 | Un sourireCette histoire m'a été envoyée par un ami, après une discution franche et amicale, autour d'un verre, sur sa souffrance et sur les façons dont les gens pouvait le percevoir. Ayant lu plusieurs de mes écrits, il se décida d'accoucher sur la feuille quelques lignes. Des lignes où se mêlent tristesse et espoir. Pour vous les jeunes, il veut bien que je le publie. Merci pour lui. Regard fuyant, visage fermé, sourire effacé, voici les seules choses auxquelles Ethan avait droits. Sa seule récompense, son seul cadeau. Autour de lui planait une aura noire, si noire qu'elle etait palpable à travers lui. Alors que jusqu'alors, il pensait que ce genre de chose n'existait pas, il etait forcé d'admettre le contraire.
Ethan ne cessait de se torturer l'esprit avec ce genre de pensée. Qu'allait-il devenir ? Devait-il lamentablement échouer parce qu'il ne pouvait plus sourire ? Devait-il se condamner lui même à cause de son mal être ?
Ethan jeta le livre qu'il essayait de lire depuis plus d'une heure. Il voulait de la compagnie mais à en juger par les regards et l'attitude de la multitude, il avait l'impression d'être un oiseau de mauvais augure.
Son coeur s'assombrissait chaque jour. Et chaque jour un peu plus, il subissait le même rituel : regard fuyant, visage fermé, sourire effacé
Comment ne pouvait il pas sourire alors que rien dans sa vie ne parraissait "moche". Il avait un travail. Pas le meilleur certes, mais suffisant pour vivre; vivre sans excès, de quoi payer son loyer, manger et faire quelques projets. Il n'avait ni copine ni enfant... Un parfait célibataire. Tout allait pour le mieux, et pourtant il n'était pas franchement heureux. Il ne l'était pas parce qu'il n'était pas vraiment beau. Et de plus, il ne savait pas s'exprimer. A cause de sa trop grande émotivité qu'il maudissait un nombre incalculable de fois, il finit par se dire qu'il n'était pas doué pour parler.
Pauvre Ethan ! Savait-il qu'en agissant ainsi, il se condamnait lui même ? Savait-il qu'il sombrerait dans le monde du silence ? Je pense qu'il l'ignorait.
Ironie du sort, nous arrivons à une époque où tous les individus doivent sans exceptions communiquer. Que ce soit par grognement ou non, tous les individus devaient et doivent s'exprimer oralement.
"Pauvre Ethan, tu t'es emmuré dans le monde du silence" disait-il souvent.
"Je suis condamné à vivre seul jusqu'à la fin parce que ma timidité maladive me pourrit la vie"
"S'il existe quelqu'un là haut, qu'il accepte ma requête et me fasse disparaître, je ne mérite pas une telle vie".
Regard fuyant, visage fermé, sourire effacé, voici les seules choses auxquelles il avait droits... Quoiqu'il tentait, ce sourire ne venait pas et son coeur s'assombrissait, de jour en jour, et comme récompense il n'avait qu'un sourire triste que personne ne voyait. Ethan décidait qu'il devait en finir.
Un soir, il quitta la maison, décidant de se jeter d'un pont et de se laisser mourir. N'étant pas très bon nageur, l'opération serait facile. Il décidait d'aller à pied au pont. Sur le trajet des milliers d'idées l'assaillirent, des milliers de projets se formèrent, il en fut surpris; lui qui d'habitude n'avait jamais d'idées. Ethan savait que c'était une tentative désespérée pour lui laisser plus de temps, pour survivre et repousser l'inéluctable.
Malgré tout, il chassa toutes ses idées et continua son chemin jusqu'au pont. Il rencontra un jeune couple qui s'inquiéta et demanda s'il allait bien. Ethan leur répondit qu'il allait bien et leur donna un sourire. Le sourire de la fin ? De la délivrance ? Le sort en était jeté. | | |
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