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Thierry Henry mérite-t-il tant d'éloges ?

À l'aube d'une retraite qui ne dit pas son nom, le meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France est célébré par tous les médias spécialisés. Sans la moindre mesure, sans la moindre référence à ses nombreux errements comportementaux et sportifs. Voilà pourquoi une contre-biographie s'imposait.


Une sortie comme il les affectionne. Samedi 29 novembre 2014, les New York Red Bulls doivent se contenter d'un nul et ne disputeront pas la finale de la Major League Soccer. Une rumeur persistante a rythmé les jours précédant la rencontre : une des principales stars du championnat, Thierry Henry, 37 ans et en fin de contrat, pourrait mettre un terme à sa carrière. Logiquement, l'armada de journalistes présents dans le stade entend démêler le vrai du faux auprès du joueur. Les micros se tendent vers une seule cible. L'attaquant observe posément ce barnum, aguiche son auditoire avec un "Bon alors vous êtes prêts ?", puis lâche un "Bien joué New England !" et rebrousse chemin. Une saillie à la résonance proche d'un "Allez vous faire foutre !", sa façon de jouir du petit pouvoir lui restant encore.

Fustiger les médias aura été un de ses jeux favoris depuis une quinzaine d'années, ce n'est ni le premier ni le dernier sportif à pratiquer ce loisir, soit. Le problème, lorsque l'on regarde attentivement dans le rétro, c'est que ses crises d'ego et de mépris ont nuit à bien d'autres que des organes de presse.


À la base un distributeur plus qu'un buteur

Oui, cette tribune libre est signée d'un amateur de football anti Thierry Henry je l'admets volontiers. Cependant j'insiste sur la précision anti Thierry Henry "secondaire", à savoir une opinion forgée au fil des années, sur une succession de faits et avec des arguments tendant vers la plus grande objectivité possible.

Replongeons donc d'un œil nouveau dans la carrière de l'enfant des Ulis. Rapidement repéré par des recruteurs monégasques, il s'aguerrit en préformation à l'INF Clairefontaine à l'âge de 14 ans, puis passe par le FC Versailles, avant d'intégrer l'effectif du club du Rocher à part entière en 1993. Garçon timide et respectueux, Titi attend son tour en affolant les compteurs avec la réserve. Il entre en jeu en division 1 pour la première fois en août 1994, avant d'inscrire ses deux premiers buts huit mois plus tard lors d'un succès princier à Lens (0-6).

http://www.youtube.com/watch?v=f4YbXQMxr2g

Avec une ligne offensive encombrée de Sonny Anderson, Vitor Ikpeba ou Mickaël Madar, le petit jeune constitue un joker de luxe durant la saison 1995-1996, disputant en tout et pour tout 18 rencontres pour trois buts. Sa technique, son sens du dribble et sa vision du jeu sont alors unanimement salués, mais nul ne soupçonne le buteur sommeillant en lui.

L'explosion a lieu l'année suivante. Il devient champion de france au sein d'un effectif monégasque quatre étoiles (Barthez, Legwinski, Anderson, Benarbia, Djetou, Petit, Blondeau, Scifo) et figure parmi les cinq joueurs les plus utilisés avec 36 des 38 matchs de championnat disputés (neuf buts et huit passes décisives).

http://www.youtube.com/watch?v=2Z9VlCQoeDg

http://www.youtube.com/watch?v=Kzq2ZmcVcpA

Cependant, ce sont ses performances répétées en ligue des champions la saison suivante (sept buts en neuf parties) qui achèveront de construire son statut de nouveau crack du football français, première sélection à la clé avec les bleus en octobre 1997.

