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Johnny le cawe-boille

Vous aimez les histoires de cow-boys ? Les vraies, avec des vrais méchants mal rasés, qui crachent leur chique à tout bout de champ ? Avec des colts, des Stetsons, des Smith et des Wesson, des chasses aux primes et tout le tintouin ? Alors, mes petits amis, écoutez donc l'histoire de Johnny le cawe-boille...


C'était le soir. Ou le jour. Ou peut-être même la nuit. En tout cas, le soleil n'était pas vert fluo, et c'est à ses yeux tout ce qui comptait. La ville semblait endormie, une ambiance lourde y régnait, plus lourde que trois éléphants nourris pendant trois ans à base d'enclumes à la sauce blanche, trois fois par jour. Il remarqua que ça faisait beaucoup de "trois" dans une même phrase, et se jura d'aller buter le crétin qui écrivait ces lignes à la con dès que tout cela serait fini.
Johnny (car c'est comme ça qu'il s'appelait, forcément, on n'allait pas l'appeler Charles-Edouard) avança d'un pas lourd et nonchalant dans la rue déserte. Un chat vint se frotter contre ses jambes en miaulant ; d'un coup de pied machinal et naturel, qui témoignait d'une pratique régulière, il l'expédia manger des souris vertes sur Mars, ou en tout cas dans ce coin-là. Crachant son mégot par terre, notre cow-boy passa sa main dans la poche de son large manteau en peau de Sioux - la chasse aux guépards était prohibée - et vérifia ce qu'il s'y trouvait : trois mégots à moitié fumés, qu'il gardait pour faire style quand il rentrait dans les saloons ; des cartouches dédicacées par Lucky Luke ; un frigo, pour les petits creux ; un feu de camp déjà allumé, pour les nuits où il faisait froid ; une soucoupe volante, pour quand on lui proposerait un contrat de premier rôle dans un film de science-fiction, et deux ou trois autres trucs utiles dont on a parfois besoin quand, par exemple, les pigeons mutants envahissent l'Australie, ou si jamais toutes les plaines de l'Arizona décident de partir en vacances (à savoir, un passeport pour l'Australie avec des pistolets à neutrons, et une télé 16 pouces pour faire revenir les plaines grâce au son du générique de "la petite prison dans la mairie").


Il le savait, c'était ce soir que ça devait se passer. Ce soir qu'allait se jouer, peut-être, sa vie, comme sur les roulettes des saloons. Il se dit que putain, c'était vachement philosophique ce qu'il venait de penser, qu'il était génial, et qu'il fallait qu'il pense à s'admirer un peu dans un miroir quand il en aurait l'occasion. Oui, sa vie allait peut-être se jouer ce soir, la sienne ou... Celle de Texas Bill (ndlr : ben oui, on est dans un western, alors forcément...) à qui il avait piqué la place de parking devant le ClintFastfood. Et en plus il lui avait rayé la carrosserie de son cheval, vu qu'il avait loupé son créneau... Alors bon, le Bill, ça l'a pas rendu content-content, et il décida de vider un barillet complet de son revolver dans le crâne de notre cher Johnny - après bien sûr, lui avoir fait manger par le nez un constat en bonne et due forme. Et c'est ce soir que ça devait se jouer, dans la rue principale de la ville miteuse où il se trouvait déjà. Au fil des pas, notre cow-boy arriva dans ladite rue ; et là, au bout, il aperçut Bill, cigare en bouche et mains sur les colts.
Ils firent face, l'un à l'autre, en gardant cependant une distance raisonnable. Une mouche passa et se posa sur la joue de Johnny, qui éternua. Merde, il va falloir penser à lui demander son truc, à Clint, pour pas broncher dans ces cas-là. Dans le fond, on entendait la guitare branchée sur son ampli Fender dernier modèle, qui jouait lourd. Ca faisait vraiment classe, on s'y serait cru...
- "Ecoute, Bill, c'est pas ma faute si j'ai rayé ton canasson : il était mal garé ! Tenta Johnny.
- Je vais te meuler la tronche, rétorqua Bill.
- Et moi te faire manger du dentifrice par le nez, dit-il en prenant sa voix la plus grave, histoire de faire viril.
- Comment comptes-tu faire ça si tes tripes sortent en travers de ton ventre ?
- Eh bien en les ramassant, en les rangeant bien au chaud dans ma poche, en refermant mon ventre et en te découpant le crâne avec un ouvre-boîtes rouillé.
- Et après ? Je vois mal où est le dentifrice dans l'histoire, d'autant plus que si je t'arrache les membres à coup d'éperon pour après te les enfoncer dans la poitrine, tu vas avoir du mal à prendre un tube...
- Signal + ou Elmex ?
- Va te faire foutre, je vais te siphonner ce qui te sert de cervelle avant de la donner à boire aux Sioux du coin.
- D'accord, Elmex alors... Je te le fais ingurgiter par les oreilles ou le nez ?
- Attends que j'écrase tes yeux sous ma botte après les avoir énucléés à l'aide de mes ongles...
- Hé mais dis-donc, c'est vachement violent ce truc, on devrait pas en informer les gens ?
- Ha oui tiens, pas bête."
Et subitement, un logo "-12" apparut en bas à droite de l'écran, indiquant au parents qu'il serait bon de renvoyer les gosses au lit, même si bon, avec ce qu'ils avaient déjà vu, c'était plus trop la peine. Au lit les gosses.


