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Une vie à gratter

Une vie régie par la chance. Ou plutôt est-ce ce que l'on veut nous faire croire ? Court récit d'un monde que seul un pseudo-hasard gouverne, au détriment des uns et au bénéfice des autres.


Je me suis réveillé beaucoup trop tôt ce matin. L'aurore n'avait pas encore percé. C'est à peine si j'avais pu fermer l'œil de la nuit. Il était enfin arrivé. Ce jour que j'attendais avec une telle impatience depuis cinq longues années. Cinq ans à vivre dans cet horrible taudis, à me rendre chaque matin à l'usine, dans une grisaille étouffante, pour y voir défiler jusqu'au soir les mêmes pièce détachées de cette méchante machine que je ne pourrais jamais m'offrir... Que je ne pouvais pas m'offrir devrais-je dire... Aujourd'hui, nous allons tous recevoir nos différents tickets à gratter. Banco-Bac pour les étudiants, Banco-Job pour nous, et Banco-Love pour tous... Cinq ans que je ronge mon frein en priant pour que cette fois, ma chance tourne... Avoir eu le Bac du premier coup, et en être rendu là... Alors que certains souffrent parfois durant dix ans pour l'obtenir. Mais au moins, peuvent-ils espérer chaque année. Ce n'est pas aussi douloureux que de supporter un métier comme celui que j'accomplissais pendant les cinq ans réglementaires, et de se réveiller tous ces matins à coté de ça... Foutu Banco-Love... Vous grattez, obtenez un numéro, vous vous empressez de l'entrer dans le champ correspondant sur le site officiel, et vous attendez que la personne du sexe opposé possédant ce même code en ait fait autant. C'est alors que vous parvient le résumé de sa vie, son œuvre, et un avant goût en deux dimension de votre future compagne. La désillusion. Et commencent alors cinq douloureuses années de vie commune... Accomplir le devoir conjugal, faire un enfant, qui vous est enlevé dès la naissance, tout en sachant pertinemment que vous ne le reverrez plus jamais. A force, on en vient à ne plus les considérer comme des êtres humains. Un passager parmi tant d'autres. Et c'est à croire que nous sommes tous dans la même situation...


Mais pourtant, à chaque nouveau tirage, on se prend à espérer, à y croire à nouveau, à être persuadé que cette année, cela sera à notre tour d'être les grands chanceux, ceux qui partiront dans l'espace vivre sur la Lune, au bras de la fabuleuse pin-up au sourire ravageur, dont nous fait la promotion la télévision, pour y mener une existence peu contraignante, mais hautement rémunérée... C'est pourquoi je me retrouvai assis à coté d'elle, vielle harpie aux traits tirés, à observer par la fenêtre, immobile, guettant l'arrivée du facteur, qui ne passe qu'à cette occasion. Il nous fallut attendre deux heures pour qu'il daigne glisser avec son mépris souverain, propre à celui qui détient l'avenir de tous entre ses mains. Il est vrai que le métier de facteur est le plus convoité. Payé à attendre jusqu'à cette unique et ultime mission, dans un logement de fonction somptueux, dégagé de toute contrainte matérielle et amoureuse, le facteur est sans doute le plus chanceux de nous tous. A peine fut-il reparti que nous nous précipitions dans la boite aux lettres pour y arracher les tickets à gratter. Et c'est avec une palpitation fiévreuse et des mouvements frénétiques que nous avons regagné la masure pour y découvrir cérémonieusement nos nouvelles attributions.


Une fois posés sur la table du salon, nous n'osions plus les toucher, comme redoutant de se brûler au contact de ces bouts de papier. Nous interrogeant du regard pour savoir qui aurait le courage de découvrir ce que l'avenir lui réservait. Ce fut elle. Je vis ses yeux s'ébahir et son sourire s'agrandir lorsqu'elle découvrit son nouveau poste : elle allait passé les prochaines années comme cadre supérieur dans une entreprise très en vogue, offrant des produits de haute technologie aux particuliers assez riches et chanceux pour pouvoir se les offrir. Et je ressentis une très légère pointe de jalousie quand je découvris la photo de son futur compagnon. Elle avait été très vernie... J'espérais qu'il en serait de même pour moi. Je m'attablai donc devant mon ticket, et entrepris de le révéler, sous les yeux vaguement moqueurs de mon ex-compagne. Affecté au service d'entretien des égouts de la ville. Le verdict me fit l'effet d'une gifle : je venais d'être, si c'était encore possible, rétrogradé dans l'échelle sociale de la société. Les ouvriers d'entretien sont considérés comme un mal nécessaire par tous les autres particuliers, redoutant de se retrouver un jour à leur place, et les aspergeant d'insultes pendant qu'ils le pouvaient encore. C'est ainsi que dans la mort dans l'âme, je me rendis sur le site pour rentrer le numéro fatidique. Coup de chance cette fois, la personne avait déjà rempli les champs, et la photo fut bientôt chargée. Second coup de couteau... J'entendis vaguement la voix moqueuse me susurrer "Tu vois, il y a bien pire que moi... Amuse-toi bien, mon chéri... ". Puis la porte claqua, et je me retrouvai seul, mes valises prêtes, la mine défaite. Ma future compagne effectuait le même travail que moi, ce que signifiait que nous allions probablement loger sur place, dans une résidence minuscule, à proximité des déchets et des animaux redoutables qui peuplent les égouts... Je ne pouvais pas tomber plus bas, y eusse-je mis toute ma volonté. C'est pourquoi, le cœur léger, je me dirigeai vers la préfecture, avec la ferme intention d'y faire la demande d'un Banco-Stop, ticket vous autorisant, ou non, à mettre fin à votre existence, tant que vous ne salissiez pas les propriétés communes. Un formulaire à remplir, et je me retrouvais en possession de ma dernière chance. Fébrilement, les yeux fermés, je le révélai. Ouvris les yeux. "Perdant. Retentez votre chance d'ici six mois". Monde de merde.
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Re: une vie à gratter
Posté par beth le 08/06/2005 20:38:44
Il y a un je-ne-sais-quoi qui te manque.. L'originalité de style, peut être, mais naturelle (j'en demande beaucoup, oui). Le fond est assez intéressant, c'est assez fluide, malgré quelques accros -petites fautes d'orthographe, ou même de style, trop fabriqué pour être honnête, ici aussi, parfois, (hop, petit exemple dés la première ligne "L'aurore n'avait pas encore percé", ça, c'est plutôt moche, un peu gros, inutile et trop volonté-de-faire-joli, je trouve). Pourtant, même si je ne vois pas de gros défaut je n'arrive pas à être subjuguée ni impressionnée par cette enième peinture d'un monde "pas comme le notre mais finalement nous c'est un peu ça, quelle horreurrrr... ". Tu n'écris pas Mal, non, et le fond n'est pas Mauvais non plus, mais tu ne sors pas réellement du lot des "écrivains en herbe", cette forme ou ce fond extraordinaire qui mettrait tout le monde sur le cul. Menfin, c'n'est pas non plus désagréable : ) Encore un petit effort ?