Entre-temps, l'étiqueté "prodige" commet, sous l'influence d'agents peu scrupuleux, son premier impair moral en signant parallèlement à sa prolongation de contrat à Monaco une entente avec le Real Madrid. La Fifa mettra son nez dans l'affaire et invalidera cet accord.

http://www.fcbarcelonaclan.com/actu/thierry-henry-avait-signe-au-real-madrid-et-avait/5797.html


1998, la naissance d'un melon

Les lendemains de fête sont difficiles dans une ASM affaiblie par les départs à l'intersaison et peu heureuse dans ses recrutements (Japhet N'Doram, rapidement blessé, le couac Robert Spehar). Puisqu'aucun joueur de calibre ne se dégage pour suppléer le départ de Sonny Anderson, les clés se retrouvent logiquement entre les mains d'Henry. Mais si l'on excepte ses soirées européennes d'envergure, il régresse avec seulement quatre buts inscrits en trente apparitions en championnat. L'espace était pourtant bien là, ainsi un autre jeunot répondant au nom de David Trezeguet s'y faufile et devient le meilleur buteur du club devant Vitor Ikpeba.

Néanmoins, le duo Henry-Trezeguet convainc en équipe de France espoirs et embarque pour la Coupe du Monde 1998 aux côtés d'attaquants controversés nommés Dugarry et Guivarc'h.

La suite est connue : blessures coup sur coup de ces deux derniers et promotion des jeunes. Avec sa pointe de vitesse sur l'aile gauche Henry ballade les défenses de l'Afrique du Sud et de l'Arabie Saoudite pour signer ses trois pions initiaux en Coupe du Monde. La suite sera moins heureuse, notamment un poteau en 1/8 de finale face au Paraguay et une entrée avortée en finale à cause de l'expulsion de Marcel Desailly. Titi surprend par son culot, vu alors comme de la fraîcheur, en tirant sans paniquer un des pénos de la séance face à l'Italie en quarts de finale.

L'après-mondial est chaotique. À 21 ans, la désormais star de l'effectif monégasque estime qu'il n'a plus de temps à perdre. Il renâcle à travailler aux entraînements, multiplie les clashs avec Jean Tigana, participant à un mouvement de défiance d'une partie du groupe contre l'entraîneur. Mais son changement d'attitude ne s'arrête pas là et écœure jusqu'aux plus hautes instances du football français. Roger Lemerre, successeur d'Aimé Jacquet comme sélectionneur des A, sanctionne le putschiste et le laissera réapprendre la simplicité auprès de l'équipe Espoirs jusqu'à mars 2000. Officiellement, il n'en est rien bien entendu, on parle plutôt d'un joueur dévoué redescendant d'un cran pour aider à la qualification pour l'Euro Espoirs (objectif d'ailleurs non atteint).

Henry joue alors volontairement en sous-régime. Avec Monaco il ne signe qu'un pauvre but en treize rencontres de D1 et aucun en cinq parties de Coupe de l'UEFA. Cet auto-sabordage aboutit à la réalisation de son souhait : un départ au mercato hivernal, alors tout nouveau, direction la Juventus de Turin. Lâché par ses dirigeants dans cette affaire, Tigana quittera son poste peu après. Il faut bien se remettre dans le contexte des transferts à cette époque : les joueurs partants en cours de saison, alors que titulaires dans leur club, étaient rarissimes. Le marché d'hiver était perçu comme un moyen d'amortir des échecs de recrutements, de ne pas laisser sur le carreau un joueur non utilisé, pas comme un outil de chantage pour jeune talent pressé. Deux ans plus tôt, un certain Anelka avait déblayé le terrain en mettant Paris devant le fait accompli de sa signature à Arsenal. Ces deux-là ont bien d'autres points communs...


Rencontre de son père spirituel et pendant caractériel

Les statistiques de TH dans le championnat de France paraissent rétrospectivement bien modestes : vingt buts en 105 rencontres, bilan rehaussé par ses vingt six passes décisives et ses envolées héroïques en Champions League.

