le parti de ne montrer que certains personnages (tous beaux, bien sapés...) d'une certaine façon, etc. Cependant, le réalisateur ne porte aucun jugement : il nous montre la réalité brute et de façon crue. C'est là où le film puise toute sa force... En voyant ces jeunes qui vivent une vie plus ou moins "normale", le spectateur peut s'identifier, se rappeler ses propres années au lycée, son adolescence et la cruauté de certains de ses camarades... Evidemment, quand deux d'entre eux commencent à tuer froidement et méthodiquement leurs camarades, le film se fait glaçant et ce côté réaliste fait froid dans le dos.

Parce que si le film est effectivement très beau, cette recherche esthétique n'est pas gratuite. Certains voient "Elephant" comme un film trop beau pour être vraiment prenant, certains contestent même cette recherche esthétique pour illustrer un fait divers monstrueux, je pense au contraire que ce parti pris original permet au réalisateur d'éviter les écueils d'un discours moralisateur, facilement dénonciateur (à la Michael Moore), ou tentant d'expliquer quelque chose de finalement... inexplicable ! C'est là où le film est certainement le plus trash, le plus choquant : Gus Van Sant propose des pistes de réflexion, mais laisse le spectateur libre dans ses interprétations, n'impose aucune explication et ne tente même pas de le faire. Face à un tel acte, une série de meurtres aussi gratuite que parfaitement calculée, on ne peut que chercher une explication, tenter de trouver quelques raisons à cet acte, alors que le pire... est qu'il n'y en a certainement pas.

"Elephant" s'attarde ainsi sur le destin de quelques adolescents (une dizaine tout au plus), en les suivants quelques heures. Le choix des personnages (un groupe de pétasses anorexiques, un photographe, un jeune qui traîne, un couple...) est évidemment réducteur quand il n'est pas caricatural. Encore une fois, le film de Gus Van Sant n'a rien de neutre. Cela n'affaiblit en rien le film, en ce sens où ces ados sont typiques, et chacun pourra s'y retrouver, ou y reconnaître des gens qu'il a connu dans sa jeunesse. Et le film ne suit ces personnages que quelques heures de la journée, une journée apparemment banale : difficile donc de trouver une explication dans le geste des meurtriers...

Quelques pistes sont néanmoins abordées : jeux vidéo agressifs, ennuie, railleries entre camarades (il est évident qu'il n'y a pas plus cruel qu'un ado avec un autre ado... c'est pas pour rien que c'est une période difficile !). Aucun de ces points n'est cependant approfondi, libre au spectateur de suivre ou pas ces pistes. De même, certains points se contredisent : ainsi, en voyant Hitler à la télé, les deux futurs meurtriers sont plus moqueurs que fascinés, la violence à la télé n'étant pas une raison définitivement valable pour expliquer de tels actes. De même, le film se passe aux USA, mais bizarrement, ce lycée a quelque chose d'universel, rien ne diffère vraiment d'un lycée français, et cela rend le film d'autant plus fort... Sauf qu'évidemment, aux Etats-Unis, il est facile de s'acheter un flingue sur Internet...

Mélange de réalisme brut, et d'irréalisme stylisé, de neutralité et d'engagement, de plénitude et de monstruosité, "Elephant" n'est pas un film facile à aborder ou à décortiquer... Sous ses airs de simplicité, le film soulève mine de rien énormément de problèmes, traite de l'adolescence comme peu de films réussissent à le faire, et reste magnifiquement réalisé. A voir donc, tout en gardant à l'esprit que c'est un film spécial, et qu'il vaut mieux avoir envie d'y entrer dedans, au risque de le rejeter en bloc...


PS : est-ce que le film méritait la Palme d'Or ? J'en sais rien, j'ai pas vu les autres films !! Mais je suis content que le film récompensé me plaise ;-)
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Re: Elephant
Posté par ange manakel le 20/08/2004 07:54:49
mdr! ok! oui c'est vrai TL jsui bête moi....

enfin bon jsui qu'en 2nd lol

bone chance pr le bac à la fin de l'année!!
Re: Elephant
Posté par lady greenleaf le 20/08/2004 07:54:49
nonon, mais je parlais pas de toi, ptite ange!!!

Et puis C'est Terminale Littéraire, d'abord (enfin! quand même, on n'est pas une pauvre race si oubliée que ça??!!non?)
Re: Elephant
Posté par ange manakel le 20/08/2004 07:54:49
eh ! jté pas envoyé chier moi l'elfe lol!
euh... scuse moi mais TL je conais pas lol.... C koi?
Re: Elephant
Posté par lady greenleaf le 20/08/2004 07:54:49
A Ange Manakel : En effet, je pensais qu tu étais plus S que L ;-)
Mais apparemment je me suis plantée!!!
PS : moi ze suiss en TL

A Fearsil : aahhhh!!! enfin, je trouve quelqu'un qui me comprenne et ne m'envoie pas chier!!!
Mercimercimerci mon Dieu !!! (eh merde, je suis athée...!)
Bon ben, merci à toi, quoi...
Re: Elephant
Posté par fearsil le 20/08/2004 07:54:49
Moi ce qui me dégoute c'est que le sujet est tres intéressant, mais qu'il aurai pu etre bien pplus exploité, en effet, par exemple, les Tueurs réels on laisser une cassete video expliquant selon eux les raisons du massacres... ceci est on ne peut plus intéressant... mais pas utilisé dans le film... de plus, j'ai entendu ou lu bcp de témoignages et aucune scene du film ne m'a rappelé les témoignages que j'avais lu alors que certains d'entre eux, repassé en images auraient pu etre bien plus choquant que les quelques images fictives et dénuées de dialogues d'Elephant.
PS : effectivement, Dogville est, d'apres moi, imcomparablement meilleur...
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Publié le 28 octobre 2003
Modifié le 28 octobre 2003
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