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Une Nana couverte d'or

Pour seulement huit points, Antoinette Nana Djimou a conservé son titre européen en salle du pentathlon. Ce qui pourrait lui servir en vue des championnats du monde d'août prochain.


Antoinette Nana Djimou ne pouvait faire ça qu'ici. Carolina Kluft était, avant le pentathlon d'hier et la victoire de la française, la seule athlète à être parvenue à garder son titre sur le pentathlon lors de deux championnats d'Europe indoor consécutifs en 2005 et 2007. Mais depuis hier soir, la suédoise n'est plus la seule à détenir ce record et c'est à Göteborg, terre dédiée à Carolina Kluft, qu'Antoinette Nana Djimou a conservé sa médaille d'or.
Elle aura dù attendre de longs instants avant de connaître le verdict livré par ce pentathlon. De longues minutes de patience avant le grand tableau de la salle n'indique le nom de la française tout en haut qui remportait ce combiné en totalisant 4666 contre 4658 pour la biélorusse Yania Maksimava. Au final, seuls six points les séparaient, ce qui ne représente pas grand chose dans un pentathlon. Pourtant, la championne d'Europe 2012 en plein air sur l'heptathlon comptait quatre-vingt-dix longueurs d'avance sur sa dauphine après la quatrième épreuve et le saut en longueur. Seulement, sur un pentathlon d'athlétisme, je jugement est rendu après la cinquième et dernière épreuve qu'est le 800m et qui est loin d'être la spécialité de la licenciée de Montreuil "déjà, le 800m n'est pas ma discipline favorite. Même en heptathlon, pendant le 800m, je ne suis pas dans les premières. En salle, c'est encore pire. Comme le tour de piste ne fait que 200m, il y a quatre tours à effectuer et pour le mental, c'est très chaud. Tu as l'impression que ça ne finira jamais. C'est une course qu'il faut jouer à la tête. Si tu n'as pas de mental, tu peux t'effondrer rapidement".
Son nouvel entraîneur, l'ancien décathlonien Sébastien Levicq, ajoutait "on n'a pas beaucoup travaillé le demi-fond cet hiver donc je m'attendais à ce qu'elle souffre mais elle s'est arrachée jusqu'au bout. Si elle gagne, c'est plus par la tête que par les jambes, c'est Antoinette, quoi". C'est vrai qu'elle a souffert sur ce quadruple tours de piste. Après le saut en longueur, Levicq estimait que chaque seconde de perdue sur la biélorusse, dont le 800m est le point fort, lui ferait perdre quinze points. Avec quatre-vingt-dix points d'avance, il fallait qu'elle ne fasse pas six secondes de plus que Maksimova. Quand la cloche a retentit pour indiquer l'entrée dans la dernière boucle, il restait donc 200m à parcourir, Antoinette Nana Djimou accusait un retard de trois secondes sur son adversaire mais sous l'accélération de la biélorusse et une Antoinette au bord de la rupture, l'écart se creusait. Au final, la française coupait la ligne 5"78 après sa dauphine qui restait, par conséquent, à cette place pour huit points "c'était dur. Je ne regardais même plus Maksimova. Je me foutais de ce qu'elle faisait sur la piste. Je me concentrais sur ma course et ne pas perdre trop de temps. Ça se joue à pas grand chose et c'est à mon avantage" concédait la championne d'Europe.


Le poids et la longueur au dernier essai

Mais ce n'est pas dans cette ultime épreuve du pentathlon qu'elle a veaiment fauté. C'est lors du saut en hauteur qu'elle donna des points à Maksimova. Pendant que cette dernière s'envolait et passait une barre à 1,90m, une excellente performance pour une pentathlète, Antoinette Nana Djimou ne faisait pas mieux qu'1,75m, insuffisant pour quiconque veut jouer la plus haute marche du podium. Et à douze points le centimètre, autant dire qu'elle avait pris beaucoup de retard sur ses adversaires. Et ce saut en hauteur aurait pu l'empêcher de faire le doublé européen. Nana en a pris compte "je me dis qu'il faut vraiment que je bosse le saut en hauteur. Hier, cette épreuve m'a fait perdre beaucoup de points qui auraient pu me coûter chers. Je ne me sentais pas bien. Je n'arrivais pas à m'élever comme je le fais normalement à l'entraînement. Quand je passe 1,75m, je sais que je ne ferai pas beaucoup mieux. Mais j'avais mal au genou quand je sautais. Je vais devoir bosser dur".
Mais, heureusement pour Antoinette Nana Djimou, un pentathlon comprend cinq épreuves. Normalement, faire des contre-performances sur deux épreuves sur cinq est rédibitoire. Mais Antoinette est une nana pas comme les autres et elle a les capacités de cartonner sur les trois épreuves, ce qu'elle a fait magnifiquement bien. Sur la première épreuve du matin, le 60m haies, elle coupait la ligne en 8"12, autant dire un excellent chrono pour un combiné "on a pas mal bossé le sprint surtout en janvier et je vois que le travail paie déjà. Ce n'est pas facile d'être à son meilleur niveau en début de journée, surtout pour moi qui n'est pas du matin. Alors commencer par un succès, ça donne de l'élan" jugeait la franco-camerounaise.
Ensuite, elle confirmait ses progrès en lancer du poids entraperçus depuis les derniers Jeux Olympiques et faisait le meilleur jet du concours pour son troisième essai. Et elle montrait sa force mentale au saut en longueur où elle rafflait la mise une nouvelle fois lors de son dernier essai. Elle a montré qu'elle savait s'arracher et sortir le meilleur d'elle à ses derniers essais. Pour une fois, elle qui a l'habitude de toujours faire mieux, Antoinette Nana Djimou a fait un moins bon score que lors de son premier titre européen en 2011, dans le palais omnisport de Paris-Bercy. Mais il est intéressent de noter qu'elle n'était pas à son meilleur niveau, ce qu'elle essaiera d'atteindre à Moscou lors des Mondiaux. Elle ne se met pas la pression. Elle est une habituée des places d'honneur que ce soit en championnat du monde ou aux Jeux Olympiques mais ne monte que rarement sur la boîte. Elle compte faire mieux mais allume immédiatement l'extincteur "Sebastien me dit que j'ai encore une marge de progression intéressente. Je vais bosser à fond. Cette victoire ? Je ne m'en fais pas une montagne. La plupart des pointures de l'heptathlon comme Jessica Ennis n'étaient pas là. Je ne serai pas favorite à Moscou mais j'adore cette position"...
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L'auteur : Fruitier Manu
29 ans, Paris (France).
Publié le 23 mars 2013
Modifié le 23 mars 2013
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