Son départ était prématuré, son point de chute mal pensé. Au sein des bianconeri, il est un joueur sans grand relief au milieu de stars confirmées comme Inzaghi, Davids, Zidane, Deschamps ou Del Piero. Il ne trouve pas le terreau pour développer son jeu, souffre face aux défenses resserrées de la Série A et inscrit seulement trois buts opportunistes (dont un doublé face à la Lazio).

http://www.youtube.com/watch?v=dBDeTNlPt6w

La Vieille Dame le cède sans demander son reste à Arsenal, club alors friand de frenchies sous la houlette de son manager, Arsène Wenger, dont la route devait bien converger un jour avec celle d'Henry après le chassé-croisé à Monaco en 1994. L'Alsacien doit alors remplacer sa pointe offensive... Anelka, auteur d'un nouveau clash pour rejoindre le Real Madrid. C'est la naissance de Henry 2.0, un froid exécuteur auquel il ne faut pas dix occasions pour faire trembler les filets.

Impossible de dissocier ses huit années de triomphe personnel à Arsenal de la patte de Wenger, le mentor qui forgera bien plus que son identité de jeu. Les deux hommes semblent communiquer d'un seul trait, parlent avec cette même morgue de ceux se croyant géniaux. Un art de camoufler un ego surdimensionné en modestie. Fair-play quand ils gagnent (Arsène sera unanimement reconnu pour avoir fait rejouer un match de coupe remporté sur une action litigieuse), rageurs quand la situation leur échappe (on ne compte plus les insinuations de Wenger sur la partialité des arbitres lors de défaites face à Manchester United ou Chelsea), arrogants dans tous les cas (ce flegme si peu britannique en fait). Là où des Mourinho ou Cristiano Ronaldo n'hésitent pas à mettre en scène une confiance en eux déraisonnable pour mieux surprendre par leur chaleur humaine en "off", Wenger et Henry jouent les modérés devant les caméras et démontrent leur prétention par leurs actions sous-marines. L'un tente de saborder les équipes nationales en prenant la tête d'un mouvement réclamant des compensations financières quand un club envoie des joueurs en sélection, tout en se frottant les mains lorsque le statut d'international A fait grimper leur valeur sur le marché des transferts (et en se permettant de jouer les consultants pour l'équipe de France). L'autre mine systématiquement l'émergence d'un nouvel attaquant bleu à ses côtés entre 2004 et 2010, en refusant par exemple de quitter l'axe, mais prétend être le "grand frère" passant le relais entre les générations. Exclusivement porté par leurs intérêts personnels, peu importe que les résultats sportifs ne suivent pas toujours.


Mépris pour journalistes, public, coéquipiers

Henry inscrit 262 des 411 buts de sa carrière professionnelle (nombre définitif ?) durant sa huitaine chez les gunners, buts en bleu compris. Le volume de sa tête double aussi durant cette pèriode. Et il y a de quoi se demander le motif. D'un joueur technique des plus créatifs à l'ASM, TH est devenu une simple machine à scorer, comptant sur deux atouts principaux : sa pointe de vitesse, idéale dans un championnat laissant des grands boulevards pour accélérer, et sa "spéciale", ce fameux plat du pied/petit filet opposé qui laisse pantois tous les naïfs.

Notons que cette "spéciale" était effective dès sa première saison chez les gunners, ce que démontre la première partie de cette compilation de son âge d'or à Londres.

http://www.youtube.com/watch?v=3SiWnKPReKw

Il importera d'ailleurs ce finish jusqu'aux États-Unis, malgré des stats de moins en moins reluisantes au fil des années.

http://www.youtube.com/watch?v=lCCSNGUy5mQ

En dehors de cette façon d'empiler les pions, il ne se comportera jamais durant son hégémonie à Wengerland tel le capitaine protecteur dont l'expérience rejaillirait sur les ouailles (remarque valable aussi en EDF). Tant qu'Arsenal lutte pour le titre et conquière quelques trophées tout va bien (titre de champion d'Angleterre en 2002 et 2004 et FA Cup en 2002,2003 et 2005). Mais avec l'émergence du Chelsea d'Abramovich et la concurrence vive de Manchester United, l'objectif se limite par la suite à accrocher la 4e place. Henry s'agace de cette relégation en second plan, laisse augurer à plusieurs reprises un départ à l'intersaison suivante, animé par une saine ambition. Cependant un doute l'assaille, quitter une équipe où tout le monde joue pour lui ? Abandonner un royaume où il règne en maître pour devenir un vassal dans une écurie de stars ? Trois étés consécutifs la rumeur d'un transfert au FC Barcelone se fait pressante, la dernière sera la bonne en 2007. Entre temps, les équipiers de Son Altesse Sérénissime ont subi deux dernières saisons de reproches et d'humiliations publiques. Du comportement sur le terrain aux déclarations, comme lorsque au début de la saison 2006-2007 il vante la jeunesse émergente de MU et fustige celle de son club à laquelle il ne prévoit pas de grand avenir, précisant notamment "ce n'est pas avec Fabregas qu'on va aller loin".

