Après l'excellent Sixième Sens, le nouveau film de M. Night Shyamalan, avec Bruce Willis et Samuel L. Jackson, est-il à la hauteur de nos attentes ?
Réalisation : M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan
Avec : Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Robin Wright Penn, Spencer Treat Clark
Au cours de sa déjà longue et brillante carrière, Bruce Willis a souvent sauvé le monde. On l'a vu décimer à lui seul une armée de vilains terroristes (Piège de Cristal, 58 minutes pour vivre, Une journée en enfer), détruire avec quelques potes une féroce météorite (Armaggeddon), neutraliser le Mal Absolu (Le Cinquième élément). C'est sûr, Bruce Willis est un héros.
Aujourd'hui, grâce au talentueux M. Night Shyamalan qu'on ne présente plus depuis le carton de Sixième Sens, Bruce Willis n'est plus seulement un héros, il rejoint carrément Superman et les X-Men dans le club très privé des super-héros. Pourtant, Incassable, à l'opposé des films qui ont d'abord fait le succès de l'acteur, n'est pas du tout un film d'action à gros budget avec plein de cascades, de voitures qui pètent et d'effets spéciaux. Incassable, tout comme son grand frère Sixième Sens, est un film fantastique sobre et cérébral.
Bruce y incarne David Dunn, un type un peu paumé malheureux en mariage et père d'un gosse, qui bosse comme vigile. Un type comme vous et moi, quoi. (Enfin non, pas comme moi, vu qu'avec ma carrure d'allumette je risque pas d'être vigile.) À ceci prêt que, lorsqu'il se trouve en plein milieu d'un grave accident de train, il en est l'unique survivant avec pas le moindre bobo. Bref, David Dunn est incassable.
Face à Bruce, Samuel L. Jackson incarne Elijah Price, collectionneur fou de comics qui souffre d'un maladie des os et passe son temps à se les casser. Et Elijah il est persuadé que David Dunn est une sorte de Superman, le slip rouge et les collants en moins.
Inutile d'en dire plus : avec Shyamalan, moins on en sait mieux ça vaut. Une seule question : Incassable est-il à la hauteur de Sixième Sens ? Bah oui. La mise en scène, tout en finesse, est toujours excellente et entoure le film d'une atmosphère mystérieuse. Bruce Willis, décidément pas seulement doué pour la baston, est impeccable, et Samuel L. Jackson n'est pas en reste, dans son rôle d'"homme de verre" à l'opposé de Shaft. Spencer Treat Clark, le petit gamin, sans impressionner autant que Haley Joel Osment, se débrouille très bien. Le scénario est drôlement bien tricoté, et qu'importe si la pirouette finale n'est pas tout à fait aussi bluffante que dans Sixième Sens : Shyamalan parvient à donner à ses personnages une dimension mystique qui assure l'efficacité du fascinant dénouement. Certains reprocheront au tout d'être manichéen, mais il faut garder à l'esprit qu'Incassable manie des symboles, par nature manichéens.
Pour finir, un petit détail exaspérant pour les fans fous de bande dessinée comme moi (les autres vont dire que je me prend la gueule pour n'importe quoi) : dans les sous-titres français, le terme "comics" est systématiquement traduit par "BD", or en France on appelle "BD" la bande dessinée franco-belge, alors que pour la bande dessinée américaine on conserve le terme "comics". Comme l'esprit des comics est totalement différent de celui de la bande dessinée franco-belge, ça n'a aucun sens de parler de "BD" dans le contexte d'Incassable (et en plus, ça rend le texte introductif, qui parle des collectionneurs de comics, complètement fantaisiste).
Mais inutile de s'attarder sur ce détail : si vous avez aimé Sixième Sens et que vous n'êtes pas allergique aux comics, foncez... |
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