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Un second train me conduirait à Madrid (2)

Il fallut plus de trois heures au train pour accéder à Madrid. Les paysages avaient changé. Je ne voyais plus ces élégantes femmes dans leurs robes aux couleurs chatoyantes.


Un mois plus tard, je dû prendre le bateau à Dunkerke en partance pour Douvres avec Joséphine, mon autre fille. Elle avait contracté la maladie une semaine après le décès de sa sœur et sa seule chance de survie était la clinique des maladies pulmonaires de Londres.
Mon mari ne put m'accompagner en raison de contraintes à son travail.
Le voyage fut terriblement éprouvant, Joséphine ne cessait de tousser et je craignais qu'elle ne s'étouffe elle aussi.
Je me baladai sur le ferry quand je rencontrai un homme qui se présenta comme étant Mr Yehudi. Il me trouva bien triste et me proposa un verre de rhum pour me remonter le moral. J'acceptai de bon cœur, abandonnant Joséphine dans la cabine.
Nous finîmes la soirée ivres sur le ponton, chantant à la gloire de l'alcool en nous étreignant joyeusement.
Je m'endormis comme une masse à coté de Joséphine et me réveillais difficilement une demi heure plus tard tandis que nous arrivions en Angleterre.
Je retrouvai Monsieur Yehudi sur le quai, tandis que j'attendais le train.
Il salua ma fille qui semblait à l'agonie puis me tendis une flasque remplie de brandy.
J'en avalai une gorgée puis lui rendis l'alcool mais il refusa, m'assurant que j'en avais bien plus besoin que lui.
Il se rendait également à Londres, il rendait visite à un ami guérisseur afin de se débarrasser de son asthme.
Nous parlâmes longuement durant le trajet, abandonnant Joséphine et sa toux.
Arrivés à destination, il me proposa de loger au même hôtel. Nous nous rendîmes ainsi au Cygnet, un hôtel flambant neuf et dés que ma chambre fut prête je m'endormis sur le lit moelleux.
Le lendemain, j'eus la surprise de recevoir la visite d'un groom m'apportant un plateau couvert de mets délicieux accompagnés d'un mot.
Il provenait de Monsieur Yehudi qui me proposait de l'accompagner avec ma fille chez son ami guérisseur.
Je refusai car j'avais rendez-vous dans la matinée à la Clinique.
J'y rencontrai une charmante infirmière qui, par chance, avait étudié à Paris durant deux ans.
Elle parlait donc un français irréprochable et je n'eu pas besoin de me servir de mon anglais très approximatif.
Elle nous guida jusqu'à la salle d'examen et tandis qu'un jeune docteur jugeait attentivement le cas de Joséphine, elle me pria d'attendre hors de la salle.
Et c'est ce que je fis. Durant trois longues heures, je feuilletai des magazines britanniques auxquels je ne compris pas un mot.
Et tout à coup, Joséphine sortit en courant et se jeta dans mes bras, tremblante.
Le médecin la suivait et l'infirmière vint s'installer à mes cotés en posant sa main sur la mienne. Elle me traduisit le charabia incompréhensible du docteur et j'appris ainsi que la maladie de Joséphine était à un stade tellement avancé qu'elle en était incurable.
Elle ajouta qu'il ne lui restait probablement que quelques jours à vivre et qu'un déplacement aussi éprouvant qu'une traversée en ferry pourrait lui être fatale.
Je fus assommée par toutes ces nouvelles. Que faire ? Je ne pouvais même pas ramener ma fille à Paris !
Dépitée, je rentrai à l'hôtel. Je croisai Mr Yehudi dans le hall d'entrée et il m'annonça que son ami guérisseur lui avait fait faux bond, il devait donc retourner le voir demain matin.
Nous nous rendîmes au bar et il me proposa à nouveau de l'accompagner chez son ami. Entre deux gorgées de whisky j'acceptai son offre. Cela semblait être le dernier espoir pour Joséphine, après tout.
Le lendemain, nous nous rendîmes comme prévu chez Mr Brami. Il examina longuement ma fille puis parla en yiddish à Mr Yehudi qui m'entraîna alors dehors.
Il m'expliqua que je devais accepter d'abandonner ma fille en Angleterre et de partir rejoindre celui que j'aimais afin d'assurer la survie de Joséphine.
Je ne comprenais pas où il voulait en venir, il m'expliqua alors qu'il pouvait s'arranger pour me faire passer pour morte afin que je puisse rejoindre l'Espagne sans risquer d'être arrêtée par mon mari.
En échange, je devais abandonner ma fille aux soins de Mr Brami, ce guérisseur persuadé d'avoir le traitement miracle mais qui ne voulait pas risquer que ma fille fasse un déplacement qui serait peut-être son dernier.
Je ne pouvais donc pas la ramener en ferry. Je n'avais pas le choix. Cet homme semblait pouvoir sauver ma fille et c'était là mon vœu le plus cher.
J'interrogeais alors Mr Yehudi sur ce que retirerait son ami de ce curieux échange et il m'annonça que Mr Brami et sa femme ne pouvait avoir d'enfants et rêvaient de posséder cette adorable enfant aux immenses yeux bleus.
Une larme m'échappa. Je ne parvenais pas à peser le pour et le contre, je me sentais affreusement égoïste et pourtant je ne voyais d'autres solutions !
Je m'avançai lentement vers Joséphine, l'embrassai et partis.