Manque de vision, puisque le club n'a jamais pratiqué un aussi beau football que lors de la première saison post-Henry. Longtemps invaincu en premier league (première défaite à la 16e journée), Arsenal va échouer de peu au titre en 2008 malgré un total ébouriffant de 83 points et trois petites défaites (contre cinq pour MU sacré champion). En Champions League, le club se hisse en quarts de finale au lieu de l'habituelle élimination en 1/8 de finale (voir le cas de la finale 2006 en annexe). Les jeunes ne se privent pas d'une rebuffade et estiment publiquement "avoir pu se libérer dans le jeu depuis le départ d'Henry". L'intéressé rie jaune et estime que le propos ne l'attaque pas personnellement.

Comme craint, les débuts du "dieu" londonien en terres catalanes sont poussifs. Le jeu de redoublements de passes dans des petits périmètres pratiqué par le Barça ne colle pas avec les qualités propres à TH. Exilé sur une aile qu'il n'affectionne plus depuis la fin de son séjour monégasque, l'attaquant français est un des acteurs impuissants de la plus mauvaise saison du Barça depuis 2003 : 3e en liga à 18 points du Real (!), éliminé en demi-finales de la Copa Del Rey comme de la Champions League. Henry signe seulement douze buts dans un championnat pourtant réputé offensif.

Contrairement à des médias français complaisants (à l'exception notable de So Foot), la presse espagnole n'épargne pas les attitudes de diva et le faible rendement de son numéro 14.

Pour exemple cette appréciation du journal catalan Sport, ayant autorité pour tout ce qui touche au Barça, au lendemain d'un match de Champions League contre Schalke 04 : "Il a passé son temps à regarder le ballon et à râler. Dans sa ligne habituelle : sans saveur."

Notons l'importance du "dans sa ligne habituelle" qui laisse imaginer les autres critiques acerbes ayant eu cours durant toute la saison.

L'ère Guardiola débute à la rentrée 2008 et avec elle une domination sans précédent d'un club sur l'empire football. Henry espère un départ d'Eto'O pour récupérer un poste d'attaquant axial, mais devra à nouveau évoluer sur l'aile gauche. L'amalgame se réalise enfin et la puissance de feu des attaquants blaugrana séduit toute l'Europe (114 buts cumulés pour les cinq joueurs les plus alignés dont 26 pour le Français). Suite au départ de Ronaldinho, Messi devient le patron officiel du jeu catalan et conquière son premier Ballon d'Or en fin d'année. Autrement dit, Henry n'est qu'une maille négligeable de la chaîne.

http://www.youtube.com/watch?v=5MNu_z_CJK0

Sa dernière année en Catalogne le confirme : les jeunes Pedro et Bojan lui sont régulièrement préférés aux côtés de l'extra-terrestre Argentin (auteur de 47 buts toutes compétitions confondues), sans compter l'arrivée d'Ibrahimovic (21 buts) pour suppléer Eto'O. TH retombe à ses stats pré-Arsenal en scorant seulement 4 fois en 32 rencontres disputées.


Domenech, l'incompétent utile

Inutile de s'épancher sur l'aventure américaine venant de se clore, elle aura été le témoignage d'un niveau déclinant logiquement avec l'âge, à l'image de son nombre de buts. Mais parait-il là aussi que c'est un choix délibéré pour faire briller Shawn Wright-Phillips, fils du légendaire attaquant Ian Wright. Soit, un retour à l'altruisme originel ne peut nuire à personne.