Mais pendant ce temps, Texas Bill sortit son revolver de sa gaine, un superbe modèle chromé à balles en argent platinées, 2000 $ pièce sans les cartouches et garanti trois ans, et tira un, deux, trois et même quatre coups - ça fait beaucoup, la vache ! - en direction de Johnny. Ce dernier activa l'option ralenti, et esquiva les balles une à une en se balançant en arrière, dos parallèle au sol et pieds sur terre (d'ailleurs un certain Neo s'inspira plus tard de cette scène pour frimer devant un couillon qui de toutes façons lui a défoncé les épaules). Une fois les balles passées, il se releva et cracha sa chique (oui, il en gardait toujours une planquée derrière ses dents quand il avait craché son mégot, histoire d'avoir toujours quelque chose à cracher). Rajustant son Stetson, notre cow-boy professionnel lança un regard des plus narquois à Bill, qui, en passant, avait pas l'air fin avec son flingue à deux mille balles qui était même pas foutu de tirer correctement...
Johnny sortit son copain Smith (qui s'appelait de temps en temps Wesson, aussi) de sa gaine ; tranquillement, mais pas trop, histoire de quand même foutre les boules à l'autre d'en face. Il pointa le canon de son arme vers Bill, qui venait à l'instant de comprendre l'utilité d'acheter du beurre de cacahuètes pour chiens trisomiques estropiés les soirs de demi-lune (ah non, c'est pas ça... Pas grave, personne n'a rien remarqué. On reprend). La balle partit d'un seul coup vers Texas Bill, et la caméra suivit cette dernière dans un effet époustouflant dont seuls les plus grands cameramen ont le secret. Elle n'était plus qu'à deux mètres de ce dernier, quand...
Le réveil sonna. "... Voyage de Jacques Chirac, il rencontrera demain le... " *clic* ça va aller comme ça. La vache, faut que j'arrête de me farcir des westerns en mangeant des spaghettis, ça me fait faire des rêves à la con...
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Re: Johnny le cawe-boille
Posté par yannos la terreur le 10/11/2006 18:53:54
Hum... :-) c'est gentil ! Je suis un cow-boy dans l'âme, d'ailleurs tous mes amis portent un Stetson et ont au moins un colt, voire deux dans leurs poches...
Re: Johnny le cawe-boille
Posté par zeromantik le 08/11/2006 19:07:17
J'adore, j'adhère! :D
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Publié le 08 novembre 2006
Modifié le 21 octobre 2006
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