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Vains espoirs

Rien n'a pu l'empêcher, ce soir là, d'appuyer sur la détente...


Je savais depuis longtemps, je connaissais l'immonde vérité, mais j'ai préféré fermer bêtement les yeux. Je savais le mal qui le rongeait, la douleur qui le transperçait, mais je n'ai pas voulu la voir. J'avais si honte de ne rien pouvoir pour lui, pauvre âme perdue, si honte de n'être qu'une aide inutile parmi tant d'autre. Si honte...

J'avais promis d'être toujours là pour lui, promis de l'aider et de le comprendre. Je lui ai fait tous les serments, toutes les promesses. J'avais juré au ciel de cueillir ses pleurs et ses fous rires, ses craintes et ses perpétuelles angoisses. Je lui ai répété, mois après mois, années après années, que je serais toujours là pour lui. Que je serais son épaule pour pleurer, son cou pour s'endormir, ses bras pour le bercer. J'avais promis tout ce que mon cœur me permettait de lui promettre, et bien plus encore. J'avais fait de moi sa chaleur, j'avais promis d'occuper ma vie à réchauffer ses rêves. J'avais promis...

Et l'épuisement m'a gagné, comme il gagne toujours l'esprit des faibles. Mes bras se sont lentement abaissés même si jusqu'à ce jour je n'avais jamais osé l'avouer. Mes yeux se sont fermés sur sa douleur, moi qui n'en pouvais plus de souffrir avec lui. Je répétais encore et encore que j'étais présente, pour lui, pour nous et pour toujours. Mais tout au fond de mon cœur, j'étais si épuisée. Si épuisée... J'ai faillis à mes serments, trompé mes promesses, quitter le monde merveilleux que j'avais tenté de nous bâtir. Je voulais dormir, encore et toujours, pour ne plus voir la douleur perpétuelle dans ses yeux, cette douleur qui est venu à bout de ma douce détermination. Je n'en pouvais plus et la lâcheté m'a fait prisonnière, comme elle fait toujours prisonnière le cœur des faibles.

Et je l'ai détesté. Je l'ai détesté pour cette souffrance qu'il m'infligeait, pour cette souffrance qui était le miroir de la mienne. Je l'ai détesté autant que j'ai pu l'aimer, malgré nos promesses et nos espoirs. Je les ai détestés, lui et sa douleur, lui et ses craintes, lui et son mal de vivre. Je lui en voulais tellement de nous empêcher d'être heureux, de nous empêcher de nous extasier sur ces printemps qui défilaient devant nous comme de lointains souvenirs. Je l'ai détesté de gruger tout ce qu'il me restait d'enfance, d'émerveillement. Je lui en ai voulu, du plus profond de mon cœur. Et cette haine prenait sa force dans l'amour que je lui portais. Jadis...

Cette haine, cet épuisement m'ont fait fermé les yeux sur ses pleurs. Sur ses appels silencieux. Sur ces yeux suppliants. J'avais décidé de ne penser qu'à moi et de m'occuper de mon bonheur, même si je ne l'avouais jamais. Je lui en voulais, mais l'amour que j'avais pour lui m'empêchait de partir. Pourtant, il l'a su. Il a su à quel point je le rendais responsable de nos souffrances, de nos défaites. Il a compris dans mes yeux que je lui jetais tout le blâme, comme on jette la peine sur un prisonnier. Je n'ai rien dit, mais il me connaissait si bien qu'il a compris cette démence qui m'habitait, cette hargne qui me rongeait. Il a su que je ne le voyais plus que comme celui qui m'avait entraîner dans sa longue et douloureuse chute. Il a su...

Je lui avais fait tous les serments, toutes les promesses. Je lui avais juré amour et appui. Il m'avait confié ses rêves, je lui avais confier les miens. Mais il a su que je le détestais à travers tout cet amour, que je le détestais pour cette vie de bonheur qu'il nous refusait. Il a su que je les détestait, lui et ses démons qui se faisaient une lutte acharnée et dont j'étais l'unique spectatrice. Je lui avais fait toutes les promesses. Mais l'amour n'a pas suffit.

Il est mort aujourd'hui, lui qui n'en pouvait plus. Il est mort aujourd'hui, persuadé d'être responsable de toutes mes souffrances. Il ne reste plus de lui que quelques photos vieillies, une pierre anonyme dans un grand cimetière, des souvenirs rangés dans une boîte. Il ne reste plus de lui aujourd'hui que l'écho de ses pleurs, que le paysage sombre et humide qui me renvoi sans cesse son regard d'amour et de reproche. Il ne reste plus de lui aujourd'hui que les souvenirs passés, de vagues regrets, une souffrance si déchirante, quelques espoirs, peut être...

Puisque malgré toutes les promesses, tous les serments, malgré tout... rien n'a pu l'empêcher, ce soir là, d'appuyer sur la détente.
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Re: Vains espoirs
Posté par lady.m le 20/08/2004 07:50:51
tout simplement bouleversant...
Re: Vains espoirs
Posté par elfyne aux yeux de pluie le 20/08/2004 07:50:51
j'aime bien ton texte ! j'en ai pleuré paske cette histoire enfin c'est très long et un peu différent mais c'est une histoire que j'ai vécu et j'en ai pleuré en lisant ton texte ! juste merci d'avoir mis quelques mots sur ce que j'ai pu ressentir voilà vraiment bravo paske que t'es vraiment douée ! je vote exellent ! bizouilles et bonne continuation
Re: Vains espoirs
Posté par klaha le 20/08/2004 07:50:51
magnifique.
cela me fait bizarre de voir(de lire) l'autre coté du miroir, car moi dans ce texte je serai celui qui mets fin à ses jours, en faisant souffrir l'autre qu'il chéri tant...
Re: Vains espoirs
Posté par neela le 20/08/2004 07:50:51
cest reversant comme ce texte est empreint d'une vérité si humaine... je suis d'avis comme les autres que tu aurais du succès comme écrivaine. Je me surprends toujours de voir que tant de douleur peut habiter quelqu'un et l'engloutir.
chapeau encore.
Re: Vains espoirs
Posté par missanne le 20/08/2004 07:50:51
tes mots m ont profondément touché.......tres beau texte!!!!
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Publié le 22 juin 2003
Modifié le 22 juin 2003
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