Comprendre et expliquer les limites sportives de Thierry Henry c'est d'abord regarder sans œillères son parcours en Équipe de France. Très bon au sein d'un groupe performant mené par des Deschamps et Zidane en 1998 et 2000, le meilleur buteur de la Premier League n'est pas la locomotive attendue au Mondial 2002. Il sombre avec le reste du groupe au moment de faire face à l'absence sur blessure de Zidane... Et même plus que les autres.

http://www.youtube.com/watch?v=GnQh3MHtx_o

L'Euro 2004 sera une guerre de leadership entre les grands anciens (Zidane, Thuram, Makalele) et la génération Henry, conflit amplifié par l'abandon du navire prédéterminé du sélectionneur Jacques Santini (départ à Tottenham à l'issue de la compétition). Les premiers nommés jettent l'éponge à l'issue de l'élimination en quarts face à la Grèce. Est alors nommé Raymond Domenech à la tête des Bleus. L'absence de vision de l'homme au palmarès vierge en une dizaine d'années chez les Espoirs offre à voir une équipe en roue libre durant la saison 2004-2005. Les trois retraités sont piteusement rappelés en secours à l'été 2005 et les joueurs prennent le pouvoir lors du Mondial allemand, après un premier tour flottant. TH sauve les meubles en scorant contre la Corée du Sud et le Togo. Et pour cette simple mission accomplie il exigerait presque une statue ! Sa réaction fielleuse à l'encontre du public et des médias ravive une image négative. En quarts il inscrit un but essentiel face au Brésil, suite à une passe de Zidane sur coup franc, la seule fois où le légendaire 10 trouvera l'attaquant vedette.

Le maestro se retire définitivement à l'issue de la finale "coup de boule" et les Bleus se cherchent un nouveau leader.

Henry ne gagne pas en maturité durant cette pèriode. Lorsqu'on l'interroge sur sa disette de huit matchs sans buts en EDF (malgré des adversaires très abordables), il ironise : "Ho là là vous n'imaginez pas comme ça peut m'empêcher de dormir." Il devient également un allié objectif de Domenech, ne s'offusquant jamais de ses décisions d'exclure de potentiels cadres comme Pires, Trezeguet ou Giuly. Tant que lui garde sa place seule en pointe, tout va.

Le pouvoir saute une génération et échoie successivement aux Ribéry, Nasri, Gourcuff sans se fixer sur une seule personne. Pour le rôle de vieux sage au contact duquel les jeunes progressent on repassera. C'est l'affaire de la place dans le bus avec Nasri en 2008, c'est l'attitude pleutre suite à la main contre l'Eire (et non la main elle-même) en 2009, c'est enfin la participation sans sourciller à la grêve de Knysna en 2010. Soutien numéro un de Domenech pendant six ans, le futur Red Bull tente de s'exonérer de cet épisode au retour d'Afrique du Sud en obtenant un surprenant entretien avec le président de la république Nicolas Sarkozy. Pour mieux signifier être au-dessus de ces péripéties de vestiaires.

Et sportivement, qui peut citer sans sourire un match référence d'Henry en EDF ? (voir les annexes à ce sujet)

Même les buts lui permettant de dépasser le record de Michel Platini en bleu interviennent à l'issue d'une rencontre où il s'était peu mis en valeur.

http://www.youtube.com/watch?v=yydGkOTnA1c

La vérité oblige à dire le talent certain du gamin des Ulis, savoir se fondre dans un groupe pour en être le reflet. Il a été bon lorsque son club ou équipe nationale le fut, moyen à d'autres moments pour les mêmes raisons, et incapable de résister à la médiocrité quand l'aspiration vers le bas s'amoncellait. Nulle déteinte sur un équipier, nul rôle de guide.

Je citerai les mots de Romain Canuti (So Foot) concluant sur le même sujet : "Henry, l'homme qui aurait suggéré un jour à Zidane de "moins tricoter", est donc au final l'exact opposé d'Éric Cantona : gros palmarès, mais petite aura".