Une semaine plus tard, Mr Yehudi organisa un enterrement dans une ville au sud de Londres.
Des centaines d'aristocrates et bourgeois français étaient là, les femmes arboraient toutes des chapeaux aux voiles noirs et de longues robes à la dentelle sombre.
Les hommes les soutenaient et tous pleuraient. Tous, excepté mon mari.
J'étais au milieu des ces personnes en deuil, cachée derrière un épais voile de dentelle et de velours, mes cheveux relevés en chignon recouvert par un élégant chapeau de feutrine noire.
J'assistais à mon propre enterrement.
Mon mari ne semblait pas triste mais plutôt furieux.
Il tapait nerveusement du pied et finit par lâcher une phrase qui jeta un froid dans l'assistance.
"Elle ne méritait pas de mourir ! Elle aurait encore du souffrir de longues années encore, cette catin !"
Sur ce, ma mère se retourna, le visage rouge de colère. "Mort ou pas, on a des manières, Sacrebleu !"
Elle gifla mon mari puis se réfugia, en pleurs, dans les bras de mon père.
Je n'eu pas le courage d'assister à la fin de la cérémonie et partis me réfugier au Cygnet.
Mr Yehudi m'y retrouva deux heures plus tard et me tendit mes billets pour le ferry et le train ainsi qu'un papier sur lequel il avait les coordonnées de celui pour qui je sacrifiai aujourd'hui ma vie.
Je lui laissai une importante somme d'argent en lui faisant jurer de veiller à ce que Mr Brami soigne toujours ma fille comme elle le méritait.
Puis je partis.


Je restai au bar du ferry pendant toute la traversée, avalant cognac sur cognac.
Un homme du m'aider à marcher lorsque nous arrivâmes à Dunkerke où un train m'attendait.
Je parvins à m'installer dans un wagon, les jambes chancelantes et la tête me tournant.
Je finis la flasque de brandy puis m'endormis. Un homme me secoua lorsque nous fûmes arrivé à destination. Je m'empressai de monter dans la voiture qui m'attendait patiemment.
Elle me conduisit jusqu'à Rosas et, constatant que mon train vers Madrid avait du retard, je décidais de le prévenir de mon arrivée. Je me rendis au bureau de poste le plus loin, dictais un télégramme très court à la préposée, lui tendit le papier sur lequel figurait son adresse puis partit en courant afin de ne pas rater mon train.
Il fallut plus de trois heures au train pour accéder à Madrid. Les paysages avaient changé. Je ne voyais plus ces élégantes femmes dans leurs robes aux couleurs chatoyantes.
En lieu et place de cela, il y avait des bombes qui explosaient.
Partout. Des traces de sang maculaient les façades jadis blanches des magasins, les enfants couraient en hurlant, suivis de leurs mères affolées.
J'ignorai ce qui se passait. J'entrai dans un hôtel à la devanture massacrée et demandai quelques renseignements à la réceptionniste. Celle-ci ne parlait pas un traître mot de français, je m'approchai alors du bar, commandai un whisky et un homme, visiblement ivre, s'approcha et me dit "Quoi donc, ma p'tite dame, vous n'étiez pas au courant d'la Guerre Espagnole ? Et bien, ma p'tite dame, voyez, en Espagne, on a les nationalistes et les républicains. Et fallait bien qu'ça arrive un jour, y s'font la guerre !"

Je continuai à fixer l'homme qui vidait son verre de chardonnay d'un seul coup puis partit.
Ainsi donc, l'Espagne était en guerre. Je jetai un bref coup d'œil à l'horloge murale et remarquai instantanément que j'étais en retard.
Je couru aussi vite que le permettait ma robe et arrivai à la Plaza Mayor avec une petite demi heure de retard.
Il était là. Il m'avait vue.
Il s'approcha, lentement, comme on s'approche d'un chien qui risque de mordre.
Nos visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres, il pris mon visage entre ses mains tandis que je fus éblouie par une clarté aveuglante.
Une bombe venait d'exploser à un mètre de nous. Je gisais sur le béton, à ses côtés.
Je fermai les yeux, je courai vers le bruit, vers la lumière.
Nous étions enfin réunis.
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Re: Un second train me conduirait à Madrid (2)
Posté par chacal le 07/09/2007 16:46:38
je suis de l'avis de lost-child quand elle a dit"Ça m'a fait des frissons" j aurai aimé une autre suite à l'histoir, bravo, tu as un style tres sympas
Re: Un second train me conduirait à Madrid (2)
Posté par rita44 le 15/06/2007 14:27:14
ms non c'est pas triste il faut mourir pr renaître... :-D
Re: Un second train me conduirait à Madrid (2)
Posté par luly le 15/06/2007 12:50:07
:'( c'est triste qd mm...

mais j'aime beaucoup cette histoire tu as un style sympa;)
Re: Un second train me conduirait à Madrid (2)
Posté par (iza) le 14/06/2007 17:10:44
rita44 >> Je n'ai jamais dit le contraire.
Re: Un second train me conduirait à Madrid (2)
Posté par rita44 le 14/06/2007 14:40:37
tu fais ce que tu vx c'est ton histoire si tu aimes les héros ridicules je vois pas d'inconvénient ms on a le droit d'aimer ou pas les caricatures, et même de dire qu'on n'aime pas qd on aime juste pr faire chier un auteur qu'on admire c'est une question de liberté
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L'auteur : Profession : Cow-boy de l'espace
33 ans, ? (?).
Publié le 13 juin 2007
Modifié le 09 juin 2007
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