Modifié le 08/06/2005 20:40:11
Re: une vie à gratter
Posté par thom le 29/05/2005 13:08:11
Cette nouvelle est tres interessante car elle est parfaitement en phase avec la realité d'aujourd'hui, celle qu'elle denonce au premier abord.
Biensur aujourd'hui nous n'avons pas de banco love ou de banco bac....mais finalement ce que nous vivons est tres proche...
les gouvernements hegemoniques et corrompu de cette planete ont decidé de soutirer le plus d'argent possible a nos semblables...ce qui provoque misere, desespoire et donc offre un terrain favorable a la revolte.
hors ces elites devoyées utilise des vieilles recettes afin de calmer les populations tout en ayant la possibilité de les piller. Les romains connaissaient la technique des jeux et du pain pour reduire la populasse a l'etat de somnolance et ainsi empecher toutes revoltes.
aujourd'hui les choses ont evolués...mais la technique reste finalement la meme...
le foot et le loto national remplacent allegrement le pain et les jeux d'antan.
aujourd'hui, il existe en occident assez de moyens et de protection pour que presque personne ne meure de faim...sauf biensur dans l'hemisphere sud.
L'oligarchie mondiale a donc du creer quelque chose qui paralyse la masse en l'empechant de se revolter...on a alors cree un espoir futile, lointain mais avec un appat tres allechant: les gros gain du loto!!...

statistiquement, on a une chance sur 13 millions de gagner le gros lot ...et des millions de gens jouent quelque fois ce qu'ils auraient besoin pour nourrir leur famille en esperant que le gros lot leur tombe tout cru dans la main...ces situation dramatiques perdurent sans qu'aucune revolte contre les ignobles crapules qui les organisent ne se produise. Car les gens ont sans cesse un exemple chaque semaine, de quelqu'un qui a gagné au loto et pour qui la vie a changé totalement...mais la vraie question ne serait elle pas: combien d'heureux gagnant pour combien de gens perdant, decu, reduit a la misere?!
ne vaudrait il pas mieux se revolter plutot que d'attendre que la chance sur 13 millions nous sourie?...
statistiquement, combien la revolte a telle de chance d'aboutir a un changement salutaire de la socieité plutot que d'attendre une chance infime de devenir riche...?!...pour une seule et unique personne?!
(cette technique organise la division de la societe ou il n'y a plus que le chacun pour soit...)
Le loto n'est autre qu'une entreprise de redistribution!...
l'argent ne vient que de ceux qui ont joué et qui est redistribué a quelques uns.

les gouvernants ne sont pas stupide et c'est pour cette raison que le loto est une societe d'etat!...les hommes politiques travaillent aux interets de l'oligarchie economique et se partagent le gateau en nous faisant miroiter des illusions...
Tant que l'illusion du loto seduira la grande partie de la couche moyenne/basse de notre societé, les elites corrompues et affairistes n'ont aucune raison de se faire du souci...et notre situation globale ne cessera de se degrader.

thom
Re: une vie à gratter
Posté par vlad le 27/05/2005 19:26:40
Non, désolé ;-) Mais j'ai encore une (des ? ) idée(s) de nouvelle(s), je la (les ?) publie(nt) dès qu elle(s) est (sont ?) finie(s) ;-) Navré pour toutes les () ;-)

Modifié le 27/05/2005 19:28:24
Re: Une vie à gratter
Posté par white-damon le 27/05/2005 14:55:16
tu es sur que tu ne veux pas gratter un tiket "banco-suite"? :p :p :p
Re: Une vie à gratter
Posté par vlad le 18/05/2005 20:23:23
Non, pas de suite, navré ^^ Une nouvelle reste une nouvelle, même courte, et se suffit à elle même...Du moins, c'est mon point de vue. :-)
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Publié le 17 mai 2005
Modifié le 16 mai 2005
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