L'art de ne pas assumer la controverse

On a beaucoup reproché l'absence de culture foot du public français pour avoir brocardé la main de Henry contre l'Eire, mais un rapide tour d'horizon international démontre que la véhémence allait bien au-delà de l'Hexagone.

http://french.peopledaily.com.cn/31966/98987/

La comparaison avec la "main magique" de Maradona (Argentine-Angleterre 1986), aujourd'hui admise comme une filouterie pleine de grâce ou la "main sacrificielle" de Suarez (Uruguay-Ghana 2010), reconnue d'utilité publique, ne tient pas complètement la route. Et cela pour une raison simple : le comportement des auteurs face à la polémique. Les deux Sud-Américains ont assumé leur vice sans tortiller, n'ont jamais voulu convaincre de leur bienséance. Ces gestes participent de l'identité de joueurs authentiquement controversés.

Qu'importent ses différents écarts ou limites, Henry les noie par la tiédeur. Il s'aide de la main pour offrir un but décisif à Gallas contre l'Eire ? Il compense maladroitement en jouant les consolateurs d'adversaires effondrés au coup de sifflet final. Sans parler de ses commentaires publics.

http://www.youtube.com/watch?v=nyU6QtJcMzM

http://www.youtube.com/watch?v=4JY4qenppQs

Il s'empêtre dans une combinaison de pénalty ridicule avec Robert Pires pendant l'âge d'or des "Invincibles" ? Il n'assume pas le caractère présomptueux de cette initiative et met l'entière responsabilité de cet échec sur le dos de son équipier. Il effectue un tir nonchalant n'ayant aucune chance de tromper le gardien suisse au premier tour du mondial 2006 ? La faute à la chaleur et au bras mis en opposition par un défenseur ! Pour revenir à l'analogie avec Wenger, on se trouve face à la même rhétorique hypocrite. L'un va chercher le clash physique avec Mourinho et prétend avoir seulement marcher droit devant lui, l'autre évoque un réflexe de gamin de cour de récré (pourquoi pas dans le fond, car encore une fois le débat n'est pas là), mais propose néanmoins de rejouer la rencontre deux jours plus tard en sachant pertinemment que la procédure de la FIFA ne le permettra pas.

À quoi bon nier son arrogance et sa froideur quand il en a laissé tant de traces ?

Volonté d'humilier l'adversaire : http://www.youtube.com/watch?v=xzPMvAIrtQs
Fourberie avec la bienveillance du corps arbitral : http://www.youtube.com/watch?v=gCWjioIR5MM
Contre-célébration ostentatoire : http://www.youtube.com/watch?v=Q_11vMFKI_4
Provocation égocentrée dans un moment exigeant la liesse collective : http://www.youtube.com/watch?v=5kt0rNT9QuM
Attitude condescendante avec des jeunes venus à la base le voir pour le plaisir : http://www.youtube.com/watch?v=SUCjTIb-9g8

Henry ne se fera pas que des amis en Major League Soccer non plus : sa propension aux excuses à l'issue des rencontres où il est moins bon, ses attitudes provocatrices face aux gardiens adverses (notamment le décompte avec les doigts du temps pris pour dégager) ou ses élans peu réfléchis agaçent les analystes américains. Ci-dessous l'agression idiote du gardien de Dallas.

http://www.dailymotion.com/video/xevme4_thierry-henry-blesse-le-gardien-des_sport[/embed]

Terminons cette biographie non autorisée en adressant un salut à l'ami Emmanuel Petit, auteur d'une sortie peu glorieuse pour défendre Titi le mardi 2 décembre, jour même de l'opération de lobbying lancée par l'Équipe pour un adieu aux bleus en grande pompe.

Voyez-vous Monsieur Petit, en plus de la nécessité de relativiser son statut de grand joueur de l'Histoire du foot, il y a bien deux ou trois choses que l'on peut reprocher à Thierry Henry. Et sans doute en oublie-t-on.
L'auteur : Emilien Bartoli
41 ans, Toulouse (France).
Publié le 10 décembre 2014
Modifié le 07 décembre 2014
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